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Chez Orange, le choix des successeurs de Stéphane Richard s'accélère - Les Échos

Publié le 25 nov. 2021 à 18:41Mis à jour le 25 nov. 2021 à 19:07

La chasse sera de courte durée. Après que l'actuel PDG d'Orange, Stéphane Richard, a démissionné mercredi soir - quelques heures après sa condamnation en appel dans l'affaire Tapie pour complicité de détournement de biens publics -, le conseil d'administration du groupe s'est réuni. Ses quinze membres se sont donné deux mois pour mettre en place une nouvelle gouvernance. En clair, recruter le successeur de Stéphane Richard. Ou plutôt les successeurs, car la dissociation des fonctions de président et de directeur général est actée. Il faut donc trouver deux perles rares en quelques semaines.

Cette course contre la montre aurait pu être encore plus stressante. Selon nos informations, les trois administrateurs représentant l'Etat au conseil plaidaient pour un départ du dirigeant dès la fin de l'année. Des syndicats minoritaires demandaient même son éviction immédiate. Mais plusieurs administrateurs indépendants, rejoints par des représentants des salariés au conseil, insistaient au contraire sur la nécessité de privilégier une transition en douceur, pour ne pas davantage perturber l'entreprise alors que les personnels d'Orange sont sous le choc. Laisser Stéphane Richard en place, au plus tard jusqu'à fin janvier, s'est imposé comme la solution médiane.

« Ça chamboule tout »

Le plus difficile reste à faire. « Ça bouleverse le calendrier. Le conseil n'était pas mûr. Ça chamboule tout », a reconnu Stéphane Richard lui-même lors d'un rendez-vous organisé jeudi par l'association des salariés actionnaires, l'AASGO. Le cabinet de recrutement Spencer Stuart avait certes déjà été missionné. Mais jusqu'ici, le conseil ne s'était penché que sur le recrutement d'un directeur général.

L'hypothèse centrale était en effet que Stéphane Richard reste président d'Orange à l'issue de son mandat actuel, qui devait finir en mai 2022. Il fallait donc « juste » trouver un directeur opérationnel « complémentaire » - si possible une femme, de formation scientifique, jeune… Ce casting n'aura pas lieu. C'est maintenant un binôme qu'il faut trouver.

Un jeu plus ouvert

En ce qui concerne le recrutement d'un directeur général, le jeu est plus ouvert que jamais. L'Etat actionnaire ne cachait pas, ces derniers mois, son souhait d'amener du sang neuf chez Orange. Mais s'il arrive à recruter une personnalité externe pour prendre la présidence du conseil, Bercy pourrait voir d'un oeil plus favorable des candidats internes à la direction générale, comme Fabienne Dulac (la patronne d'Orange France), Ramon Fernandez (le directeur financier), Michaël Trabbia (chargé de l'innovation) ou Jean-François Fallacher, qui dirige la filiale espagnole.

En externe, plusieurs personnes ont des profils intéressants : Nicolas Dufourcq (le patron de la BPI qui a fait ses armes chez Wanadoo), Delphine Ernotte (la présidente de France Télévisions, ingénieure passée par Orange), Michel Paulin (l'ex dirigeant de SFR qui pilote aujourd'hui la licorne française OVHcloud), Vivek Badrinath (le patron de la gigantesque filiale de Vodafone chargée des tours de téléphonie, X-Télécom passé lui aussi par Orange à ses débuts). Sans oublier Alexandre Bompard (le patron de Carrefour, qui a mené la transformation numérique du groupe de distribution et siège au conseil d'administration d'Orange).

La question salariale

En ce qui concerne la présidence, le choix sera peut-être moins pléthorique. Il faudrait trouver un dirigeant en fin de carrière, idéalement avec une connaissance du secteur technologique, capable de représenter le groupe à l'extérieur et à l'étranger. Et qui forme un duo efficace avec le directeur général, comme Jean-Dominique Senard et Luca de Meo chez Renault.

En un sens, Stéphane Richard avait le profil idéal. D'autant plus qu'il faudra également résoudre la question du salaire. Celui de Stéphane Richard en tant que PDG atteignait 1,6 million d'euros en 2020, en intégrant la part variable (570.000 euros) et les attributions d'actions gratuites (10.616). « Il ne faut pas venir chez Orange pour l'argent », a lâché Stéphane Richard jeudi face à ses salariés, pointant un salaire trois à quatre fois inférieur par rapport à ses pairs. « Une contrainte » pour le recrutement, selon l'actuel PDG.

En dissociant les fonctions, cette somme sera nécessairement divisée entre le président et le directeur général. Il était certes déjà prévu d'augmenter l'enveloppe totale. Mais peut-être faudra-t-il la gonfler davantage afin de s'ouvrir le plus de portes possible dans un calendrier serré.

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