Elon Musk aurait sans doute souri s'il avait entendu le discours de Bruno Le Maire. Dix ans après avoir snobé le « cow boy » considéré à l'époque comme un doux rêveur pour ne pas dire un huluberlu, la France se place donc dans son orbite. En déplacement sur le site de Vernon où sont testés les gros moteurs de la fusée européenne, le ministre de l'économie a indiqué qu'ArianeGroup allait développer, à son tour, un mini lanceur réutilisable concurrent de l'engin américain. « Nous aurons un SpaceX en 2026 » a assuré le ministre tout en reconnaissant que « le délai (était) court ». Une confirmation de ce qu'avait annoncé Emmanuel Macron lors de la présentation de son plan 2030.
Pour y parvenir, Bruno Le Maire plaide pour une approche en rupture avec la précédente. Pas question d'adopter un mode opératoire similaire à celui déployé pour le programme Ariane, dont le pilotage trop "institutionnel", selon ses propos, a montré ses limites. Cette fois, on oublie le partage des tâches, objet de chamailleries. Français, Allemands et Italiens feront cavalier seul avant - peut-être - de se rassembler dans la dernière ligne droite. Objectif : challenger les grands acteurs industriels européens dans l'idée que « le meilleur gagne ». « Il est bon de remettre un peu de rivalité et de compétition dans le monde de l'espace », théorise le locataire de Bercy.
Place aux jeunes
S'agissant de la France, Bruno Le Maire - comme d'ailleurs Emmanuel Macron - compte sur les jeunes pousses comme Venture Orbital Systems (micro-lanceurs pour satellites) ou HyperSpace (lanceurs à motorisation hybride) pour bousculer leurs puissants aînés. « Airbus, Safran et Thales n'ont pas à avoir peur. Les petits acteurs ont faim, c'est bien qu'ils forcent les portes ». Pour les y aider, il promet que « les deux tiers» de l'enveloppe de France 2030 voués aux projets de mini lanceurs (1,5 milliard d'euros) iront aux start-up et aux PME.
Cela suffira t-il aux acteurs hexagonaux du NewSpace pour se ménager une place au firmament ? C'est à voir d'autant que la concurrence est rude, y compris sur le vieux continent. Allemands et Italiens possèdent également quelques entreprises qui ne demandent qu'à grandir au rang desquelles Vega, filiale du groupe italien Avio ou encore Rocket Factory Augsbourg, entité appartenant au fabricant de satellites bavarois OHB. Lequel annonce le décollage imminent d'un premier micro-lanceur.
Ariane 6 : « couper le sifflet » aux Cassandre
Avant d'espérer mordre les mollets de SpaceX, l'Europe devra amener son nouveau lanceur lourd à bon port. Bien que deux fois moins chère que son aînée numérotée 5, Ariane 6 qui s'élancera pour la première fois en 2022 n'a pas encore rempli son carnet de commandes. Et ce malgré les promesses (récentes) de l'Allemagne d'y recourir pour envoyer ses satellites.
Pour atteindre l'équilibre économique, Ariane 6 devra réaliser au moins quatre lancements pour le compte des États européens - c'est acté - mais aussi trois lancements privés qui manquent encore à l'appel. « Il faut que nous réussissions pour prouver qu'Ariane 6 était la bonne solution et pour couper le sifflet à ceux qui n'y croient pas » a martelé Bruno Le Maire devant les dirigeants d'ArianeGroup réunis au grand complet à Vernon. Le message n'a pas du tomber dans l'oreille de sourds.
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