L’événement constitue un authentique changement dans le paysage ferroviaire français. Le groupe espagnol CAF va devenir un acteur important de l’industrie du train en France, en reprenant l’usine de Reichshoffen (Bas-Rhin) à son actuel propriétaire Alstom-Bombardier, ont annoncé conjointement les deux entreprises, mercredi 24 novembre.
Cette cession, qui représente la contrepartie de l’acceptation, par la Commission européenne, de la fusion d’Alstom avec le canadien Bombardier, effective depuis début 2021, inclut aussi ses plates-formes de trains régionaux Coradia polyvalents, produits à Reichshoffen, et Talent 3, cette dernière étant actuellement développée à Hennigsdorf (Allemagne). Le montant total de la transaction n’a pas été précisé.
Le transfert de l’usine alsacienne, un outil industriel réalisant plus de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires et employant 740 salariés, sera effectif à compter du second semestre 2022. Il se fera sans suppressions de postes, CAF assurant la production des contrats déjà en cours sur le site, en particulier les trains à hydrogène acquis par quatre régions françaises (Alstom-Bombardier conservera la maîtrise du système de traction produit à Tarbes), ainsi que les matériels destinés au Charles-de-Gaulle Express. Seul un petit contrat de trains pour l’Algérie restera dans le giron d’Alstom. Quant à la reprise de la plate-forme Talent 3, elle concernera le transfert de la propriété intellectuelle et de 25 ingénieurs sur 100.
La désignation finale de CAF n’était pas gagnée d’avance, l’espagnol ayant, dans un premier temps, été retoqué car son offre initiale n’incluait pas Talent 3. Un seul candidat, Skoda Transportation (aucun lien avec le Skoda automobile, filiale de Volkswagen), paraissait favori, mais les négociations exclusives n’ont pas abouti à l’échéance du 31 juillet 2021, et un délai supplémentaire a été accordé à Alstom par la Commission pour trouver un repreneur.
« La meilleure option pour les salariés et les clients »
CAF s’est finalement imposé après le retrait de Skoda, grâce à un dossier social et industriel plus solide, ont révélé Les Echos, mardi 23 novembre. « C’était la meilleure option pour les salariés et les clients », admet-on du côté d’Alstom-Bombardier. Le porte-parole de l’intersyndicale CGT/FO/CFE-CGC de Reichshoffen, Daniel Dreger, a salué « une nouvelle qui rassure les salariés », CAF étant en train de « gagner beaucoup de contrats et de grignoter des parts de marché (...) ». « Ils ont une charge de travail conséquente par rapport à ce que Skoda pouvait nous amener. Par ailleurs, il faut savoir que Alstom ne nous laisse pas tomber et nous amène une charge de travail jusqu’à mi-2026, en ce qui concerne les études et la production industrielle », a-t-il ajouté.
D’une certaine manière, avec cette affaire, Alstom-Bombardier adoube CAF comme son principal rival sur le marché français. Celui-ci, dont le siège se trouve au Pays basque espagnol, a récemment gagné quelques contrats au nez et à la barbe du géant français (RER et trains Intercités pour la SNCF) et a investi 25 millions d’euros sur son site historique de Bagnère-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) pour pouvoir y répondre industriellement.
Dans ce contexte, le gain de Reichshoffen est incontestablement un joli trophée pour le groupe ibérique et le président de CAF France, Alain Picard. Avec ses 3 milliards de chiffre d’affaires et ses 10 milliards de contrats, l’Espagnol reste un groupe à la taille modeste comparé à Alstom-Bombardier (15 milliards de chiffre d’affaires, 76 milliards de contrats), numéro deux mondial du train et toujours hégémonique en France.
Cependant, l’acquisition lui permet un accroissement non négligeable de 10 % de son chiffre d’affaires. Elle lui fournit en outre un outil industriel ainsi qu’une position géographique lui permettant de nourrir des ambitions plus élevées dans l’Hexagone, et une base pour attaquer le marché allemand.
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