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Télévision : la guerre Free-BFMTV en 5 questions - Le Parisien

« Cette chaîne devrait être disponible de nouveau ici prochainement. » C'est le message d'erreur que les 6,5 millions d'abonnés Freebox peuvent lire quand ils zappent sur le canal 15, où est habituellement diffusé BFMTV.

Il apparaît aussi à la place de RMC Story et de RMC Découverte, les deux autres chaînes gratuites du groupe Altice, la maison mère de SFR. Lundi soir, à 23h20, Free a décidé de couper le signal jusqu'à nouvel ordre. Un nouveau signe de la guéguerre financière que se livrent depuis des mois les deux groupes.

1 - Comment est-on arrivé là ?

Xavier Niel, le créateur de Free, et Alain Weill, patron de BFMTV, ont exhibé mardi leur profond désaccord par médias interposés. Niel, d'habitude si discret, a dénoncé dans une longue tribune parue dans « Les Échos » la « publicité mensongère et trompeuse » de son rival. « Je pense que les abonnés Free ne méritent pas la coupure », a sobrement répondu le second, invité de sa propre radio RMC.

« En langage de patron, c'est vraiment une discussion virile », résume un connaisseur. Ce qui fâche ces deux géants des télécoms et des médias ? Le montant de la rémunération que Free doit verser en échange de la diffusion des chaînes d'Altice sur ses box, mais aussi l'accès à ce qu'on appelle les « services associés » (mise à disposition de l'offre de replay directement dans l'interface Free, diffusion des chaînes en HD, etc).

Le précédent contrat est arrivé à expiration le 20 mars. Altice demande désormais 4 M€ par an. Refus catégorique de Free. Début août, le tribunal de grande instance de Paris a considéré que « Free n'a pas le droit de diffuser sans autorisation » les trois chaînes sur ses réseaux et a ordonné à l'opérateur télécom de « cesser cette diffusion, sous astreinte de 100 000 euros par jour de retard et par chaîne à compter du 27 août ». La coupure, autorisée cet été par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, était donc attendue.

2 - Pourquoi faudrait-il payer des chaînes gratuites ?

Les relations entre les fournisseurs d'accès à Internet et les chaînes de télévision ont connu une révolution au printemps 2018. Après un long bras de fer avec Canal + et Orange, TF1 a obtenu d'être rémunéré par l'ensemble des opérateurs télécoms.

« De plus en plus de Français dépensent entre 30 et 40 euros d'abonnement par mois pour une offre triple play incluant l'accès au téléphone, à Internet et à la télévision, et payent donc pour recevoir notre contenu. Jusqu'à présent, les opérateurs ne reversaient rien aux chaînes, alors que nous apportons un service qui mérite rémunération », nous expliquait à l'époque, Gilles Pélisson, le grand patron de la Une.

La chaîne M 6 a immédiatement profité de la « jurisprudence TF1 », signant des accords avec tous les fournisseurs d'accès Internet. Aujourd'hui, BFMTV demande à son tour d'en profiter. « Le modèle économique de la télévision change […], les plates-formes SVoD se répandent partout, les habitudes changent, la publicité évolue parce que les GAFA captent la bonne majorité des investissements. Les chaînes ont désormais besoin de se faire rémunérer par les opérateurs télécoms », a résumé Alain Weill mardi.

3 - Pourquoi ça bloque ?

C'est évidemment le montant du contrat qui bloque. Free propose une somme « sans commune mesure » avec les 4 M€ demandés. Free estime que peu de gens regardent le replay de BFMTV. Le désaccord est plus symbolique que financier : Iliad, la maison mère de Free, a réalisé un chiffre d'affaires en France de 4,8 milliards d'euros en 2018. Les médias français du groupe Altice ont engrangé 216 millions d'euros de recettes pubs au premier semestre 2019.

Il y a aussi une dimension personnelle : Xavier Niel a été l'un des partenaires financiers d'Alain Weill de 2009 à 2015, avant que ce dernier ne s'associe avec le milliardaire Patrick Drahi, propriétaire de SFR.

4 - Combien de temps cela va durer ?

Nul doute que les deux groupes vont se reparler très vite. L'écran noir devrait rendre mécontents beaucoup d'abonnés de Free. Et avoir des conséquences immédiates sur les audiences de BFMTV. Au printemps 2018, quand Canal a coupé le signal de TF1, la Une a perdu jusqu'à un million de téléspectateurs sur « The Voice », et son 20 heures avait été plusieurs fois battu par celui de France 2. La chaîne avait tenu une semaine… En pleine rentrée, alors que LCI, CNews et Franceinfo ont musclé leur grille, BFMTV ne résistera pas six mois.

5 - Et le téléspectateur dans tout ça ?

Pris en otage dans cette guerre entre géants des médias, les détenteurs de Freebox ont plusieurs alternatives pour continuer de regarder BFMTV. Plusieurs options : capter la chaîne en mode TNT ou avec son téléviseur connecté. On peut toujours la regarder sur Internet sur un ordinateur ou une tablette et basculer le flux sur son écran de télévision avec une AppleTV ou une clé Chromecast.

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