
Encore un sale coup pour la centrale nucléaire de nouvelle génération EPR de Flamanville. Cette centrale est un chat noir à elle toute seule. L'EPR, c'est le nucléaire de l'avenir, qui devait, à très long terme, remplacer le parc de centrales existant, ou au tout le moins le compléter. Un prototype avait été lancé à Okiluto, en Finlande, une catastrophe financière et technologique.
La France s'est lancée dans l'aventure en 2007, en démarrant le chantier de Flamanville, dans la Manche. Il devait être achevé en 2012, pour 3,5 millions d'euros. Mais les contretemps techniques et retards se sont accumulés. Le dernier date du jeudi 20 juin. La mise en service est désormais prévue pour 2022 au plus tôt, soit dix ans après le terme initial. Pour une facture supérieure à dix milliards d'euros.
Cette fois-ci, ce sont des soudures défectueuses qui sont en cause. EDF, qui construit le réacteur, s'était engagé sur une technologie présentée comme ultra-sûre pour des soudures dans le cœur de la centrale, qu'elle a été incapable de réaliser. L'entreprise va évaluer les possibilités techniques de réparation dans les prochaines semaines, et les soumettre à l'autorité de sûreté nucléaire. Mais, à vue de nez, c'est pas simple.
Ce réacteur nucléaire verra-t-il le jour ?
Impossible de savoir. Le patron d'EDF, Jean-Bernard Levy, assurait encore mordicus il y a peu que le calendrier serait tenu. Ça n'est pas le cas. Pourtant, il n'est pas question pour l'instant d'abandonner cette technologie.
Mais ce nouveau retard a des conséquences fâcheuses, au-delà du surcoût. Il va en effet falloir prolonger les centrales à charbon, qu'on devait fermer au moment de la mise en service de Flamanville. Si on ne les prolongeait pas, on prendrait un risque pour la sécurité d'approvisionnement du territoire en électricité. Ensuite, le futur plan d'équipement du pays en nouvelles centrales, de type EPR justement, doit être finalisé. Comment le faire alors que la technologie de construction n'est pas stabilisée ? Le gouvernement, à qui revient la décision finale en la matière, a toute raison de différer sa décision tant que le réacteur n'est pas mis en service.
D'autres projets utiliseront cette technologie ?
Un projet est en cours au Royaume-Uni, à Hinkley Point, piloté par EDF. Il ne fait que démarrer, on en est aux gigantesques travaux de génie civil. Et deux réacteurs sont construits en Chine, à Taishan. Le premier est en fonctionnement, le second devrait l'être bientôt, il a été chargé en combustible.
Pourquoi ça marche en Chine et pas en France ?
Taishan a profité des nombreuses erreurs faites à Flamanville et à Okiluto, qui ont essuyé les plâtres. De plus, le régulateur chinois, sans être en rien laxiste, a des procédures plus rapides que l'ASN, disent les partisans de la technologie EPR. Et puis, on a tout simplement perdu l'habitude de construire des centrales en France. La dernière date de 17 ans. Les compétences se sont perdues. Alors qu'en Chine, ce sont des dizaines de réacteurs qui ont été bâtis ces dernières années, donnant ainsi naissance à une expertise qui, c'est un paradoxe, a disparu en France, l'un des pays pionniers de l'énergie nucléaire.
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