
Et un de plus ! Après Engie, ENI, Total, Cdiscount, Casino…, un autre fournisseur se lance aujourd'hui sur le marché de l'électricité : Leclerc. Le géant de la distribution propose "10% de réduction par rapport au tarif réglementé de l'électricité." Et 20% si le client convertit la diminution en bons d'achat à dépenser dans les magasins Leclerc. Dans un entretien au Parisien, le président des centres E Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, espère "servir 3 millions de clients" d'ici deux à trois ans.
L'objectif paraît ambitieux. Le marché des fournisseurs alternatifs est plutôt encombré. Ils sont près de vingt-cinq à tenter d'exister face à EDF qui même s'il perd 100.000 clients par mois en détient toujours plus de 26 millions, soit environ 80% de parts de marché. Cette quasi-hégémonie de l'ancien monopole onze ans après l'ouverture à la concurrence s'explique par la part prépondérante du nucléaire en France. Les centrales étant amorties depuis des lustres, EDF bénéficie d'un coût de production imbattable. Pendant longtemps, les opérateurs alternatifs n'ont pas eu d'espace pour prospérer. Ils achetaient les électrons à 60 euros le mégawattheure et les revendaient … à 40.
Explosion de la concurrence
Depuis 2011, la loi oblige EDF à vendre aux alternatifs un quart de sa production nucléaire au prix de 42 euros le mégawattheure (MWh). Cette disposition a permis aux alternatifs de respirer. Mais la situation a vraiment changé en 2015, lorsque les prix de gros de l’électricité se sont effondrés à la suite du boom des renouvelables. De 60 euros le mégawattheure, ils passent sous les 35 euros. Les alternatifs saisissent alors l'opportunité. Plutôt que d'acheter leurs électrons à 42 euros le MWh auprès d'EDF, ils s'approvisionnent à prix cassés sur le marché de gros. Autre changement, le boom du numérique. Grâce au Big Data, les fournisseurs peuvent désormais proposer aux clients des informations en temps réel, des devis d’efficacité énergétique, des conseils sur les économies d’énergie etc. Ces bouleversements font exploser la concurrence.
Outre Engie, ENI, Casino etc., des petits comme Plüm Energie, ekWateur, Ilek se lancent. D’autres comme Enercoop surfent sur la vague écolo en proposant une offre 100% verte. Total, de son côté, montre ses muscles. En avril dernier, le pétrolier rachète 74% de Direct Energie pour 1,4 milliard d’euros.
Pas vraiment de bouleversements sur la facture
Le paysage bouge mais il n’y a pas vraiment de grands bouleversements sur le prix de la facture. Contrairement à la téléphonie mobile où l’innovation règne en maître, l’électricité n’a pas –pas encore- connu de révolutions technologiques. Et comme la concurrence joue sur seulement un tiers du montant de la facture (les deux tiers restants étant dévolus à l'acheminement des électrons et aux taxes), les baisses sont peu tangibles. Résultat, quand les fournisseurs annoncent 15% de réduction, la diminution de la facture est en réalité bien inférieure, de l’ordre de 6%.
En proposant une baisse de prix de 20% si le client convertit celle-ci en bons d’achat, Leclerc fait preuve d’originalité. Reste que l’enseigne va devoir composer avec le contexte économique. "L’arrivée de Leclerc est une bonne chose, mais ça ne va pas être le big bang", estime Gaël Duval, président de Jechange.fr, un site spécialisé dans la réduction de factures. D’autant qu'à la suite de la hausse des prix du CO2, les prix du marché de gros de l’électricité flambent depuis quelques semaines. Ces derniers jours, ils avaient dépassé les 60 euros le MWh, alors qu’EDF vend ses électrons à 42 euros. Leclerc n’a pas choisi le meilleur moment pour débarquer sur le marché de l’électricité.
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