Après l'Insee, l'OFCE estime que chaque mois de confinement amputera la croissance annuelle de 2,6%. Selon ses calculs, le recul de la consommation des ménages a atteint 18% dans un pays où elle représente les deux tiers de l'activité économique.
Les études se suivent et se ressemblent dans leur description de l’impact massif de la crise sanitaire sur l’économie française. Après la première estimation de l’Insee, jeudi, faisant état d’une chute de 3% du PIB hexagonal par mois de confinement supplémentaire, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) est arrivé à un résultat assez similaire dans son étude rendue publique lundi. Il évalue l’amputation du produit intérieur brut (PIB) à 2,6% par mois de confinement, ce qui coûterait pour la même durée plus de 60 milliards d’euros à l’économie française. L’OFCE en déduit que la lutte contre les faillites d’entreprise doit être la priorité absolue pour rendre possible une reprise économique post-coronavirus.
«C’est une situation complètement incroyable, sans commune mesure avec les chocs qu’on a pu connaître», en 2008 ou en 1929, a estimé Xavier Ragot, président de l’OFCE. Selon cette étude, la chute brutale de la demande est le premier facteur de récession. La modification des «comportements de consommation» du fait du confinement entraînerait une baisse de 1 point de PIB, la consommation représentant les deux tiers environ de la croissance française.
Impact variable selon les secteurs
La baisse de l’investissement pèserait, elle, à hauteur de 0,7 point, tandis que les perturbations des conditions de travail (télétravail, difficultés d’accès aux sites de travail, etc.) engendreraient une perte de 0,4 point de PIB. A elle seule, la fermeture des écoles pèserait pour 0,3 point de PIB, en empêchant 1,2 million de salariés de travailler. Enfin, d’autres effets, comme l’affaiblissement du solde commercial, en particulier celui lié au tourisme, entraînerait une perte de 0,2 point de PIB.
Comme l’Insee, l’OFCE constate que les conséquences sont très hétérogènes selon les secteurs d’activité, ce qui «justifie des mesures budgétaires et fiscales de soutien ciblées». Le tourisme et la restauration constituent les secteurs les plus touchés avec une activité paralysée à 98% selon l’OFCE. Viennent ensuite les transports (-70%), le commerce (-55%) et la construction (-51%) tandis que l’agriculture (-13%) et les services non marchands (-10%) limitent la casse. A l’inverse, d’autres secteurs apparaissent préservés comme les télécommunications, l’agroalimentaire et l’industrie pharmaceutique.
Si le confinement devait se prolonger, l’OFCE estime que la perte de PIB serait «approximativement» doublée, mais prévient que certains facteurs pourraient «aggraver» l’impact sur l’activité, en particulier une «amplification de la rupture des chaînes de valeurs», ou encore le risque de faillites d’entreprise.
En attendant le rebond
L’OFCE juge toutefois qu’une fois le confinement levé, l’économie française pourrait connaître «un rebond […] potentiellement important» du fait de l’épargne constituée par les ménages et de la «résilience du tissu productif» permise par le soutien public. «Il y a une certaine urgence à avoir une doctrine d’intervention de l’Etat […] pour éviter les faillites et pour que la reprise de l’activité en sortie de confinement se fasse dans un monde où le tissu productif soit préservé», a insisté Xavier Ragot. Mais comme le reconnaît Xavier Timbeau, lui aussi de l’OFCE, «une partie du choc ne pourra être absorbée par la puissance publique». En clair, toutes les faillites ne pourront pas être évitées. La semaine dernière, l’assureur crédit Euler-Hermès les avait évalués à 4 000 supplémentaires, soit +8%, ajoutant que sans les mesures mises en place par le gouvernement, elles auraient bondi de 20%.
Destiné à réduire l’impact de la crise sur le chômage, le dispositif de chômage partiel auquel ont massivement recours les entreprises pourrait à terme concerner «environ 5,7 millions d’emplois», soit 21% des salariés, estime enfin l’OFCE. Soit un coût de plus de 20 milliards d’euros par mois, dans l’hypothèse où il serait utilisé par toutes les entreprises éligibles. Il y a deux semaines, lors de la présentation du plan de soutien du gouvernement, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, estimait que le recours au chômage partiel pourrait coûter 8 milliards d’euros sur deux mois. Au rythme actuel, ces prévisions risquent d’être vite pulvérisées.
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