La journée de ce mardi s'annonce noire sur les rails, avec un trafic des trains très perturbé dans toutes les régions : un TGV sur huit et un TER sur cinq en moyenne. Le mouvement de grève intermittent qui commence à la SNCF s'annonce très suivi, et pourrait durer jusqu'à fin juin. Mais pourquoi les syndicats font-ils grève ?
Suppression de l'embauche au statut de cheminot, ouverture à la concurrence ou encore transformation de la SNCF en société anonyme, prémices d'une future privatisation pour les syndicats, sont de véritables épouvantails à leurs yeux.
Le statut des cheminots au cœur des crispations
C'est sur le statut des cheminots que les syndicats sont les plus remontés : les quatre organisations représentatives veulent le conserver pour toutes les embauches à venir. Décidé à le supprimer pour les futures recrues, le gouvernement, lui, se dit prêt à discuter des modalités, mais pas du principe.
Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa-Cheminots, a dénoncé lundi sur franceinfo la remise en cause de l'engagement signé le 13 juin 2014 avec le gouvernement de François Hollande, qui prévoyait que "le recrutement au statut se poursuivrai". Pour lui, "quatre ans après cet engagement est déjà remis en cause."
La crainte de la privatisation
Le projet de réforme "vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique" et "ne réglera pas le sujet de la dette, ni celui des dysfonctionnements", affirment les syndicats dans leur préavis. Ils craignent que la transformation de la SNCF en société anonyme et l'ouverture à la concurrence ne débouche sur une privatisation. Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, Gérald Darmanin dimanche, le ministre de l'Action et des Comptes publics, a à nouveau assuré qu'il n'y avait "aucun projet ni ouvert, ni caché de privatisation" de la SNCF.
Le gouvernement garantit une ouverture très progressive à la concurrence...
Vendredi, la ministre des Transports Elisabeth Borne a dévoilé un calendrier très progressif de l'ouverture à la concurrence du rail. D'après cet agenda, seules les régions et donc les TER seront concernées dans un premier temps, à l'exception de l'Ile-de-France. Elles pourront organiser des appels d'offres à partir de décembre 2019, mais aussi continuer d'attribuer directement des contrats à la SNCF jusque fin 2023, pour une durée maximale de dix ans. L'ouverture sera étendue aux TGV à partir de décembre 2020.
En région parisienne, Ile-de-France Mobilités aura le choix pour les nouvelles lignes créées entre 2019 et 2023. Les autres lignes, hors RER, pourront être progressivement ouvertes entre 2023 et 2033. Les RER entreront dans la concurrence encore plus tard, à partir de 2033 (lignes C, D et E) ou 2039 (A et B).
Mais les droits des cheminots ne sont pas assez protégés pour les syndicats
La ministre a également indiqué qu'une fois que la concurrence sera mise en place, les salariés qui passeront d'un opérateur à l'autre bénéficieront d'une "portabilité des droits", sans limite de durée. Ils conserveront ainsi leur niveau de rémunération, ainsi que le régime spécial de retraite et la garantie de l'emploi pour les employés ayant été embauchés au statut de cheminot. Les autres conditions relèveront des accords de branches. Mais "les annonces ne sont pas de nature à lever un grand nombre d'inquiétudes concernant les incidences sur les cheminots", a réagi vendredi Didier Aubert, le secrétaire général de la CFDT-cheminots.
Le gouvernement renonce aux ordonnances, sans calmer les syndicats
Fin février, le gouvernement avait annoncé la possibilité d'un recours aux ordonnances pour mener à bien la réforme, ce qui avait mis le feu aux poudres. Mais vendredi dernier, la ministre des transports Elisabeth Borne a tenté de rassurer les syndicats, en annonçant que le gouvernement renonçait aux ordonnances." On est en train de remplacer les ordonnances sur tout le sujet de l'ouverture à la concurrence par des dispositions législatives qui vont donc pouvoir être débattues à l'Assemblée nationale à partir de la semaine prochaine", avait-t-elle précisé.
Mais là encore, ces annonces n'ont pas entamé la volonté de faire grève des syndicats. "Les annonces qu'on a eues ne sont pas de nature à éviter la grève", avait déclaré Erik Meyer, porte-parole de SUD-Rail, en sortant d'une table ronde avec la ministre des Transports et les autres délégués syndicaux.
Les syndicats s'inquiètent pour la dette de la SNCF
Les syndicats estiment aussi que le projet de réforme "ne règlera pas le sujet de la dette (46,6 milliards d'euros fin 2017 pour SNCF Réseau, ndlr), ni celui des dysfonctionnements". L'intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT réclame une "autre réforme ferroviaire", sur la dette du groupe, mais aussi l'organisation de la production, la concurrence et les _"droits sociaux des cheminots"_.
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