
Netflix, Amazon, Disney, et bientôt Alibaba ou Tencent…, face à une concurrence internationale qui s’intensifie, Canal+ n’a d’autre choix que de tailler dans ses effectifs. C’est le sens des déclarations faites par le président du directoire, Maxime Saada, à l’issue d’une rencontre avec les représentants du personnel mardi 9 juillet.
« Nous avons présenté un projet de réorganisation qui va se concrétiser par la mise en place d’un plan de départ de volontaires. Il concernera 492 personnes », a expliqué le patron de Canal+ lors d’une conférence téléphonique. Plus de la moitié de ces suppressions de postes affecteront la branche édition chargée de la fabrication des programmes.
Ces coupes, qui représentent 18 % des effectifs de la filiale française, toucheront les chaînes payantes ou gratuites, comme CNews (à l’exception de C8) et StudioCanal. Les négociations avec les organisations syndicales dureront toute l’année, et les premiers salariés partiront au début de 2020.
« Un manque de vision »
« Malgré la refonte commerciale, avec des offres à 20 euros, nous n’avons pas réussi à enrayer la chute des résultats. Avec ce plan, nous voulons préparer l’avenir face à des acteurs mondialisés et monothématiques, avec d’un côté des spécialistes des séries et du cinéma et, de l’autre, du sport », détaille Maxime Saada. Au premier trimestre, la filiale de Vivendi a encore perdu 228 000 abonnés, tombant à 4,6 millions de clients de ses chaînes premium Canal+. Le patron du groupe a assuré que ces dernières étaient toujours en perte.
Alors que Disney et Apple se lanceront en France à l’automne, Canal+ n’en finit pas de payer l’arrivée de Netflix, qui a conquis 5 millions d’abonnés dans l’Hexagone. « Netflix a zéro salarié en France et n’est soumis ni à la même fiscalité ni aux mêmes obligations [de financement de l’audiovisuel] », poursuit le patron, oubliant de mentionner que la réglementation permet à Canal+ de diffuser les films français rapidement après leur sortie en salle, quand Netflix doit patienter trois ans.
« C’est comme si on se réveillait ce matin en découvrant Netflix et RMC Sport », déplore Laurent d’Auria, secrétaire du comité social d’entreprise, présent à la réunion et « sidéré par l’absence de projet » justifiant ces réductions massives d’effectifs.
« La direction n’a tiré aucune conséquence des errements stratégiques de cette entreprise. Il y a un manque de vision sur la façon dont on doit s’organiser face à la concurrence. »
Pas un mot sur la Ligue 1
Face aux inquiétudes, les dirigeants rétorquent que Canal+ a commencé à se réorganiser pour faire face à cette « révolution ». « Nous avons automatisé nos plateaux de télévision, et investi dans les systèmes d’informations. Nous étions organisés en silo entre le broadcast (diffusion traditionnelle) et le replay (différé). Les mêmes équipes s’occuperont de tout », a expliqué Frank Cadoret, le directeur général adjoint.
Il est vrai que Netflix fait mieux avec moins : à la fin de 2018, le site employait 7 100 personnes, et comptait 139 millions d’abonnés dans le monde, quand Canal+ et ses 2 600 salariés recensaient 7,8 millions de clients (tous bouquets confondus). La chaîne rappelle que, pour rester attractive face aux catalogues pléthoriques des plates-formes américaines, elle investit chaque année 2 milliards d’euros en France dans ses contenus. Un budget qui reste limité par rapport aux 15 milliards de dollars (13,38 milliards d’euros) que Netflix devrait dépenser dans les programmes originaux en 2019, selon les analystes.
« Les sommes versées par Canal comprennent également les droits sportifs, l’achat de droits ou des films français qui s’exportent mal. Ce sont surtout des dépenses et non des investissements », précise un analyste financier.
Pas un mot en revanche sur la Ligue 1 de football, dont les droits ont pourtant été raflés en 2018 par Mediapro pour les saisons 2020-2024. « Tout ce que je sais, c’est que Mediapro et BeIN Sports ont remporté l’appel d’offres », a commenté Maxime Saada, qui promet que « le sport sera peu ou pas touché par le plan ». En théorie, deux solutions s’offrent au partenaire historique du football : racheter les droits, ou négocier un accord de distribution en échange d’un minimum garanti. Deux hypothèses qui coûteront cher à Canal+, Mediapro ayant accepté de verser 800 millions d’euros par an. « Il y a d’autres options », a assuré, mystérieux, Maxime Saada. Faire une croix sur le football serait suicidaire : cette discipline phare retiendrait encore jusqu’à la moitié des clients de Canal+.
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