C’est bien simple, sur les 78 économistes et stratégistes interrogés par l’agence Bloomberg pour forger un consensus quant aux chiffres à attendre de l’emploi aux Etats-Unis pour le mois de mai, pas un ne s’attendait à ce que la première économie mondiale recrée aussi rapidement des « jobs », et pourtant c’est ce qu’il s’est passé. Le Cac 40 finit en forte progression de 3,71% à 5.197,79 points, en hausse de presque 11% sur la semaine (-13% depuis le début de l’année). Airbus, Unibail-Rodamco-Westfield, Société Générale et Renault signent les plus gros gains du jour ; ces actions sont aussi celles qui chutent le plus depuis le début de l’année. A Wall Street, le Nasdaq 100 des valeurs technologiques visite de nouveaux records historiques. Le S&P 500 est à moins de 6% de ses sommets.


Sur les 78 économistes interrogés par Bloomberg, le plus optimiste tablait sur une destruction de 800.000 « jobs ». Aucun ne s'attendait à des créations d'emplois.
| Crédits photo : BloombergA la surprise générale, d’après les chiffres du Bureau des statistiques du travail (BLS), les Etats-Unis ont créé 2,5 millions d’emplois le mois dernier, là où le consensus tablait encore sur des destructions (-7,5 millions après -20,7 millions en avril et -1,4 million en mars). Le taux de chômage est donc retombé à 13,3% alors que les économistes le voyaient plutôt grimper à 19%. Mais tous les groupes ethniques n’ont pas profité de l’embellie. Si chez les Hispaniques, les plus touchés par la crise, le taux est retombé à 17,6%, chez les Afro-Américains il est resté quasiment stable à 16,8%, toujours sur des plus hauts depuis 1984.


L’espoir d’une reprise en « V »
« Les chiffres des inscriptions hebdomadaires au chômage et l’ADP [enquête des créations d’emplois dans le secteur privé] pointaient tous vers une augmentation du nombre de chômeurs, alors ces chiffres [du BLS] auront besoin d’être digérés, commente Seema Shah, stratégiste en chef chez le gérant d’actifs Principal Global Investors. Cela suggère que la réouverture de l’économie a déjà commencé à guérir le marché du travail. La baisse du salaire moyen sur le mois indique que les salariés les moins bien payés - qui ont été les premiers à souffrir de la crise - retournent au travail. » « Si ces chiffres sont confirmés, cela voudrait dire que le pire est passé, ce qui serait positif pour le consommateur, la consommation et la croissance économique », se réjouit le stratégiste Sameer Samana de Wells Fargo Investment Institute. Mais beaucoup d’opérateurs de marché s’attendent à ce que ces chiffres [des créations d’emplois] soient révisés à la baisse. Par exemple, Kathy Jones, de chez Schwab Center for Financial Research, explique « pren[dre] ce chiffre avec des pincettes. […] Tout cela est sujet à beaucoup de révisions et de recalculs. »
Pour Adam Crisafulli, le fondateur du cabinet d’études de marché Vital Knowledge, ces 2,5 millions de postes créés vont certainement alimenter l’espoir de ceux qui anticipent une reprise en « V » - ce qui continuera, dans ce cas-là, à profiter aux actions des entreprises qui ont le plus souffert de la crise - mais, selon lui, l’« énormité » de ce chiffre surestime la force de la reprise économique. Ce sur quoi Donald Trump n’est pas d’accord : « C’est plus qu’un « V », c’est une fusée », a déclaré le président lors d’une conférence de presse organisée précipitamment et annoncée sur Twitter par un Donald Trump tout excité par ces « chiffres incroyables. »
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) June 5, 2020
Le dollar est en hausse, de même que les taux à dix ans des Etats-Unis, ce qui quelque part commence à inquiéter quelques stratégistes. « Cela resserre les conditions de marché », nous explique l’un d’entre eux. Surtout que la Fed, la banque centrale américaine, pourrait décider de ralentir un peu les injections de liquidités à l’économie. Et si les chiffres des créations d’emplois venaient à être confirmés, Donald Trump aurait du mal à justifier économiquement un plan de relance pour les Américains, qui passerait par des baisses d’impôts, a-t-il répété lors de sa conférence de presse. Du pur clientélisme politique à l'approche des élections.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "La Bourse complètement surexcitée par les chiffres « incroyables » de l’emploi aux Etats-Unis - Investir"
Post a Comment