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ADP : l'Etat ne veut pas d'une prise de contrôle étrangère

Les candidats à la privatisation d'ADP pourront bientôt se présenter à la porte de d'embarquement. Avec quelques mois de retard sur le calendrier initial, les députés ont voté ce jeudi les articles 44 à 50 du projet de loi PACTE modifiant le statut juridique du gestionnaire des aéroports parisiens, en préalable à la cession des 50,6 % encore détenus par l'Etat. Au terme de ce changement de statut, qui interviendra au moment du désengagement de l'Etat, les actionnaires présents et futurs d'ADP deviendront détenteurs d'un droit d'exploitation de 70 ans. Une période à l'issue de laquelle, tous les actifs du groupe ADP (terminaux, pistes, immeubles et terrains...) reviendront de pleine propriété à l'Etat, qui pourra en confier la gestion à un nouvel exploitant... en 2089.

De quoi rendre politiquement acceptable la privatisation des deux principales portes d'entrée nationale, sans impacter la valeur d'ADP, aujourd'hui valorisé en Bourse près de 19 milliards d'euros. Et réaliser « la plus importante opération de privatisation de l'histoire », selon les mots de l'un de ses protagonistes.

Développer « l'actionnariat populaire »

Reste toutefois à connaître les modalités. Et les inconnues sont nombreuses, à commencer par le prix. « ADP vaut en Bourse autour de 10 fois son Ebitda. Si l'on se base sur la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon, le multiple payé par les acquéreurs était deux fois plus élevé  », souligne-t-on.

Mais ce n'est pas le seul paramètre. Bercy affirme que « le développement de l'actionnariat populaire sera également une priorité ». « Une partie du capital cédé par l'Etat pourra être réservée aux Français souhaitant investir dans les entreprises concernées, indique le communiqué de Bercy. Le développement de l' actionnariat salarié sera également recherché à l'occasion de ces opérations ».

Une déclaration dans la droite ligne de la dogma présidentielle, mais qui complique l'opération. Et pourrait infléchir le prix. « Si l'Etat cède le contrôle, cela nécessitera à l'acquéreur de lancer une OPA sur le reste du capital. Dans ce cas, préserver un actionnariat salarié sera plus complexe, reconnaît un proche du sujet. Mettre une vingtaine de milliards d'euros sur la table risque aussi de réduire le nombre total de candidats ». Sans compter qu'il pourrait être interprété par certains concurrents comme un signal en faveur de Vinci déjà au capital.

L'Etat gardera le dernier mot sur le contrôle

Une cession de blocs minoritaires aurait a priori l'avantage de répondre à l'objectif du gouvernement vis-à-vis des particuliers. Mais l'Etat risque alors de se priver de sa prime de contrôle, et donc de voir le prix réduit. Aujourd'hui, n'importe qui peut déjà acheter une part minoritaire en Bourse.

« L'opération peut être séquencée sous plusieurs formes, conclut cette source. Ce qui est certain est que les pouvoirs publics garderont jusqu'au bout toutes les options ouvertes, ne serait-ce qu'à cause des conditions de marché qui peuvent évoluer. » Il est d'ailleurs un autre paramètre important sur lequel l'Etat ne s'est pas non plus prononcé : Bruno Le Maire n'a pas dit si l'Etat tout en cédant ses 50,6 % du capital  resterait investi dans ADP. Dans tous les cas, l'Etat gardera le dernier mot sur « l'investisseur principal » comme sur les redevances et ne permettra pas à « une puissance étrangère » de prendre le contrôle, a prévenu dimanche le ministre lors du « Grand Rendez-Vous » Europe1-Les Echos-Cnews (lire également page XX).

Le calendrier de l'opération reste aussi à préciser. Le processus législatif de la loi PACTE devrait encore durer quelques semaines. Après quoi le gouvernement pourrait publier les appels d'offres pour le début de l'année prochaine. Si le gouvernement fait vite, le choix du ou des repreneurs d'ADP sera connu « avant l'été », estime une source proche du dossier. La finalisation de l'opération interviendrait à l'automne 2019.

Enfin, les actionnaires minoritaires d'ADP attendent de savoir  quel sera le montant de l'indemnisation qui sera versée à l'entreprise - avant de leur être redistribuée - pour la dédommager de la transformation de son droit d'exploitation sans limite de temps à une quasi-concession de 70 ans. Les estimations du préjudice, calculées sur la base du manque à gagner entre la fin de la concession et l'éternité, vont de un à deux milliards d'euros. Mais les déçus risquent d'être nombreux, car une partie seulement de la somme sera versée à ADP au moment du désengagement de l'Etat. L'autre partie ne lui reviendra qu'en 2089, à l'issue de la concession de 70 ans.

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