
PARIS (Reuters) - Les cheminots et les usagers de la SNCF s'apprêtent à vivre les deux premières journées d'une grève probablement massive, qui donneront une idée du rapport de force dans la bataille entre syndicats et gouvernement sur la réforme du système ferroviaire.
La mobilisation de mardi et mercredi doit marquer le coup d'envoi d'une grève intermittente censée s'étaler sur près de trois mois, à raison de deux jours par tranche de cinq, selon le calendrier des organisations représentatives, CGT en tête.
Mais, dans les faits, les premiers trains seront supprimés à partir de lundi à 19h00 (17h00 GMT) et l'activité ne devrait reprendre que jeudi à 08h00 (06h00 GMT).
Selon le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, le mouvement promet d'être "très suivi" et les voyageurs doivent en conséquence s'attendre à de fortes perturbations sur le réseau.
"Cette grève sera très pénalisante pour nos clients", a-t-il dit dans une interview au Journal du dimanche (JDD). "Elle a été pensée pour avoir un maximum d'impact sur le trafic (...). Ses modalités vont créer beaucoup de difficultés."
Faute d'aiguilleurs, certaines lignes pourraient être temporairement fermées, a-t-il précisé.
L'exécutif, qui négocie là un tournant symbolique du quinquennat, a commencé à roder ses arguments contre une mobilisation incompréhensible à ses yeux.
"GALÈRE"
"Personne ne peut comprendre que les Français se retrouvent pénalisés par une grève longue", a déploré la ministre des Transports, Elisabeth Borne, dans une interview au Parisien Dimanche. "Les Français n'ont pas envie de subir trois mois de galère que rien ne justifie."
Le mouvement est d'autant plus malvenu, selon Elisabeth Borne, que les concertations entamées au début du mois de mars sont censées se poursuivre jusqu'à la fin avril.
La ministre des Transports a dévoilé vendredi dernier les premiers résultats de ce processus en précisant les modalités et le calendrier de l'ouverture à la concurrence, un point sensible de la réforme gouvernementale.
La mise en concurrence des marchés, prévue par les textes européens, se fera progressivement et les salariés qui passeront d'un opérateur à l'autre conserveront certains droits, a insisté Elisabeth Borne, sans désamorcer le conflit.
"Les annonces ne sont pas de nature à lever un grand nombre d'inquiétudes concernant les incidences sur les cheminots", a réagi vendredi Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT-cheminots, devant des journalistes.
Car, au-delà de la question de la concurrence, les positions des deux parties sont difficilement conciliables, en particulier concernant le statut des cheminots que veulent préserver les quatre organisations représentatives.
Décidé à supprimer ce statut protecteur pour les futures recrues, le gouvernement se dit prêt à discuter des modalités mais pas du principe de l'extinction.
La bataille du rail se jouera aussi dans l'opinion. Selon un sondage Ifop publié dans le JDD, seuls 46% des personnes interrogées jugent le mouvement justifié mais cette proportion a augmenté graduellement depuis la mi-mars - 42% des sondés partageaient alors cet avis.
(Simon Carraud, édité par Tangi Salaün)
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