L'"exit tax" est clairement une taxe de riches. Mais c'est aussi un impôt assez virtuel et franchement idiot. Elle a été créée en 2011, sous Nicolas Sarkozy, pour dissuader les grands patrons d'aller s'installer à l'étranger pour payer moins d'impôts.
L'idée était simple. On était quelques années après la grande crise financière des subprimes (il faut se remettre dans le contexte). Cette taxe visait à imposer fortement les plus-values réalisées par un chef d'entreprise qui serait parti s'installer à l'étranger avant de vendre sa société et d'empocher les bénéfices.
En clair, vous avez créé une entreprise qui vaut 1 milliard. Vous partez à l'étranger dans un pays très compréhensif en matière fiscale. Vous revendez votre société 1,1 milliard. Et bien l'"exit tax" vous prenait à peu près 30% sur les 500 millions de plus-values.
Une taxe un peu inutile
Sauf que ça ne marche pas ! Cette taxe n'a jamais empêché un riche patron de s'en aller. En 2013, on avait dénombré 128 exilés fiscaux de ce type. L'an dernier, cette taxe a rapporté 70 millions au lieu des 200 millions espérés.
Soixante-dix millions sur 400 milliards de recettes brutes pour l'État ! Une goutte d'eau. Mais c'est une taxe symbolique qui peut décourager un entrepreneur de créer sa société en France, puisqu'on l’assigne à résidence et on le taxe lourdement s'il s'en va à l'étranger.
Enfin, c'est une taxe un peu inutile puisqu'elle disparait si le chef d'entreprise attend huit ans avant de vendre les parts de son entreprise.
Mauvais timing pour l'annonce ?
Emmanuel Macron a-t-il raison de supprimer cette taxe ? Sur le fond, le raisonnement est bon. L'interview de Forbes n'est d’ailleurs pas une surprise. Le candidat Macron l'avait annoncé dans son programme. Mais bon, le chef de l'État s'est présenté comme le "maître des horloges". Mais parfois, on peut s'interroger sur son sens du timing.
En pleine grève des cheminots et d'Air France, au moment des défilés du 1er Mai, alors que l'image de "président des riches et des élites" lui colle à la peau, expliquer dans une interview en anglais qu'il va supprimer un nouvel impôt payé par une petite poignée de riches semble totalement surréaliste et déconnecté des préoccupations des Français.
Est-ce qu'il fallait vraiment s'afficher à la "une" du très libéral Forbes sous le titre "Leader of the Free Markets" (en gros, le chef de file du libéralisme) ? Cela correspond sans doute à l'image qu'Emmanuel Macron a à l'étranger, et notamment aux États-Unis. Et on peut être fier de ça.
Mais ça peut aussi être le meilleur moyen d'aller à l'encontre du but qu'il recherche. En novembre dernier, Time Magazine avait choisi un titre qui reflète mieux la situation actuelle : "Emmanuel Macron, le prochain leader de l'Europe... Si toutefois il parvient à gouverner la France".
Bagikan Berita Ini
0 Response to "La suppression de "l'exit tax", un nouveau cadeau aux riches ?"
Post a Comment