
Deux jours d'arrêt de travail tous les cinq jours, du 3 avril au 28 juin : la « méga grève » annoncée jeudi soir par les syndicats de la SNCF pour faire barrage à la réforme du gouvernement a de quoi donner des sueurs froides aux clients du groupe public. D'autant que les perturbations ne devraient pas se limiter aux dates communiquées (3 et 4 avril, 8 et 9 avril, etc.). « Après deux jours de grève, la production est désorganisée et la reprise du trafic et toujours difficile, relève un cheminot. Il faut donc prévoir également des difficultés le 5 avril au matin, le 10 avril... »
Par ailleurs, lors des précédents conflits de 2014 et 2016, les cadres s'étaient employés à limiter l'impact de la grève, en suppléant, pour ceux qui disposent de l'habilitation requise, les conducteurs ou les contrôleurs grévistes (un TGV ne peut circuler sans contrôleur à bord).
La colère de l'encadrement intermédiaire
Cette fois, le sentiment d'avoir été décrit par l'exécutif et certains médias comme privilégiés a provoqué la colère de l'encadrement intermédiaire et d'une bonne partie des managers. Et s'ils n'iront pas forcément jusqu'à faire grève, ils ne semblent pas prêts à se mobiliser pour limiter les dégâts. « C'est une vraie interrogation », concède un responsable en interne.
Alors, à la SNCF comme chez les opérateurs de covoiturage, de cars Macron, ou encore dans les compagnies aériennes, on se prépare d'ores et déjà à muscler les offres alternatives au train les jours de grève. De ce point de vue, la tactique de grève perlée choisie par les syndicats recèle une faiblesse : elle indique très en amont à quelles dates les possibilités de « plan B » doivent être renforcées.
Un accélérateur pour le covoiturage courte distance
En Île-de-France, la présidente de région Valérie Pécresse a d'ores et déjà annoncé que le covoiturage domicile-travail serait gratuit les jours de grève, dans le cadre d'un partenariat passé avec huit plates-formes. iDvroom, la filiale dédiée de la SNCF, va aller plus loin : « Tous les passagers utilisant notre service seront remboursés sur toute la France et durant les trois mois, pas seulement les jours de grève », annonce aux « Echos » la directrice générale, Frédérique Ville.
Pour cette société comme pour ses concurrents, la grève est une occasion d'engranger de nouveaux membres, ainsi qu'une opportunité historique de faire enfin décoller le covoiturage courte distance. BlaBlaCar, de son côté, devrait enregistrer un afflux de demandes.
Veillée d'armes du côté des cars Macron
Même mobilisation du côté des cars Macron . Ouibus, filiale de la SNCF, a mis en place une équipe projet pour suivre l'augmentation de la demande et projette des « doublages » (l'ajout d'un second autocar) partout où cela sera nécessaire.
Son concurrent Flixbus dit avoir enregistré sur son site depuis plusieurs semaines une hausse des visites afin de prendre des renseignements. « Et nous sentons déjà une hausse des ventes sur certains jours de grève annoncés, alors que nos clients se décident d'habitude très tardivement », indique-t-on chez la jeune pousse. Celle-ci pose déjà des jalons pour augmenter ses capacités dans les semaines à venir.
Tout comme Isilines, le troisième acteur du secteur, se prépare à passer en mode « haute saison » : « Comme nous le faisons l'été, Si les cars se remplissent vite, nous allons doubler ou tripler le nombre de cars sur les horaires existants. Et nous ne nous interdisons pas, en cas de forte demande, de créer des lignes éphémères ».
Des cars plus nombreux et des voitures mieux remplies ne suffiront toutefois pas à remplacer des RER ou des TGV. La SNCF compte donc mettre le paquet sur l'information-voyageurs : elle promet de donner chaque veille de grève sur son application, dès 17 heures, des informations « précises et fiables » sur les trains qui circuleront ou non, afin que chacun puisse ensuite s'organiser. Sa capacité à tenir cet engagement sera déterminante pour contenir la colère des usagers.
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