
C'est une correction historique pour le titre Iliad. La maison mère de Free, l'opérateur créé par Xavier Niel, a vu s'envoler 1,5 milliard d'euros de capitalisation en quelques heures.
L'action, qui perdait plus de 16 % à 10 heures mardi, a retrouvé son niveau de 2013. Par rapport à son plus haut historique, il y a très exactement un an, elle a baissé de plus de 40 %.
Si les investisseurs prennent leurs jambes à leur cou, c'est que les résultats du premier trimestre confirment une crainte latente : l'essoufflement de Free, particulièrement dans l'accès à Internet fixe.
Pertes d'abonnés dans le fixe
Les différentes versions de la Freebox continuent de représenter 56 % des revenus du groupe - soit 672 millions d'euros au premier trimestre. Mais ils baissent, de 1,6 % sur un an. Car l'opérateur perd des clients. A petite dose, certes. 19.000 abonnés fixes ont quitté le navire Free ces trois derniers mois, sur plus de 6,5 millions. Mais la tendance n'est pas bonne.
D'autant que, pour contenir cette érosion, Free multiplie les offres promotionnelles, ce qui a un effet délétère sur le revenu moyen par abonné (ARPU). En trois mois, cet indicateur clef a perdu un euro. La facture moyenne des abonnés haut débit et très haut débit n'atteint plus désormais que 32,90 euros. En 2015, elle dépassait 35 euros.
Le mobile à la rescousse
Certes, le succès de l'activité mobile d'Iliad compense ce déclin. Free mobile continue de gagner des clients (130.000 en un mois) et ils sont de plus en plus nombreux à délaisser le fameux forfait à 2 euros qui a fait la renommée de l'opérateur pour passer sur celui, dopé en data, à 20 euros par mois.
La progression des revenus tirés du mobile (+3.9 % au premier trimestre) permet ainsi de sauver la face, en affichant une légère croissance globale (+0.8 %), à 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires au premier trimestre.
Offensive commerciale
Mais comme cela ne suffira pas à repartir de l'avant, l'opérateur a annoncé plusieurs changements à venir.
Le premier concerne ses offres. De nouvelles propositions commerciales dans le fixe doivent être dévoilées dans les prochains jours, et dans le mobile d'ici la fin du mois. Le défi de Free consiste à faire revenir des abonnés sans dégrader le revenu moyen.
Cela passera par une gestion proactive des risques de désabonnement et des promotions moins brutales que ses fréquentes offres sur le site Vente-privée (la box à 1,99 euro par mois pendant un an), et adressées à un public plus large, sans doute directement sur le site de l'opérateur, comme il l'a expérimenté en mars.
Pour accélérer la transition vers ses forfaits mobiles à 20 euros, Free pourrait mettre fin au dogme des deux forfaits (un à deux euros, un à 20 euros) qu'il maintient depuis son entrée sur le marché en 2012. En segmentant davantage, avec une offre intermédiaire, il éviterait des passages à la concurrence des petits budgets qui veulent quelques Go de données.
« Effet Wahou »
Iliad a également profité de l'occasion pour procéder à plusieurs changements au sein de son équipe de direction. Le plus notable étant que son ancien directeur financier, Thomas Reynaud , prend la direction générale. Tandis que Maxime Lombardini, son prédécesseur, devient président du conseil d'administration.
Ces annonces doivent permettre de faire patienter les investisseurs, en attendant les futurs relais de croissance. D'une part, Free doit dévoiler sa nouvelle Freebox d'ici quatre mois, près de huit ans après la génération précédente. Peu d'informations ont fuité sur ses attributs, mais Xavier Niel compte bien sur un nouvel « effet Wahou » pour relancer ses ventes.
Et côté mobile, le trublion des télécoms ne cache pas qu'il compte sur une récente décision de justice remettant en cause le subventionnement des téléphones pour gagner de nouvelles parts de marché.
L'Italie dans le viseur
A plus long terme, c'est surtout l 'international qui doit relancer la machine Iliad. Outre l'Irlande , où le groupe détient 31,6 % de l'opérateur Eir (et Xavier Niel 32.9 % supplémentaires via son holding NJJ), il doit se lancer dans le mobile en Italie d'ici le 21 juin, sur un marché assez concurrentiel mais où il se fait fort de ringardiser les trois acteurs historiques dont les offres compliquées se traduisent souvent par des surfacturations.
Dernière consolation pour les investisseurs échaudés par la dégringolade du titre, la rentabilité de Free devrait s'améliorer. Le passage progressif des abonnés fixe à la fibre optique notamment, permettra de juteuses économies sur les frais de dégroupage payés à Orange (9,30 euros par ligne et par mois).
Et dans le mobile, la fin de l'itinérance sur le réseau d'Orange et l'entrée en service de son réseau propre devrait avoir un effet similaire. Iliad vise une marge d'Ebitda de 40 % en 2020, contre 36 % en 2017. Plus que tout, Xavier Niel demande aux investisseurs de la patience.
https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0301678819489-free-face-aux-doutes-des-marches-2176003.phpBagikan Berita Ini
0 Response to "Free face aux doutes des marchés"
Post a Comment