Ils ont jusqu’au vendredi 4 mai, 18 heures. Les 46 771 salariés d’Air France, rassemblés en un collège unique, sont invités, depuis le 26 avril, à répondre</a> à une question : « Pour permettre</a> une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l’accord salarial proposé le 16 avril 2018 ? »
Pour emporter</a> l’adhésion des salariés, la direction de la compagnie a choisi de contourner</a> les syndicats en s’adressant directement aux personnels pour leur proposer</a> « des augmentations générales de salaire de 7 % sur quatre ans, s’ajoutant aux augmentations individuelles », de 2018 à 2021.
Jean-Marc Janaillac, le président d’Air France et PDG de la maison mère Air France-KLM, a mis son poste dans la balance en cas de vote négatif : si le oui l’emporte, il restera en fonctions mais avec l’obligation de faire</a> signer</a> aux syndicats un texte qu’ils rejettent. Si le non l’emporte, il démissionne… et le conflit risque de continuer</a>.
L’intersyndicale constante dans ses revendications
La proposition de la direction de la compagnie reste loin des revendications des grévistes, réunis au sein de l’intersyndicale. Les dix syndicats de tous métiers qui mènent la grève (FO, le SNPNC, la CGT, l’UNSA, le SPAF, le Syndicat national des pilotes de ligne [SNPL], Alter, SUD, la CFTC et le SNGAF) rejettent la proposition de la direction. Ils réclament 5,1 % d’augmentation générale dès 2018 pour rattraper</a> la perte de pouvoir</a> d’achat subie, selon eux, depuis la dernière augmentation générale il y a sept ans. Depuis le 22 février, l’intersyndicale est constante dans ses revendications.
Vincent Salles, cosecrétaire général de la CGT Air France, rappelle que cette consultation n’est pas un référendum : « Si le oui l’emporte, il n’aura aucune valeur juridique. » Il dénonce un coup politique de la part de la direction qui mène, selon lui, une « campagne de propagande massive » auprès des salariés pour chercher</a> à se relégitimiser.
François Hammant, président du syndicat Alter, qui représente le personnel navigant technique d’Air France, évoque une « distraction » organisée par la compagnie : « Plutôt que de négocier</a>, la direction propose cette consultation qui n’a pas de valeur légale. »
Christophe Malloggi, secrétaire général de FO chez Air France, estime que cette consultation est un moyen de contourner la revendication salariale et de passer</a> outre les syndicats : « Si le oui l’emporte, la direction proposera l’accord à signature, mais la contestation restera entière et le conflit ressurgira. »
« Que le oui ou le non l’emporte, le malaise social va perdurer</a>, confirme Stéphane Chausson, de l’UNSA-PNC. Cette consultation va surtout mettre</a> à mal le dialogue social qui est déjà compliqué, voire inexistant. » Pour le syndicaliste, si le dialogue social fonctionnait au sein de la compagnie, la direction aurait perçu le risque de conflit.
Christophe Campestre, le vice-président du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF), reprend : « La consultation – nulle et non avenue, qui contourne les organisations syndicales – est une manœuvre de la direction. » Le « chantage à la démission » de Jean-Marc Janaillac est « pathétique » : « Il n’est jamais venu discuter</a>, ce n’est pas digne d’un dialogue social moderne », relève-t-il.
Stéphane Chausson, de l’UNSA-PNC, estime que « la manœuvre [la démission du président], peut avoir</a> un certain écho, chez certains salariés ». Il ajoute que « pour sortir</a> du conflit, il faut proposer une autre négociation ». Il dénonce aussi les conditions dans lesquelles le vote s’opère, évoquant des managers faisant passer une tablette sur laquelle les salariés votent, au vu et au su de tous.
En contestant le résultat de la consultation, l’intersyndicale prend le risque de voir</a> la CFDT et la CFE-CGC, sur lesquelles la direction mise, demander</a> un référendum d’entreprise, comme les ordonnances Macron le permettent depuis le 1er mai.
Tentative de briser</a> le front syndical
Chez certains syndicalistes, on souligne ainsi les tentatives de la direction de briser le front syndical. Vincent Salles (CGT) estime que la direction cherche surtout à « casser la grève et joue sur les peurs » en mettant en avant l’avenir d’Air France. « Ce que veut la direction, c’est briser l’intersyndicale, l’élan venu des personnels au sol », confirme Grégoire Aplincourt, le président du SPAF.
En parallèle du conflit avec l’intersyndicale, la direction de la compagnie négocie depuis début avril avec les syndicats de pilotes sur des sujets propres à la profession : deux de leurs syndicats, le SPAF et SNPL, exigent en plus des augmentations pour tous, des revalorisations salariales supplémentaires propres aux conditions de travail des pilotes, égales à + 4,7 %.
Joël Le Jeannic, de SUD Air France, affirme que « les différents métiers ont besoin les uns des autres pour faire avancer</a> leur cause, ce qui est très nouveau, intéressant, alors que la direction mise sur la division ».
L’intersyndicale appelle à faire grève vendredi, date de clôture de la consultation salariale lancée par Jean-Marc Janaillac. Quel que soit le résultat de la consultation et pour maintenir</a> la pression, elle a programmé deux autres journées de grève consécutives les 7 et 8 mai.
Lire aussi : Un référendum, pour faire quoi ?
Air France-KLM a annoncé vendredi une perte nette de 269 millions au premier trimestre, creusée par trois jours de grève, et a confirmé que le mouvement social en cours coûterait au moins 300 millions d’euros au groupe en 2018, plus que les hausses salariales réclamées par l’intersyndicale, évaluées à 240 millions d’euros, sans compter</a> les 25 à 30 millions pour chacun des quatre jours de grève programmés en mai.
http://www.lemonde.fr/entreprises/article/2018/05/04/la-legitimite-contestee-de-la-consultation-salariale-organisee-par-la-direction-d-air-france_5294226_1656994.htmlBagikan Berita Ini
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