C'est l'une des conséquences les plus préoccupantes de la guerre en Ukraine : la flambée des prix des matières premières dont les Russes et les Ukrainiens sont de grands producteurs. Energie, métaux, céréales… la plupart des secteurs sont affectés.
Après avoir atteint des sommets la semaine dernière, les prix sont repartis à la baisse mais ils demeurent à des niveaux élevés. Et les incertitudes, tant sur le conflit militaire que sur les pourparlers et les sanctions occidentales, pourraient entraîner de nouvelles fluctuations des prix.
Ces hausses pourraient accroître l'inflation record déjà enregistrée en 2021 en raison des tensions sur le marché de l'énergie et des goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement. Le retour à la croissance pourrait ainsi se muer en un retour à la « stagflation » : la hausse des prix et l'absence de croissance.
Ces chocs font aussi monter les risques, notamment de famine dans certaines régions du monde et d'instabilité politique. Quelques graphiques permettent de visualiser leur ampleur.
Le gaz et le pétrole toujours 40 % plus chers
Les cours du gaz et du pétrole ont atteint un pic en début de semaine dernière, alors que montaient les craintes d'un embargo occidental sur les hydrocarbures russes, ou d'un arrêt des livraisons par Moscou. La Russie est en effet le premier exportateur mondial de gaz et le deuxième de pétrole.
Ils sont, depuis, repartis à la baisse, alors que les inquiétudes pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe s'apaisaient, mais aussi avec la reprise des pourparlers entre responsables russes et ukrainiens. Les prix étaient aussi affectés en ce début de semaine par les nouveaux confinements en Chine .
Le prix du gaz naturel à Rotterdam, le contrat de référence en Europe, est toujours supérieur de 40 % à celui du début de l'année, après avoir atteint un record absolu il y a une semaine à 345 euros le MWh, quasiment le double de son prix en début janvier. Il fait monter, par ricochet, le prix des engrais dont le gaz est indispensable à leur fabrication.
Du côté du Brent, référence européenne du pétrole, le prix du baril restait en ce début de semaine 30 % plus cher qu'au 1er janvier, après avoir atteint mardi dernier un sommet, proche du record historique de 2008. Les cours baissaient fortement ce mardi, alors que la reprise épidémique en Chine alimente les craintes pour la croissance mondiale, au point de refaire passer le baril sous la barre des 100 dollars.
Le prix du blé en hausse de 40 %
Le conflit a aussi provoqué un choc majeur pour les matières premières alimentaires. Depuis le début de l'année, le prix du blé a bondi : +44 % sur le marché à terme de Chicago, +33 % sur le marché parisien, référence en Europe. Ceux du soja et du maïs ont aussi grimpé de près de 30 %.
La Russie et l'Ukraine pèsent en effet très lourd dans les exportations mondiales de ces denrées. Les deux pays produisent à eux seuls un quart du blé exporté dans le monde, 21 % de l'orge et 17 % du maïs. Une quinzaine de pays, comme la Finlande et la Turquie, achètent plus de 80 % de leurs importations de blé aux deux belligérants.
L'Ukraine a annoncé la semaine dernière l'interdiction d'exporter des céréales pour les réserver à sa propre population. La Russie a, de son côté, interdit les ventes de céréales et d'engrais aux pays qui ont pris des sanctions contre elle, mais aussi à de nombreux autres pour sécuriser l'alimentation des Russes. Les pays du G7 ont pour leur part demandé vendredi à la communauté internationale d'éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires.
Le commerce du nickel toujours suspendu
Du côté des métaux, le bond le plus spectaculaire concerne le nickel , dont la Russie est le troisième producteur au monde : le prix de la tonne de ce métal utilisé notamment dans les batteries de voitures électriques a été multiplié par trois et demi entre lundi et mardi de la semaine dernière, pour atteindre 100.000 dollars la tonne. Du jamais-vu. Le London Metal Exchange (LME) a pris la décision de suspendre la cotation, qui ne reprendra que mercredi 16.
Le métal s'échangeait pour 80.000 dollars au moment de l'arrêt des transactions. Un montant tellement déconnecté des fondamentaux du marché que le LME a annulé toutes les transactions passées mardi matin - pour faire repasser le cours à 48.033 dollars - car un tel prix mettait en péril la solvabilité de nombreux courtiers.
Cette brusque hausse ne s'explique pas uniquement par le conflit en Ukraine et les sanctions économiques contre Moscou, mais aussi par une opération de spéculation du magnat chinois des métaux Xiang Guangda.
Le palladium à un record
Parmi les autres métaux affectés par la guerre, le palladium a aussi vu son prix grimper depuis le début de l'année. Ce métal précieux utilisé par l'industrie automobile et pour la fabrication de semi-conducteurs n'est pourtant pas visé par les sanctions occidentales prises à l'encontre de la Russie. Mais son transport qui se fait habituellement par avion est perturbé par l'interdiction faite aux appareils russes de pénétrer dans l'espace aérien européen. Or la Russie réalise aujourd'hui plus de 40 % de la production mondiale de ce métal.
Après avoir atteint lundi dernier un plus haut historique à 3.442,47 dollars l'once, le prix du palladium est reparti à la baisse. Il reste supérieur de 44 % à son prix du 1er janvier.
Autre record, l'aluminium, également dépendant des exportations russes, a dépassé pour la première fois de son histoire lundi dernier la barre des 4.000 dollars la tonne. Son prix est aujourd'hui 20 % plus élevé qu'en début d'année. Le cuivre a également touché la semaine dernière un nouveau plus haut historique.
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