
Les agriculteurs bloquent les raffineries et dépôts de carburant pour protester notamment contre l'importation d'huile de palme par Total pour sa raffinerie de la Mède. Il y a quinze jours, nous avions interrogé le PDG de Total à ce sujet.
Les agriculteurs se sont lancés dimanche dans un mouvement de blocage des raffineries et dépôts de carburant. Ce mouvement, initié par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, s'oppose à l'importation de produits agricoles ne respectant pas, selon eux, les normes françaises et européennes, dont de l'huile de palme destinée à être utilisée par Total dans sa raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône). Nous avions interrogé le PDG de Total Patrick Pouyanné, à ce sujet lors de Movin’On, le salon de la mobilité durable, mercredi 30 mai, à Montréal.
Votre projet de biodiesel, à base notamment d’huile de palme, dans votre raffinerie de la Mède (Bouches-du-Rhône), fait polémique. Les importations en France de cette huile contestée, responsable de déforestation, pourraient exploser. ONG et élus vous demandent d’y renoncer. Le projet va évoluer ?
Il évolue tous les matins ! Il a surtout vocation à être rentable. Je me suis engagé auprès du gouvernement à ce que les huiles de palme fassent moins de 50 % de l’approvisionnement de cette usine (300 000 tonnes maximum N.D.L.R), c’est moins que ce qui était prévu au départ (550 000 tonnes). On va aussi prendre 50 000 tonnes de colza français. L’outil que l’on a construit nous permet de prendre à peu près tout ce qui est possible. L’ambition est de développer au maximum l’économie circulaire.
Alors pourquoi ne pas éliminer totalement l’huile de palme ?
Parce que c’est le composant le moins cher et que nous avons des concurrents ! En Europe, on importe du biodiesel d’Argentine avec du soja argentin, par exemple. Si on renonce à l’huile de palme, l’usine sera en perte. Vous savez, on est le seul pays au monde à avoir cette hystérie contre l’huile de palme. Il faudrait prendre le sujet avec un peu de recul. Combien de personnes vivent grâce à l’huile de palme en Indonésie et en Malaisie ?Certes, notre projet n’est pas parfait et tant qu’on mettra de l’huile de palme nous serons critiqués, mais nous sommes rentrés dans un dialogue que je trouve positif. Et ce projet continuera à évoluer. Notamment en récupérant des huiles usagées ou des graisses animales en plus grand nombre. Il y a aussi 250 emplois à la clé.
Les biocarburants restent donc une solution d’avenir ?
Nous avons toujours considéré que les biocarburants n’étaient pas le meilleur moyen d’abattre le CO2… Seulement, ce n’est pas nous qui faisons les règles. Or, des réglementations prévoient que l’on mette un certain pourcentage de biocarburants dans les carburants pétroliers. Donc, on doit le faire. Et on essaie de le faire le plus intelligemment possible. C’est vrai ailleurs : Trump vient d’augmenter la part d’éthanol dans l’essence, par exemple.
Vous n’avez pas l’air convaincu…
Je pense que les gouvernements n’ont pas à décider des solutions technologiques. Et je trouve, qu’en ce moment, ils en font un peu trop à notre place. Ce qu’ils doivent faire, c’est fixer des limites d’émission, à nous de choisir l’innovation, la solution technologique. Là dessus, je partage complètement l’avis de Carlos Tavares (patron de PSA). D’ailleurs, sur les biocarburants, on est en train de faire marche arrière alors que des industriels ont investi dans des outils. Ce n’est pas possible de faire des choses pareilles. Ou alors on envoie la facture aux États.
Lire l'intégralité de l'interview réalisée le 30 mai.
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