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La fin est brutale. Lundi 19 novembre, le patron non exécutif de Nissan et PDG de Renault, Carlos Ghosn, 64 ans, a été arrêté. La justice japonaise le soupçonne de fraude fiscale. Un coup de tonnerre pour ce dirigeant hors normes. Rares sont les patrons qui peuvent se targuer d’être reçus par les chefs d’Etat comme l’un des leurs. Au Mexique, au Maroc, en Russie, au Brésil…
Au Japon, il est longtemps apparu comme un quasi-dieu. Personne ne sait, cependant, si cette aura lui permettra de se sortir de ce mauvais pas, pour le moins inattendu. Après avoir sauvé Nissan, en 1999, voici que le constructeur japonais paraît bien déterminé à le chasser de son poste de président non exécutif. Jeudi 22 novembre, Nissan réunira son conseil d’administration pour voter son départ.
M. Ghosn a connu bien des crises, mais s’attendait-il à celle-là ? Le dirigeant n’en est pas à sa première difficulté : le krach financier, en 2008, l’affaire d’espionnage chez le constructeur, en 2010, le tsunami japonais, en 2011, ou le rachat surprise de 5 % du capital de Renault par l’Etat, en 2015, pour influer sur le mode de vote au conseil… « A chaque fois, il a fait les déclarations qu’il fallait à court terme et a redéfini le cap à moyen terme. Avec lui, c’est toujours très clair », rappelle-t-on dans son entourage. « C’est quelqu’un qui garde son calme, témoigne un proche. Il est toujours dans le contrôle. »
« Cost killer », « Mister Fix it », « l’imperator »
La progression du « samouraï » vers le statut de quasi-chef d’Etat commence dans les années 1980 et 1990, quand il prend la direction de Michelin aux Etats-Unis. A 35 ans, Carlos Ghosn impressionne déjà. Sa réputation est celle d’un « cost killer » (« chasseur de coûts »), une image qu’il conservera à son arrivée chez Renault, en 1996, en tant que directeur général adjoint. Après avoir relancé Nissan, il est surnommé « Mister Fix it ». « Celui qui répare » finit sa mue en 2005, quand il prend, en même temps, les rênes de Renault et de Nissan. En 2016, après avoir repris Mitsubishi, au bord du gouffre, il renforce encore une fois l’alliance industrielle Renault-Nissan, qu’il construit patiemment depuis quinze ans. Surtout, il fait de l’attelage un géant de l’automobile, qui vend plus de dix millions de véhicules sur les cinq continents.
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