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Pouvoir d'achat : la hausse de l'inflation doit-elle inquiéter ?

Tirée par les prix de l'énergie, l'inflation s'est nettement accélérée ces trois derniers mois pour atteindre +2,3% sur un an en juillet. Une hausse qui impacte le pouvoir d'achat de nombreux français.

Il faut remonter à mars 2012 pour retrouver un niveau d'inflation si élevé. ( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Très faible depuis plusieurs années, l'inflation française s'est établie pour la première fois en juillet au-dessus de la cible fixée par la Banque centrale européenne (2%). Selon les chiffres fournis le mardi 31 juillet par l'Insee, la flambée des prix est surtout tirée par les prix de l'énergie. Ces derniers ont bondi de 14,3% sur un an, en raison notamment d'une forte augmentation des prix du gaz.

Mais les prix des produits alimentaires ont, eux aussi, accéléré par rapport à juin (+2,0% sur un an), comme ceux des produits frais (+6,3%), tandis que la hausse des prix de l'alimentation hors produits frais (+1,2%) reste stable. L'institut note également une hausse, "dans une moindre mesure", des prix des services (+1,3%).

"DES PERTES DE POUVOIR D'ACHAT IMPORTANTES"

Il faut remonter à mars 2012 pour retrouver un niveau d'inflation si élevé. Il s'agit d'un "phénomène majeur", a expliqué à l'AFP Philippe Waechter, responsable de la recherche économique chez Natixis Asset Management, qui insiste néanmoins sur le fait que ce sont bien des coûts de l'énergie plus élevés qui ont "porté cette inflation bien au-delà des 2% souhaités".

D'autres économistes estiment cependant que l'inflation a touché "un pic" le mois dernier et risque de "se saper elle-même" : "Les consommateurs vont être tentés de faire des économies là où ils le peuvent, ce qui va avoir pour effet de tirer les prix vers le bas", explique l'économiste Véronique Riches-Flores à L'Expansion. "Mon diagnostic, c'est que l'inflation ne provient pas vraiment d'une reprise de l'activité, mais qu'elle a des causes exogènes".

Reste que cette nette accélération va entraîner "des pertes de pouvoir d'achat qui seront importantes" pour les consommateurs, étant donné que "les salaires n'augmentent pas aussi rapidement", note Philippe Waechter. Selon lui, cela va générer "une contrainte forte pour les ménages et les vacanciers" en cette période estivale.

Le gouvernement peut-il agir pour limiter cette hausse des prix ? Selon Philippe Waechter, le gouvernement n'a "pas beaucoup de marge de manœuvre", puisque ces tensions sont surtout liées à des facteurs externes comme la remontée des cours des hydrocarbures. Mais cette poussée de l'inflation s'explique aussi par la hausse de la fiscalité indirecte (hausse des taxes sur le tabac, les carburants...).

INQUIÉTUDES POUR LES RETRAITÉS ET LES FONCTIONNAIRES

Cette hausse des prix inquiète plus particulièrement les retraités, qui ont déjà vu leur pouvoir d'achat amputé par la hausse de la CSG au 1er janvier 2018. Chaque année, les pensions de retraites du régime général sont normalement revalorisées au 1er octobre en fonction de l'inflation. Les retraités devaient donc profiter d'un petit coup de pousse mais le gouvernement a déjà décalé au 1er janvier toute nouvelle revalorisation.

Les bulletins de pension ne devraient donc pas augmenter avant cette date. De plus la revalorisation pourrait rester inférieure à ce chiffre de 2,3%. Pour mémoire, celle de 2017 avait été fixée à 0,8% pour une inflation de 0,9%.

Autres personnes à faire grise mine : les fonctionnaires. Leur point d'indice - sur lequel est basé l'évolution de leur rémunération - est gelé pour les deux années à venir. Ils ne peuvent compter que sur une évolution de carrière ou leur ancienneté pour espérer ne pas voir leur pouvoir d'achat grignoté. Certains pourront aussi bénéficier de "la garantie individuelle de pouvoir d'achat", une indemnité que perçoivent les agents dont l'augmentation du traitement est inférieure sur quatre ans à celle de l'inflation.

VERS UNE REVALORISATION DU SMIC

Cette hausse des prix peut également être synonyme de relatives bonnes nouvelles : les smicards verront ainsi leur revenu augmenter en 2019. Chaque année, le salaire minimum est revalorisé en fonction de deux facteurs : l'évolution du salaire horaire des ménages les plus modestes, mais aussi de l'inflation. Pour mémoire, au 1er janvier 2018, le Smic horaire avait été revalorisé de 1,24%, soit un salaire horaire de 9,88 euros brut et un salaire mensuel de 1498,47 euros brut pour 35 heures de travail.

La hausse du salaire minimum profite également à d'autres travailleurs, plus particulièrement aux bas salaires. Selon une étude de la Dares, une "augmentation de 1% du Smic se répercuterait quasi intégralement sur les salaires de base entre 1 et 1,1 smic à hauteur de 0,5% pour ceux situés entre 1,4 et 1,5 smic".

Autres grands gagnants : les emprunteurs et l'État. En effet, alors que l'inflation repart de l'avant, les taux d'emprunt restent eux à des niveaux extrêmement bas. Le taux de référence à 10 ans des bons du Trésor est lui au-dessous de 1% depuis le printemps 2017, alors que les recettes liées à la TVA progressent.

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