
Dix ans après le 15 septembre 2008, jour funeste où la banque Lehman Brothers a été déclarée en faillite, provoquant la pire crise depuis la Grande Récession, le monde de la finance a-t-il vraiment changé ? Les cinq plus grands acteurs mondiaux de la banque d'investissement - celle qui nous a emmenés vers l'abîme - drainent toujours un tiers de l'activité du secteur ; ces cinq géants sont toujours les mêmes (à l'exception d'UBS, remplacé par Bank of America Merrill Lynch) ; les trois agences de notation (Moody's, Standard & Poor's et Fitch), qui ont tellement failli à distinguer le bon grain de l'ivraie, trustent toujours 96,4 % du marché ; et The Economist note dans sa dernière édition que les rémunérations des patrons de J.P. Morgan, Goldman Sachs et Bank of America ont atteint de 23 à 30 millions de dollars en 2017…
Deux grands bouleversements
Un tel tableau ne rend pas justice à deux grands bouleversements. Le premier tient à l’effort que toutes les banques ont fait, particulièrement sur le Vieux Continent, en matière de fonds propres. Ceux-ci sont passés dans la zone euro de 9 à 15 % de leurs engagements, rendant leurs opérations bien plus sûres. Inversement, leur rentabilité a beaucoup baissé : en France, elle est passée en dix ans de 12 à 6 % des fonds propres. Faut-il rappeler que ce ratio était monté à 46 % pour la banque d’investissement de la Société générale en 2006, sans que personne ne s’en alerte, jusqu’à ce qu’un certain Jerôme Kerviel apparaisse dans le panorama ? Une telle fraude apparaît difficile aujourd’hui avec la multiplication des régulateurs de tout poil. Et le système financier global a été sérieusement nettoyé : en témoignent les 243 milliards de dollars d’amendes ou de transactions qui lui ont été imposées sur plus de 200 opérations jugées illégales. Sur ce registre, les banques françaises n’ont pas été épargnées… sans chuter, ce qui est une autre forme de garantie de leur bonne santé.
Restent deux sujets majeurs qui n’ont pas été traités. L’un vient de l’endettement mondial : il a doublé en dix ans, gonflé par l’afflux de liquidités des banques centrales, qui commence seulement à se tarir. L’autre a été souligné par… le Vatican : « On perçoit la nécessité d’entreprendre une réflexion éthique sur certains aspects de l’intermédiation financière, écrivait il y a quelques mois la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans un petit ouvrage (Oeconomicae et pecuniariae quaestiones) qui a fait grand bruit. Son fonctionnement, lorsqu’il est déconnecté des justes fondements anthropologiques et moraux, non seulement produit des abus et des injustices évidents, mais se révèle capable de créer des crises systémiques de portée mondiale. » Le pape François, prochain régulateur ?
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