
De l'Education nationale à la SNCF, tour d'horizon des motivations et des conséquences attendues de la journée d'action du 22 mars.
La journée du 22 mars est avant tout celle des fonctionnaires. L’appel à leur mobilisation a été lancé le 6 février par sept syndicats : FO, la CGT, la FSU, Solidaires, la CFTC, la CGE-CGC et la FA-FP (Fédération autonome de la fonction publique). La CFDT n’a pas souhaité s’y joindre et s’en est expliquée dans un texte.
Le point de départ de cette journée d’action est l’annonce par le gouvernement, le 1er février, d’un plan de départs volontaires dans la fonction publique. Son objectif : supprimer 120 000 postes d’ici la fin du quinquennat, dont 50 000 pour l’Etat. Tout en «assouplissant» le statut des fonctionnaires, notamment en recourant de manière nettement plus importante aux contractuels.
A lire aussiFonctionnaires: Philippe cherche des volontaires au départ
Au-delà du contenu de ce programme, la CGT-fonction publique déplore dans un tract que «les organisations syndicales n’avaient même pas eu en amont le début du commencement d’une information». Et ce, alors que les résultats des travaux du Comité action publique 2022 (CAP 2022), censé«redonner du sens, de la cohérence et de la lisibilité à l’action publique» en consultant les syndicats, ne sont pas attendus avant avril.
La contestation de ce plan gouvernemental vient donc enrichir les revendications qui avaient déjà été portées lors d’une journée de mobilisation en octobre 2017 en défense du pouvoir d’achat des fonctionnaires : le dégel de la valeur du point d’indice, la titularisation des contractuels, l’abrogation du jour de carence…
A lire aussiFonctionnaires : les sacrifiés du début de quinquennat
Voilà pour ce qui réunira les grévistes de la fonction publique dans la rue. Mais selon les secteurs, les revendications pourront être plus spécifiques :
Dans l’éducation
Pour les profs, ce jeudi sera aussi l’occasion de réclamer qu’il n’y ait pas plus de 25 élèves par classe, et pas plus de 20 en éducation prioritaire. Le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, demande aussi la «revalorisation des métiers et des qualifications», en faisant valoir qu'«après quinze ans d’exercice, les enseignants du primaire en France sont payés 22% de moins en moyenne que leurs homologues exerçant dans les autres pays de l’OCDE et 37% de moins que la moyenne dans les onze pays comparables ayant un meilleur système éducatif». Du côté de SUD-Education, on relève que les postes aux prochains concours d’enseignant-e-s sont en baisse de 20% dans le second degré et de 10% dans le premier degré».
Le Snuipp-FSU s’attend à un professeur sur quatre en grève dans les écoles maternelles et primaires, avec de fortes disparités d’un endroit à l’autre (par exemple 20% de grévistes prévus en Dordogne et plus de 50% à Paris et en Seine-Saint-Denis). Plus de 10% des écoles seront fermées dans les Alpes-de-Haute-Provence, à Paris ou encore en Seine-Maritime, selon le syndicat. Dans les collèges et lycées, les professeurs ne sont pas tenus de se déclarer à l’avance.
Dans la santé
Les hôpitaux publics restant sommés d’économiser l’équivalent de 22 000 postes sur la période 2015-2017 et qui devant réaliser 1,6 milliard d’euros d’économies en 2018, des infirmiers, aides-soignants mais aussi agents administratifs défileront pour dénoncer le «malaise» qui les frappe. Depuis quelques mois, leur parole se libère.
A lire aussi Malaise à l’hôpital : la parole se libère de manière virale
Dans le contrôle aérien
Outre la défense de la fonction publique, l’USAC-CGT, premier syndicat de l’aviation civile et deuxième parmi les contrôleurs aériens, a déposé un préavis de grève spécifique concernant les effectifs à la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Il évoque un trafic aérien en hausse de 10% et une baisse d’effectifs du même ordre. Selon la DGAC, 30% des vols au départ et à l’arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais seront annulés.
Dans les maisons de retraite
Après deux grèves dans ce secteur, le 30 janvier et le 15 mars, des syndicats (FO et la CGT notamment) appellent les personnels à une troisième mobilisation pour réclamer davantage de moyens humains. Mais l’intersyndicale à l’origine des deux dernières grèves préfère garder un mouvement dédié et discuter d’une journée d’actions à une date ultérieure, selon la CFDT.
A lire aussi Ehpad : des aide-soignants essorés et esseulés
Dans les autres services publics
Parmi les services publics qui seront ou pourront être perturbés, figurent aussi ceux relevant des compétences des communes ou des départements, comme les crèches, les bibliothèques. Les inspecteurs du permis de conduire seront aussi mobilisés, selon FO, et des magistrats à l’appel du Syndicat de la magistrature. A France Télévisions, la CGT appelle aussi à la grève.
Outre la fonction publique, d’autres salariés sont appelés à se mobiliser, au premier rang desquels les cheminots.
A la SNCF
Les syndicats représentatifs (CGT, Unsa, SUD, CFDT) de la SNCF organisent une «manifestation nationale» à Paris, avec «plus de 25 000» personnes attendues. Ils seront rejoints par la CGT-énergie au départ de la gare de l’Est et retrouveront, à Bastille, le cortège de fonctionnaires qui partira de Bercy. La contestation porte sur le projet gouvernemental annoncé fin février : une réforme par ordonnances qui prévoit la transformation de la SNCF en société anonyme, l’abandon du statut de cheminots à l’embauche, des menaces de fermeture de lignes secondaires… Mais il s’agit aussi, fait valoir la CGT-cheminots, de demander l’ouverture de négociations sur l’ampleur de la dette, sur l’ouverture à la concurrence, sur la relance du fret… Cette journée doit préfigurer la grève censée débuter le 3 avril en «deux jours sur cinq».
A lire aussi De Lille à Marseille, les cheminots prêts à «aller à l’affrontement»
Selon le PDG de la SNCF Guillaume Pepy, 40% des TGV circuleront, ainsi que 25% des Intercités, 50% des TER et 30% des trains en Ile-de-France. Les premiers effets de la grève devraient se faire sentir dès 19 heures mercredi, et la circulation des trains sera perturbée jusqu’à 8 heures vendredi matin. Les usagers peuvent s’informer sur les perturbations annoncées sur cette page du site de la SNCF.
A la RATP
Trois syndicats (CGT, Unsa et SUD) appellent à la grève. Outre la solidarité avec les cheminots, il y a des motifs spécifiques : la crainte d’une privatisation future, des problèmes d’effectifs… La direction prévoit peu de perturbations : circulation quasi normale des métros, bus et trams, et trois trains sur quatre pour les RER A et B.
Chez Air France
Une nouvelle grève pour les salaires, après celle du 22 février, est prévue vendredi (le 23 mars) à l’initiative de onze syndicats, tous métiers confondus. Ses conséquences ne sont pas encore connues par la compagnie. Elle est en revanche en mesure d’affirmer qu’en raison de la grève des contrôleurs aériens, elle assurera jeudi : 100% des vols long-courriers, 75% des vols moyen-courriers de et vers Paris-Charles-de-Gaulle, et 60% des vols court-courriers, Paris-Orly et province.Plus d’informations sur cette page.
La fédération CGT des services publics a publié une carte répertoriant les quelque 140 manifestations attendues ce jeudi.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Fonctionnaires, cheminots... qui sera en grève ce jeudi et pourquoi ?"
Post a Comment