
La banque française Société Générale commence l'année avec des résultats sans éclat et sanctionnés en Bourse, malgré la promesse de rapidement solder deux litiges qui empoisonnent la banque depuis des années, ainsi que de profonds changements à sa direction. La banque voit son produit net - équivalent du chiffre d'affaires - reculer (-2,8% à 6,3 milliards d'euros) au premier trimestre. Certes, elle signe une nette hausse de son bénéfice net (+13,8% à 850 millions d'euros), mais en trompe-l'oeil.
A la Bourse de Paris, l'action du groupe en subissait le coup, cédant 6,33% à 42,06 euros vers 10H10, plombant un secteur bancaire secoué: sa grande rivale, BNP Paribas, qui a fait part d'une baisse de son bénéfice net, a également reculé mais dans une moindre mesure (jusqu'à -3%). "C'est un trimestre bizarre", au niveau notamment de l'environnement de marchés, a reconnu Frédéric Oudéa, directeur général du groupe, lors d'une conférence de presse.
Si le bénéfice net monte, c'est largement car Société Générale avait passé un an plus tôt une lourde charge associée au règlement d'un litige avec le fonds souverain libyen. Il avait coûté près d'un milliard d'euros à la banque à la suite de poursuites pour corruption sur des faits remontant à l'ère Kadhafi à la fin des années 2000. Ce contentieux, qui est encore instruit aux Etats-Unis au pénal et fait l'objet en France d'une enquête du parquet national financier, jette une nouvelle fois son ombre sur l'actualité de la banque ce trimestre, mais cette fois avec l'espoir de tourner la page.
Société Générale confirme ce qu'elle avait déjà évoqué en mars: elle devrait régler "dans les prochaines semaines" le dossier. Elle se dit aussi en mesure de solder le contentieux des manipulations du taux interbancaire Libor, également instruit aux Etats-Unis. La banque a réservé un milliard d'euros sur ces dossiers, mais ils ne plombent pas ses comptes puisqu'ils étaient déjà couverts par des provisions totales qui représentent plus du double.
L'affaire du Libor figure aussi, de manière indirecte, dans une autre actualité de la banque: l'annonce jeudi de gros changements à sa direction, dont le remplacement de son directeur général délégué en charge des marchés, Didier Valet. Il avait démissionné soudainement en début d'année, un départ lié, selon des sources proches du dossier, au règlement prochain de ce litige.
Oudéa renouvelé
La banque a mis fin jeudi à une période d'incertitude en annonçant le remplacement de M. Valet par Séverin Cabannes, autre directeur général délégué qui était en charge des questions de conformité et à qui succédera une spécialiste de ces sujets au sein de Société Générale, Diony Lebot. A cela s'ajoute le départ d'un pilier, le troisième directeur général délégué, Bernardo Sanchez-Incera, qui chapeautait la banque de détail. Il quitte le groupe et laisse ses responsabilités à Philippe Aymerich, actuel directeur de la filiale Crédit du Nord, pour les activités françaises, et le directeur financier Philippe Heim, pour l'international. Les directeurs généraux délégués seront donc quatre et non plus trois.
"On était confrontés à une situation inattendue" avec le départ de M. Valet, a reconnu M. Oudéa, soulignant que la banque avait privilégié un renouvellement de fond "plutôt que de se contenter de nommer un successeur". Elément de stabilité, le directeur général, à la tête du groupe depuis 10 ans, a quant à lui vu le conseil d'administration se prononcer pour son renouvellement jusqu'à 2023.
Les résultats eux-mêmes souffrent surtout d'un fort repli des recettes de la branche de marchés et de conseil. Elles pâtissent de l'affaiblissement du dollar, auxquelles elles sont très exposées, et d'une activité déprimée malgré les turbulences boursières du début d'année. "On a eu une situation un peu paradoxale", a reconnu M. Oudéa, évoquant des questions de "répartition des activités" face à "un contraste assez fort d'une géographie à l'autre et d'une activité à l'autre".
Parmi les éléments plus encourageants, la banque a considérablement réduit son coût du risque de l'ensemble de ses activités, c'est-à-dire les provisions pour faire face aux impayés: l'évolution est surtout sensible à l'international avec une amélioration de l'environnement dans des pays comme la Russie.
(avec AFP)
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