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Aigle Azur : après de fortes turbulences, redressement judiciaire à l'horizon - Le Monde

Dimanche 31 octobre 2010, un avion de la compagnie française Aigle Azur à l'aéroport international de Bagdad.
Dimanche 31 octobre 2010, un avion de la compagnie française Aigle Azur à l'aéroport international de Bagdad. AFP/AHMAD AL-RUBAYE

L’inquiétude sociale est vive chez Aigle Azur, une semaine après un spectaculaire coup de force d’un actionnaire. La compagnie aérienne en difficulté a convoqué, lundi 2 septembre, un comité d’entreprise extraordinaire en vue d’une procédure de redressement judiciaire.

Selon le document de convocation à la réunion au siège de l’entreprise, près de l’aéroport d’Orly, l’ordre du jour prévoit une « information-consultation sur l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire ».

La crise actuelle au sein de l’entreprise de 1 150 salariés a éclaté au grand jour le 26 août, quand l’un des actionnaires, Gérard Houa, a évincé le patron Frantz Yvelin en disant sa volonté de mettre fin aux « errements stratégiques des deux dernières années ».

« Un nouveau management »

Deux jours plus tard, nouveau coup de théâtre : une administratrice provisoire, Hélène Bourbouloux, a été désignée à la tête de l’entreprise et installée en présence des forces de l’ordre, tandis que M. Yvelin était rétabli dans ses fonctions.

Dans un entretien au Journal du dimanche, M. Houa, qui contrôle 19 % d’Aigle Azur par l’intermédiaire de sa société Lu Azur, est revenu à la charge et a assuré qu’il était soutenu dans sa démarche par les deux autres actionnaires, le groupe chinois HNA et l’homme d’affaires américain David Neeleman.

Réitérant sa proposition d’investir 15 millions d’euros pour renflouer l’entreprise, il l’a assortie de la condition de mettre en place « un nouveau management ». Pourtant, dans un courrier électronique, M. Neeleman s’était désolidarisé de l’initiative et avait affirmé que HNA « n’avait pas connaissance au préalable de l’action de Gérard [Houa] et désapprouve ce qu’il a tenté de faire ».

« L’entreprise a enchaîné les mauvaises décisions »

« L’ensemble des actionnaires a toujours dit, depuis des mois, qu’ils soutiendront celui ou celle qui pourra apporter de l’argent. J’ai moi-même toujours affirmé que je signerais ma démission sans la moindre condition si je suis un problème », a répondu Frantz Yvelin.

« Les syndicats réclamaient également ce changement, car ils redoutaient que l’ancien président ne place l’entreprise en redressement judiciaire. Le CE et les salariés me soutiennent à 100 % », selon M. Houa. « Si j’injecte ces 15 millions sous forme d’augmentation de capital, j’achèterai dans la foulée les actions de David Neeleman, et les actions de HNA ne représenteront plus qu’une petite part de l’ensemble », a-t-il expliqué au JDD.

Pour lui, depuis deux ans que M. Yvelin est à sa tête, « l’entreprise a enchaîné les mauvaises décisions », avec notamment le lancement de lignes européennes, qui « représentent à elles seules une perte de 27 millions d’euros ».

« Aucune décision stratégique, ouverture de ligne ou achat d’avion, ne peut se faire chez Aigle Azur sans l’aval du comité exécutif, dont M. Houa est membre. Il a été, en tant qu’actionnaire, au cœur de la stratégie de la compagnie », s’est défendu pour sa part M. Yvelin, invitant M. Houa à « montrer l’argent et son plan ».

Vive inquiétude des salariés

L’inquiétude des salariés est vive. Dans deux communiqués distincts, le SNPNC-FO et l’UNSA les ont appelés à se réunir à 9 heures lundi devant le siège de la compagnie. Selon FO, « 1 150 emplois » seraient « menacés » en cas d’ouverture d’une telle procédure. Cela « impliquera nécessairement une restructuration drastique », s’inquiète de son côté l’UNSA.

Le redressement judiciaire, qui doit être accepté par la justice, gèle le passif existant à l’ouverture de la procédure, pendant une période d’observation qui peut durer jusqu’à dix-huit mois. Elle doit permettre à l’entreprise de présenter un plan de continuation de ses activités avec un réaménagement de son endettement.

Aigle Azur, fondée en 1946 et dont les liaisons avec l’Algérie représentent 50 % à 60 % de l’activité, emploie 350 de ses salariés en Algérie. Elle dispose d’une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018. Elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2018, mais « perd de l’argent depuis 2012 », selon M. Yvelin, qui avait annoncé à l’Agence France-Presse à la mi-août vouloir céder ses dessertes au Portugal pour assurer la survie de l’entreprise à moyen terme.

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