54,20 dollars. C’est le montant très sérieux auquel Elon Musk a proposé de racheter les actions de Twitter… Mais c’est aussi un clin d’œil au cannabis, surnommé « 4/20 » en argot américain, en référence à l’habitude de fumer des joints à 4 h 20 de l’après-midi. Comme souvent avec le fondateur de Tesla et SpaceX, la flamboyance entrepreneuriale côtoie la provocation potache, avec un art consommé du contre-pied. L’offre publique d’achat surprise, lancée jeudi 14 avril par l’homme le plus riche du monde, a plongé le monde des affaires et des médias – et Twitter – dans un moment d’excitation aux accents surréalistes. La manœuvre capitalistique hostile suscite d’autant plus de conjectures qu’elle comporte, outre son volet économique, une importante dimension politique.
Twitter « ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale [de liberté d’expression] dans sa forme actuelle », a expliqué M. Musk dans une lettre adressée au conseil d’administration. Avant de lancer, avec son aplomb habituel : « Twitter a un énorme potentiel. Je vais le réaliser. »
Le prix proposé par Elon Musk dans son offre publique d’achat valorise à 46 milliards de dollars (42,3 milliards d’euros) l’entreprise dont il possède déjà 9 % du capital. L’acheteur est donc prêt à débourser un « premium », c’est-à-dire une bonification de 21 % par rapport au cours d’ouverture du titre jeudi, et de 54 % par rapport à celui du 28 janvier, date à laquelle il a discrètement commencé à investir dans Twitter, jusqu’à devenir son premier actionnaire. Ce raid à bas bruit a été révélé le 4 avril dans des documents du gendarme boursier américain. Pris au dépourvu, les dirigeants de Twitter ont alors proposé au nouvel actionnaire d’entrer au conseil d’administration, avant que l’intéressé ne refuse, le 11 avril, dans un nouveau coup de théâtre. C’était en fait probablement une tactique pour avoir les mains plus libres juridiquement.
« Je ne joue pas au jeu classique des allers-retours », préférant « aller directement au but », explique aujourd’hui Elon Musk au conseil d’administration, dans sa lettre annonçant son OPA inamicale. Dans la foulée, le réseau social a annoncé qu’il allait « examiner avec attention » l’offre.
Un réseau social encore déficitaire
Twitter est, bien plus que les autres réseaux sociaux, une cible atteignable, parce qu’il est dans une situation économique bien plus précaire que Facebook (2,9 milliards d’utilisateurs), YouTube (groupe Alphabet-Google, 2 milliards d’utilisateurs) ou TikTok (1 milliard d’utilisateurs). Son chiffre d’affaires représentait 5 milliards de dollars en 2021, soit une part du marché de la publicité en ligne d’environ 1 %, selon l’agence Insider Intelligence. Malgré près de 220 millions d’utilisateurs actifs quotidiens, l’entreprise n’a jamais trouvé une réelle stabilité financière, et n’est toujours pas rentable. Sa croissance a ralenti ces derniers mois, et son modèle économique, basé presque exclusivement sur la publicité, a été touché par la crise liée à la pandémie. En 2021, malgré une remontée de 37 % de son chiffre d’affaires, l’entreprise perdait encore 221 millions de dollars.
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