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Les bitcoins dans les bureaux de tabac, une information fumeuse

Le bitcoin est une cryptomonnaie au cours très volatil.
Le bitcoin est une cryptomonnaie au cours très volatil. Benoit Tessier / REUTERS

La Banque de France a-t-elle finalement cédé aux sirènes du bitcoin, en « autorisant » les bureaux de tabac à vendre de la cryptomonnaie en même temps que des paquets de cigarettes et des chewing-gums ? L’information « exclusive » révélée mercredi 21 novembre par Europe 1 a fait lever les sourcils des connaisseurs de la cryptomonnaie. Et à raison, elle est fausse.

La Banque de France a démenti auprès du Monde avoir conclu la semaine dernière un accord en ce sens avec la Confédération des buralistes, comme l’a affirmé à l’antenne d’Europe 1 l’éditorialiste Michaël Darmon. Au sein de la Banque de France, qui a toujours vu d’un œil inquiet les cryptomonnaies, on est tombé des nues en apprenant la nouvelle : « On ne sait pas d’où sort cette info, il n’y a eu aucun accord ! »

La Confédération des buralistes confirme, elle aussi, qu’aucun accord n’a été conclu.

Contacté, Michaël Darmon assure « maintenir ses informations ». « Je n’ai pas inventé cette information. Ce n’est pas parce qu’elle est démentie qu’elle est fausse. » Pourtant, le site d’Europe 1 a corrigé dans la matinée son article, en retirant la référence à l’« accord » de la Banque de France.

Un accord commercial avec une plate-forme de bitcoin

Il semblerait en effet que l’éditorialiste soit allé un peu vite en besogne en annonçant ce « blanc-seing » de la Banque de France. En réalité, l’accord est de toute autre nature : il s’agit d’un simple partenariat commercial entre la plate-forme de bitcoins KeplerK et la société Bimedia, qui fournit les terminaux de paiement à environ quatre mille buralistes en France.

A partir du 1er janvier 2019, sur le modèle des cartes téléphoniques prépayées, ces buralistes pourront proposer à leurs clients des coupons qui donneront le droit à un crédit de bitcoins ou d’ethereums (une autre cryptomonnaie) sur la plate-forme KeplerK.

Or, non seulement cette nouveauté ne concerne pas directement les buralistes (qui ne seront qu’intermédiaires) ; mais cette activité ne nécessite en aucun cas l’approbation de la Banque de France ou de l’Autorité de contrôle prudentiel, contrairement à ce qu’écrit Europe 1 : l’achat de cryptomonnaies n’est pas interdit sur le territoire, et il existe déjà, en France, des guichets physiques pour acheter du bitcoin. Suggérer que la Banque de France a « autorisé cette pratique parce qu’il n’y a pas le choix » est donc trompeur. « On a toujours mis en garde contre le bitcoin, une cryptomonnaie sur laquelle on ne peut rien garantir. Alors on ne va pas encourager les gens à l’utiliser ! », s’étrangle-t-on au sein de l’institution.

L’information exclusive d’Europe 1 revient donc à un joli coup de communication pour la plate-forme KeplerK. Cette annonce pourrait devenir une aubaine pour les détenteurs de bitcoins, car elle pourrait doper le cours de la cryptomonnaie. Elle tombe d’autant mieux que le bitcoin vient de subir un mini-crash, perdant un quart de sa valeur en une semaine.

Maxime Vaudano et Pierre Breteau

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https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/21/les-bitcoins-dans-les-bureaux-de-tabac-une-information-fumeuse_5386538_4355770.html

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