Un ennui de plus pour le projet EuropaCity. Après le nouveau métro qui arrivera en retard, voilà le cadre juridique qui se dérobe. L’arrêté de création de la zone d’aménagement concerté (ZAC) du triangle de Gonesse, pris par le préfet, a été annulé ce mardi par le tribunal administratif. En cause : une estimation insuffisamment précise des émissions carbone de ces 280 hectares de terre agricoles une fois urbanisées et surtout, colonisées par 31 millions de visiteurs.

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Est-ce grave pour le groupe Auchan, à l’origine du projet ? Pour l’aménageur public qui possède le foncier, l’épisode n’est pas surprenant. «Nous sommes dans le temps des procédures et elles sont très souvent attaquées», remarque Thierry Lajoie, président du conseil d’administration de Grand Paris Aménagement. L’Etat va-t-il faire appel ? «C’est notre recommandation, même si ce n’est pas suspensif.» Mais c’est d’autant plus probable que dans cette zone, EuropaCity n’est pas le seul projet prévu.

40 millions d’euros engloutis depuis 2006

Du côté d’EuropaCity, on ne veut pas non plus voir une catastrophe dans l’épisode. Et cela, parce que la grosse tuile est déjà tombée sur la tête des tenants du projet le 23 février, quand le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le nouveau calendrier de réalisation du réseau de métro Grand Paris Express. Fini la ligne 17 pour 2024. La voilà reportée à 2027 pour une première partie et à 2030 pour le tronçon qui reliera le nouvel équipement à l’aéroport de Roissy. Pour un projet qui doit booster le tourisme, ce retard n’est pas un détail. Dans ce calendrier revu, «la question du temps des procédures administratives est moins prégnante», dit David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity. Il veut croire que ce délai permettra «d’améliorer» la copie de l’Etat.

Au-delà de cette difficulté de parcours, le projet EuropaCity a-t-il un avenir ? «La volonté de nos actionnaires est de mener ce projet à bien», affirme David Lebon. Le partenaire chinois Wanda, énorme groupe spécialisé dans les loisirs et le divertissement, est toujours présent dans la moitié du capital. Mais au sein de la famille Mulliez, fondateurs d’Auchan qui ont fait toute leur fortune sur des modèles de commerce assez conventionnels, ce projet qui a déjà englouti 40 millions d’euros depuis 2006 fait-il l’unanimité ? Cet ovni, qui est à la fois un centre commercial, un parc d’attractions, un lieu de vacances, un parc aquatique, une ferme pédagogique et on en passe, peut-il réussir ? «Les quinze plus grandes entreprises actuelles ont aujourd’hui un business model qu’elles n’avaient pas au départ», remarque un familier du dossier. Mais elles ont commencé dans un garage…

Sibylle Vincendon