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Le prix des carburants continue de grimper et ce n'est pas prêt de s'arrêter

En un an, le prix du gazole à la pompe a progressé d'environ 23% contre 15% pour celui de l'essence, provoquant la grogne d'une partie des consommateurs. Ces derniers pointent la hausse programmée des taxes sur le diesel, mais ce n'est pas l'unique raison de cette flambée des prix qui concerne également l'essence sans plomb. Selon les derniers chiffres de l'Ufip, l'Union française des industries pétrolières, les prix des carburants dépendent certes du poids des taxes (61,4% du prix d'un litre de sans plomb 95 et 58,6% du prix d'un litre de gazole), mais aussi du coût du raffinage (environ 4 à 5%), des coûts de distribution (7%) et du prix du baril de pétrole (environ 28 à 30%).

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Autant de facteurs qui peuvent entraîner une hausse générale du coût des carburants. Trois raisons expliquent la flambée actuelle des prix à la pompe :

Parce que c'est la loi

Deux taxes concernent les carburants en France :

  • La TVA qui, en mai dernier, représentait 0,25 euro par litre d'essence et 0,24 euro par litre de gazole.
  • La TICPE, la Taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques, qui représente, pour 2018, 0,6829 euro/litre de SP 95 et 0,594 euro/litre de diesel.

C'est bien la TICPE qui concentre toutes les critiques car c'est ce levier fiscal qui permet à l'Etat d'appliquer une convergence entre les prix de l'essence et du diesel. Et cela va continuer. En 2019, la TICPE sera augmentée de 6,5 centimes de plus par litre de gazole, et 2,9 centimes par litre de sans plomb. Les fiscalités de deux types de carburants doivent être alignées d'ici à 2022.

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Chaque année, les hausses à venir de la TICPE sont débattues et votées au Parlement dans le cadre des projets de loi de finances. Mais les élus n'ont pas beaucoup de marge de manœuvre car ils sont tenus de respecter d'une part les objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV)  et, d'autre part, la promesse de campagne d'Emmanuel Macron qui a souhaité une convergence totale des prix des carburants d'ici à la fin de son quinquennat.

Parce que le cours du baril de pétrole est très instable

L'année 2008 est restée dans les annales du marché du pétrole. Le prix du baril de Brent - le pétrole de la mer du Nord dont le prix est devenu la valeur mondiale de référence - a grimpé jusqu'à 147,5 dollars le 11 juillet avant de chuter à 40,6 dollars le 24 décembre. A la pompe, les Français ont alors vu le prix du litre diviser par deux en l'espace de six mois. Les fluctuations du cours du pétrole jouent donc directement sur les prix à la pompe. Or, depuis janvier 2016 (28,6 dollars par litre), le prix du baril n'a cessé de grimper pour atteindre en octobre son niveau d'il y a quatre ans, autour de 85 dollars le baril.

Ces fluctuations du cours du pétrole sont directement liées aux contextes très tendus dans les pays exportateurs de pétrole. La crise politique au Venezuela, les guerres au Yémen ou en Syrie ont provoqué des hausses successives du baril de pétrole. Deux autres décisions politiques ont également eu un impact en 2018 :

  • La volonté de l'Arabie saoudite de tirer les prix vers le haut au cours des six premiers mois de l'année pour faciliter l'introduction en bourse de sa compagnie nationale Aramco – en août dernier, Riyad a finalement décidé de repousser cette entrée en bourse sans préciser de date.
  • L'accord entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et la Russie pour limiter la production d'hydrocarbures afin de faire remonter les prix.

Une troisième actualité devrait également déstabiliser le cours du pétrole : le retour des sanctions américaines contre l'Iran, entrées en vigueur depuis lundi. La décision de Donald Trump de s'attaquer au cinquième pays producteur de pétrole en 2017 pourrait faire craindre une hausse des prix des carburants. Mais pour l'instant, le baril de pétrole a reculé pour s'établir, lundi, autour des 75 dollars. Cette baisse s'explique sans doute par le fait que les Etats-Unis ont autorisé huit pays, parmi lesquels la Chine, l'Inde et le Japon, à continuer d'acheter temporairement du pétrole iranien.

Parce que le pétrole est une ressource non renouvelable

Une énergie fossile, comme le pétrole, est limitée. En 2017, les réserves pétrolières connues s'établissaient à 1.696,6 milliards de barils de pétrole selon le dernier rapport statistique du groupe britannique BP, publié en juin dernier. Si, à la fin des années 90, les experts craignaient une pénurie subite de pétrole, plusieurs importants gisements ont été découverts depuis le début du 21e siècle, notamment dans le Bassin de l'Orénoque, qui couvre 65% du territoire du Venezuela, ou encore dans les sous-sols sous-marins du Pôle Nord.

Mais ces découvertes de gisements - qui ne sont pas encore exploités - ne font que reculer l'échéance inévitable : avec une consommation mondiale de 35,55 milliards de barils de pétrole en 2017, les réserves pétrolières connues seront épuisées dans un peu moins de 48 ans. Selon les chiffres des différents rapports officiels compilés par le site spécialisé planestoscope, l'homme consomme d'ailleurs plus qu'il ne produit. En 2017, la consommation mondiale représentait 97,4 milliards de barils par jour, pour une production s'établissant à 89,7 milliards de barils par jour. Ce différentiel explique aussi la hausse des prix, la demande étant plus forte que l'offre. 

Pour autant, le pétrole va-t-il vraiment disparaître? Dans les années 70, les économistes évoquaient le spectre du "peak oil" (pic pétrolier) pour désigner le moment où la production mondiale de pétrole va plafonner avant de décliner et de s'effondrer à cause de l'absence de réserves. Désormais, c'est la théorie du "peak demand" qui s'impose, c'est-à-dire le moment où la demande de pétrole diminuera parce qu'on sera passé à une autre énergie, moins polluante. Selon une étude du Boston Consulting Group, publiée en juillet 2017, la demande mondiale de pétrole "pourra atteindre son pic entre 2025 et 2030".

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