
Jean-Paul Delevoye, le Haut-Commissaire à la réforme des retraites, avait d'abord évoqué l'idée lors de son audition devant la commission des Affaires sociales du Sénat : indexer les pensions sur les salaires, et non sur l'inflation, comme c'est le cas aujourd'hui. Le M. retraites d'Emmanuel Macron soumet désormais cette proposition aux partenaires sociaux dans le cadre de leur prochaine table ronde. Jean-Paul Delevoye a transmis cette semaine aux organisations patronales et syndicales un document de travail, révélé samedi par Les Echos et l'AFP.
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Dans le texte d'une vingtaine de pages, intitulé "Vers un système universel de retraite", il résume le projet de réforme et ses idées fortes, comme la mise en place d'une "règle d'or" pour maintenir les comptes publics à l'équilibre ou la prise en compte des évolutions démographiques. Surtout, il détaille cette hypothèse d'indexer les pensions sur les salaires.
Quand les pensions étaient indexées sur les salaires en France
Entre 1948 et 1987, les pensions de retraites étaient indexées sur le salaire moyen. Sur la période des Trente Glorieuses (1945-1975), les salaires augmentent toujours plus rapidement que l'inflation. Les pensions de retraite sont donc revalorisées chaque année, devançant ainsi la hausse des prix.
Mais, depuis les chocs pétroliers, les salaires stagnent, voire baissent quand le niveau des prix reste élevé. Pour limiter la baisse du niveau de pensions de retraites, le gouvernement de Jacques Chirac décide donc de passer en 1987 à une indexation sur l'inflation, c'est-à-dire "la moyenne des prix à la consommation, hors tabac". Ainsi, le niveau de vie des retraités ne décroche pas par rapport à la hausse des prix.
L'effet pervers d'une indexation sur l'inflation
L'indexation sur l'inflation permet donc de suivre l'évolution du coût moyen du niveau de la vie. Mais, comme le souligne Jean-Paul Delevoye dans son document de travail, cela créé aussi un facteur "d'inéquité", en ne valorisant pas "de la même façon les droits acquis en début, au milieu ou en fin de carrière". Ce que note le M. retraites d'Emmanuel Macron, c'est bien le fait que l'évolution du niveau des pensions dépendent trop des aléas économiques.
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Les récentes prévisions du conseil d'orientation des retraites, une instance liée à Matignon, viennent étayer cette crainte. Selon leurs analyses, avec une indexation sur l'inflation et quel que soit le scénario économique retenu, la pension relative au revenu d'activité diminuera dans les prochaines années. En conséquence, le niveau de vie moyen des retraités baissera également par rapport à l'ensemble de la population.
Par ailleurs, l'indexation sur l'inflation a permis à François Hollande de justifier un gel du niveau des pensions. En 2014 et 2016, l'inflation était quasi-nulle (respectivement 0,5% et 0,2%), ce qui avait poussé les gouvernements Ayrault puis Valls à geler l'indexation des pensions. Mais, en Allemagne, où les pensions de retraite sont indexées sur les salaires, le gouvernement a aussi décidé un gel en 2004, 2006 et 2010.
Les questions que posent un retour à une indexation sur les salaires
Pour Jean-Paul Delevoye, une indexation tenant compte de l'évolution des salaires "permettrait de maintenir constant le rythme d'acquisition des droits au cours de la carrière pour un individu moyen", entre autres. La revalorisation des pensions de retraites serait ainsi plus régulière et moins dépendante de la croissance économique.
Comme l'écrit lui-même le Haut-commissaire, deux questions se posent toutefois :
- Les retraites doivent-elles être indexées sur le salaire moyen par tête ou sur la masse salariale?
- Que faire pendant la période de transition entre les deux systèmes?
Organisations patronales et syndicales doivent trouver des réponses à ces interrogations lors de leur prochaine réunion.
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