Search

Emissions toxiques : Sanofi a trois mois pour se mettre aux normes

Le gouvernement prévient que toutes les conditions en matière d'émissions et d'absence de risques pour les salariés et les riverains devront être réunies pour que l'État autorise une reprise de l'activité sur le site de Mourenx mis à l'arrêt lundi soir.

Sanofi a annoncé lundi soir l'arrêt immédiat de la production de son usine chimique de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), devant le tollé suscité par des informations, relayée dès dimanche soir par la presse, sur ses émissions hors norme de rejets toxiques. «Sanofi Chimie décide d'engager dès aujourd'hui l'arrêt de la production de son site de Mourenx, et d'opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale», a déclaré le groupe pharmaceutique dans un bref communiqué, précisant avoir diligenté une enquête interne «pour mieux comprendre les causes et l'historique de la situation».

L'usine d'une cinquantaine de salariés, installée dans le bassin industriel de Lacq, est au cœur d'une grosse polémique environnementale depuis dimanche. France Nature Environnement (FNE), une des plus grosses associations écologiques de France dénonce des rejets de «matières dangereuses à des taux astronomiques» sur le site où est produit l'antiépileptique Dépakine, déjà au cœur d'un scandale sanitaire. L'usine, située dans le bassin industriel de Lacq, a l'autorisation d'émettre «cinq composés organiques volatils (bromopropane, toluène, isopropanol, valéonitrile et propène) dans l'air dans la limite globale de 110 mg/m3», détaille FNE dans un communiqué. «Il en émet en réalité 770.000 mg/m3, soit 7 000 fois plus que la norme autorisée».

» LIRE AUSSI - Dépakine: 4 à 5 fois plus de cas de troubles neuro-développementaux chez les enfants

La situation serait encore plus grave dans le cas du bromopropane, qui entre dans la composition du valproate de sodium, la base de la Dépakine, avec des contrôles ponctuels ayant révélé des dépassements «de 90.000 fois et 190.000 fois la norme», selon la FNE. Ce médicament contre l'épilepsie a récemment  été interdit aux femmes en âge de procréer ou enceintes. Il est mis en cause dans de nombreux cas de troubles du développement chez le fœtus. L'Assurance maladie et l'Agence du médicament (ANSM)  estime que ce médicament pourrait être responsable de malformations chez 2.150 à 4.100 enfants, et de troubles neuro-développementaux chez 16.600 à 30.400 autres qui y ont été exposés dans le ventre de leur mère ces cinquante dernières années.

Le bromopropane est classé comme cancérigène mutagène avec des effets susceptibles d'altérer la fécondité. Parfaitement inodore, il peut aussi irriter les voies respiratoires et la peau. FNE, qui fédère 3.500 associations de protection de l'environnement, et l'association locale Sepanso 64 demandaient «l'arrêt immédiat des pollutions, quitte à envisager la fermeture administrative du site», et annonçaient leur intention de porter plainte prochainement.

Des «quantités astronomiques de polluants dans l'air»

«Sanofi n'a communiqué cette information à la préfecture qu'en mars dernier, lors d'une inspection», affirme la FNE. «Si ces dépassements ont été possibles, c'est parce que Sanofi ne contrôlait pas ses trois colonnes (de l'usine), mais une seule. Jamais contrôlées, les deux autres ont envoyé ces quantités astronomiques de polluants dans l'air», ajoute-t-elle. Le site d'information Mediapart, qui révélait cette information dès dimanche, cite quant à lui un rapport de quatre pages de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), sous l'égide de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, daté du 14 avril 2018.

Dès le matin, pourtant, Sanofi s'était efforcé de minimiser ces révélations. Le groupe pharmaceutique reconnaissait «un problème de dépassement localisé des seuils de rejet de vapeur de solvants», mais assurait dans un communiqué que les populations n'étaient «pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation». Ce constat a été établi «par une étude d'impact sanitaire auprès d'un organisme indépendant» diligentée par le groupe, avait souligné Sanofi. Le groupe avait aussi souligné avoir déjà engagé un plan d'actions, avec la mise en place d'une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire significativement, et avait prévu d'anticiper de 10 jours le démarrage de la maintenance estivale du site.

Let's block ads! (Why?)

http://www.lefigaro.fr/societes/2018/07/08/20005-20180708ARTFIG00172-des-rejets-toxiques-190000-fois-superieurs-a-la-norme-a-l-usine-sanofi-de-mourenx.php

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Emissions toxiques : Sanofi a trois mois pour se mettre aux normes"

Post a Comment

Powered by Blogger.