
- Les données d’utilisation de la messagerie Whatsapp vont être collectées et partagées à partir du 8 février par la maison-mère Facebook.
- Cette décision, annoncée jeudi via une simple notification, a suscité de nombreuses réactions, et de vives inquiétudes de la part des utilisateurs.
- Me Merav Griguer, avocate et enseignante à Sciences-Po et Assas, spécialisée dans la protection des données personnelles, décrypte pour 20 Minutes les principaux enjeux de ce changement de réglementation pour les utilisateurs.
Les utilisateurs l’ont appris par l’envoi d’une simple notification. À partir du 8 février, il sera obligatoire d’accepter de partager ses données avec les autres entités du groupe Facebook pour pouvoir continuer à utiliser WhatsApp. Les utilisateurs de la messagerie cryptée seront en effet obligés d’accepter la mise à jour des conditions d’utilisation de l’application. « Les mises à jour des politiques de confidentialité sont courantes dans l’industrie et nous apportons aux utilisateurs toutes les informations nécessaires pour vérifier les changements qui prendront effet le 8 février », a indiqué un porte-parole du groupe.
Cette décision soudaine a suscité de nombreuses réactions, et de vives inquiétudes de la part des utilisateurs. Cette modification des conditions d’utilisation (CGU) de la messagerie cryptée soulève aujourd’hui de nombreuses questions, juridiques et technologiques. Me Merav Griguer, avocate et enseignante à Sciences-Po et Assas, spécialisée dans la protection des données personnelles, décrypte pour 20 Minutes les principaux enjeux de ce changement de réglementation pour les utilisateurs.
Pourquoi WhatsApp impose-t-il aujourd’hui ce changement à ses utilisateurs ?
À compter du 8 février, pour pouvoir continuer à utiliser l’application WhatsApp, les utilisateurs devront accepter de nouvelles conditions d’utilisation et donner le droit à Facebook [maison mère de WhatsApp], mais aussi à Instagram et Messenger, de récupérer certaines données de la messagerie. Ceux qui refuseront ces nouvelles conditions d’utilisation ne pourront tout simplement plus utiliser WhatsApp.
Le groupe Facebook est aujourd’hui clairement dans une démarche de capitalisation des données, qui était l’un des objectifs de son rachat en 2014. Le groupe cherche à monétiser WhatsApp – qui ne rapporte pas d’argent aujourd’hui – en permettant aux annonceurs de contacter leurs clients via Whatsapp, voire d’y vendre directement leurs produits, comme c’est déjà le cas en Inde. C’est une annonce faite dans une perspective business, et qui s’inscrit dans la stratégie commerciale de Facebook. Avec la pandémie de coronavirus, la messagerie a été extrêmement utilisée, tant au niveau privé qu’au niveau professionnel. Mark Zuckerberg veut aujourd’hui faire de WhatsApp l’outil central de communication du groupe.
Quelles seront les données qui seront partagées par WhatsApp ?
Les données personnelles qui seront partagées concernent les informations d’enregistrement du compte, le numéro de téléphone de chaque utilisateur, ses contacts, ses informations de profil et ses données des transactions éventuellement réalisées dans l’application. Cela concernera aussi les informations de service, celles sur comment l’utilisateur va interagir d’un service à l’autre, c’est-à-dire comment il va passer de Facebook, à Instagram jusqu’à WhatsApp. L’adresse IP sera également partagée. Évidemment, le contenu des messages, qui restent chiffrés et donc en principe confidentiels, n’est pas concerné.
Les utilisateurs européens ne seront toutefois pas soumis aux mêmes règles que les autres utilisateurs, puisque le partage en Europe et au Royaume-Uni ne concernera que les données pour des usages professionnels, pour développer les fonctionnalités offertes aux comptes professionnels WhatsApp Business. Seuls donc les usages professionnels, c’est-à-dire avec des entreprises qui utilisent la messagerie comme canal pour communiquer avec leurs clients, seront soumis à ce partage de données. Dans tous les cas, il faudra quand même accepter les nouvelles conditions d’utilisation.
Cette décision imposée sans consentement aux utilisateurs est-elle légale ?
Un débat pourrait s’ouvrir sur la base légale de ce partage d’informations. En Europe, le règlement sur la protection des données personnelles (RGPD) mentionne « l’intérêt légitime » comme l’une des bases légales sur laquelle peut se fonder un traitement de données personnelles. Selon la Cnil, le recours à cette base légale suppose que les intérêts poursuivis par l’organisme traitant les données ne créent pas de déséquilibre au détriment des droits et intérêts des personnes dont les données sont traitées. Dans ce cas, une demande d’acceptation des conditions d’utilisation suffit et Facebook est fondé à ne pas délivrer un service qui ne les accepte pas.
Mais les autorités de protection des données – de chacun des pays – pourraient contester cette base légale et estimer que les données partagées nécessitent le recueil d’un consentement éclairé. C’est-à-dire que chaque utilisateur accepte réellement le partage de ses données. On risque très probablement d’avoir dans les prochaines semaines un bras de fer entre Facebook et la Cnil, et de nombreuses plaintes qui vont obliger une nouvelle fois les régulateurs à clarifier les lignes rouges en matière de publicité ciblée.
Quelles sont les alternatives pour les utilisateurs qui refuseraient ce partage de données ?
Il n’y en a malheureusement pas, à part migrer vers d’autres messageries cryptées, comme Signal par exemple. Depuis que WhatsApp a prévenu jeudi qu’il partagerait davantage de données avec sa maison-mère, de nombreux utilisateurs se sont rués vers Signal, qui caracole en tête des téléchargements. Cette application de messagerie sécurisée, lancée en 2014 [considérée par les spécialistes comme l’une des applications sécurisées du marché] a toujours clairement indiqué qu’elle ne collecterait et ne commercialiserait aucune donnée, excepté le numéro de téléphone qui est indispensable au fonctionnement de l’application.
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