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Pourquoi Xavier Niel et Free tournent le dos à la Bourse de Paris - La Tribune

Iliad et la Bourse de Paris, c'est bientôt fini. Xavier Niel, son fondateur et propriétaire, a donné le coup d'envoi, ce jeudi, de l'offre publique de rachat des titres du groupe qu'il ne possède pas encore. Celle-ci s'achèvera le 24 septembre. A son terme, si le nombre d'actions non présentées ne pèse pas plus de 10% du capital et des droits de vote d'Iliad, une procédure de retrait de la Bourse sera enclenchée dans les trois mois suivants.

Cela ne devrait être qu'une formalité. Aujourd'hui, Xavier Niel détient déjà plus de 84% du capital d'Iliad via sa holding HolCo II, contre un peu plus de 70% le 30 juillet, lors de l'annonce de l'opération. L'offre apparaît généreuse pour les minoritaires. Son prix, de 182 euros par action, représente une prime de 61% par rapport au cours du 29 juillet. Pour Xavier Niel, ce rachat de titres pourrait lui coûter, in fine, jusqu'à 3,1 milliards d'euros.

Des réseaux très coûteux

Pourquoi diable Xavier Niel souhaite-t-il faire ses adieux à la Bourse de Paris ? Pour retrouver « sa liberté et son indépendance stratégique »dixit Thomas Reynaud, le directeur général du groupe, au Figaro le mois dernier. « Notre politique d'investissements très volontariste a créé une forte volatilité sur notre cours de Bourse, a-t-il ajouté. Nous sommes aujourd'hui dans un cycle d'investissements sans précédent avec la 5G, la fibre et notre expansion à l'international. »

Or ces dépenses, qui se chiffrent en milliards d'euros, déplaisent aujourd'hui à beaucoup d'investisseurs. Ils se demandent si ces investissements seront correctement rentabilisés dans les années à venir. Surtout, tous constatent qu'il est bien difficile, pour Free comme ses rivaux Orange, SFR et Bouygues Telecom, d'augmenter leurs marges dans un contexte de forte concurrence, et donc de guerre des prix. Les opérateurs ont bien essayé, à plusieurs reprises, de consolider le marché ces dernières années. Mais toutes les tentatives de retrouver un secteur des télécoms à trois acteurs majeurs ont systématiquement capotées. Et aujourd'hui, cette perspective semble plus éloignée que jamais.

Des investissements en forte hausse

Dans ce contexte, les offensives d'Iliad pour étendre et développer ses réseaux, comme ses emplettes à l'international, sont parfois - c'est peu dire - mal perçues. Outre les 1,6 milliard d'euros récemment proposés pour acquérir l'opérateur polonais UPC, Thomas Reynaud a rappelé qu'au premier semestre 2021, Iliad avait investi 1 milliard d'euros. « Et ce sera probablement le double sur l'ensemble de l'année », a-t-il ajouté.

Cette défiance des investisseurs, Iliad en a largement fait les frais. Si en janvier 2018, son cours flirtait avec 200 euros, il n'était plus que de 120 euros un an plus tard. En 2020, il a d'abord repris du poil de la bête, regrimpant à 170 euros, avant de dégringoler, une nouvelle fois, à 118 euros jusqu'à l'annonce, au début de l'été, de l'offre de rachat d'actions. Le cours s'est, ensuite, logiquement envolé.

Xavier Niel dans le sillage de Patrick Drahi

Le retrait d'Iliad de la Bourse se situe dans le sillage de celui d'Altice Europe, la maison-mère de SFR. Patrick Drahi, son chef de file, n'a pas hésité en janvier dernier, à débourser plus de 3 milliards d'euros pour rafler 92% du capital de son groupe, et retrouver, lui aussi, son « indépendance ». Sa démarche était très similaire à celle de son rival : à quoi bon rester coté si c'est pour essuyer les foudres d'investisseurs, dont le désamour pour les télécoms va crescendo ? Patrick Drahi et SFR n'avaient pas que de joyeux souvenir sur les marchés. En 2017, il avait essuyé une tempête boursière liée aux errements stratégiques de SFR, lesquels avaient débouché sur une fuite massive des abonnés.

Pierre Manière

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