PARIS (Reuters) - Le mouvement des “Gilets jaunes” s’est poursuivi lundi avec de nouvelles actions sur certaines routes de France, deux jours après le début d’une mobilisation que le gouvernement cherche à endiguer tout en martelant sa volonté de tenir son cap sur la fiscalité écologique frappant les carburants.
Le mouvement des "Gilets jaunes" s'est poursuivi lundi avec de nouvelles actions sur certaines routes de France, deux jours après le début d'une mobilisation. /Photo prise le 17 novembre 2018/REUTERS/Stéphane Mahé
Des manifestants ont dressé de nouveaux barrages, notamment sur le pont d’Aquitaine à Bordeaux, sur les routes menant au centre-ville d’Arles (Bouches-du-Rhône) ou sur les voies conduisant à plusieurs dépôts pétroliers.
Total, qui exploite neuf dépôts en France, a confirmé à Reuters le blocage des sites de Fos-sur-Mer, près de Marseille (Bouches-du-Rhône), et de Vern-sur-Seiche, dans l’agglomération de Rennes (Ille-et-Vilaine).
A La Rochelle (Charente-Maritime), des “Gilets jaunes” ont installé dans la nuit de dimanche à lundi des barrages devant les dépôts pétroliers de La Pallice.
Les manifestants mobilisés lundi poursuivent le mouvement amorcé samedi, qui s’est traduit par des opérations en plus de 2.000 endroits partout en France, sans l’appui logistique des syndicats, ni des partis politiques.
Au premier jour du week-end, endeuillé par la mort d’une manifestante percutée par un véhicule en Savoie, le ministère de l’Intérieur a recensé près de 290.000 manifestants, 409 blessés et 157 gardes à vue.
“SOUFFRANCE SINCÈRE”
Dimanche, le Premier ministre, Edouard Philippe, a réagi en assurant avoir entendu “la colère” et le “sentiment d’abandon” exprimés par les “Gilets jaunes” mais il a dans le même temps exclu de revenir sur la hausse de la fiscalité écologique prévue le 1er janvier prochain.
“Il entend aussi la souffrance sincère de milliers de Français qui n’en peuvent plus parce que bien souvent les difficultés s’accumulent”, a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, sur BFM TV.
Pour autant, l’augmentation des taxes sur l’essence et le diesel est “la bonne décision” parce qu’il faut “se désintoxiquer de la France du tout-pétrole”, a-t-il ajouté, relayant l’argumentaire d’Edouard Philippe, tout comme les ministres Sébastien Lecornu et Elisabeth Borne.
“Ce n’est pas qu’entendre la colère, je la comprends, même”, a déclaré le premier sur Europe 1. “On entend la colère, le désarroi des Français qui habitent loin des centres-villes et dont on ne s’est pas occupés depuis des années”, a pour sa part dit la ministre des Transports.
Edouard Philippe avait pris des mesures préventives en annonçant dès mercredi dernier un plan de 500 millions d’euros comprenant une “super prime” à la conversion des vieux véhicules et un élargissement des indemnités kilométriques.
Insuffisant pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a plaidé lundi pour de nouvelles aides, “notamment pour les ménages les plus modestes”.
“Ça fait plus d’un an que je dis qu’il y a deux problèmes pour ce gouvernement : il y a un problème de verticalité du pouvoir (...) et il n’y a pas de politique sociale suffisamment assumée”, a jugé sur RTL le numéro un de l’organisation réformiste. “Voilà, on en est là.”
“Le gouvernement est sur une mauvaise voie”, a pour sa part estimé Dominique Bussereau, président de l’Association des départements de France, en reprenant à son compte l’idée suggérée samedi par Laurent Berger - mais restée lettre morte -d’organiser des “Etats généraux de la transition énergétique”.
Simon Carraud, Claude Canellas à Bordeaux, Jean-François Rosnoblet à Marseille, Bate Felix à Paris, édité par Yves Clarisse
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