
C’est un premier plan social depuis l’arrivée d’Élisabeth Borne à Matignon. Le fabricant français de tubes sans soudures Vallourec a annoncé, ce mercredi, son intention de supprimer quelque 2 950 postes dans le monde, dont 320 en France.
Dans le détail, le groupe a fait part, dans un communiqué, d’une réduction « d’environ 2 400 postes » à la suite notamment de la fermeture de ses sites allemands, ainsi que la suppression « d’environ 550 postes » dans des fonctions support. Mi-novembre, à la sortie d’un long processus de restructuration financière, Vallourec avait annoncé la mise en vente de ses activités allemandes et l’arrêt de la fabrication en Europe de tubes pour l’industrie. Elle prévoyait le transfert d’une partie de ses activités au Brésil.
« Nous demandons à Vallourec que les conséquences du plan sur les activités françaises soient minimisées et nous exigeons un maintien et un renforcement du pôle de forge, filetage, recherche et développement d’Aulnoye-Aymeries (Nord) » a réagi Bercy après l’annonce, mercredi soir.
Une réunion en urgence ce vendredi
Depuis la dernière restructuration du groupe en 2021, l’État contrôle encore 2,3 % du capital de Vallourec via la Banque publique d’investissement (BPI). Pour le président LR de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, « la politique continue d’abandon du groupe de ses activités industrielles en France n’est pas acceptable » a-t-il écrit sur Twitter. Il a précisé avoir obtenu du PDG « une réunion en urgence » ce vendredi avec les représentants des salariés, élus locaux et direction.
Selon l’entreprise, c’est parce qu’aucun « acheteur crédible n’a été identifié » pour les activités allemandes, que leur fermeture a été annoncée. Ceci « entraîne une rationalisation supplémentaire des autres actifs européens en charge de la finition des tubes laminés en Allemagne », a ajouté Vallourec. Et notamment la fermeture de la « ligne de traitement thermique » de l’usine française de Saint-Saulve (Nord).
250 supprimés dans le nord de la France
Sur les 550 postes supprimés dans le reste du monde, 70 sont en Écosse, concernés par l’arrêt de l’activité de filetage dont les volumes seraient rapatriés à Aulnoye-Aymeries et « 320 en France, dont 65 au siège » de Meudon (Hauts-de-Seine), a détaillé le PDG Philippe Guillemot, lors d’une conférence téléphonique.
Quelque 250 postes seront supprimés dans le nord de la France : un peu moins d’une centaine sur le site de Saint-Saulve, une centaine à Aulnoye-Aymeries et les autres sur le centre de services partagés de Valenciennes, a précisé Philippe Guillemot, nommé il y a moins de deux mois pour achever la restructuration du groupe et le rendre plus rentable.
Les premiers départs pourraient intervenir à compter de fin 2022, et s’étaler « sur toute l’année 2023, en particulier sur l’Allemagne ». Ce pays va continuer à produire aussi longtemps que les volumes faits en Allemagne ne sont pas transférés au Brésil, selon le PDG.
Des « solutions » pour une partie des postes
« On est fatalistes, on s’en doutait (…) c’est la fermeture du site purement et simplement », a réagi devant la presse Michaël Tison, délégué CFDT de Saint-Saulve, à la sortie de l’usine où l’annonce a été faite aux salariés. « Vallourec a eu de l’argent public pour faire des investissements au Brésil ou en Chine, ils vont là-bas construire des usines et c’est la France qui trinque », a-t-il déploré.
« On est dégoûtés mais on s’y attendait, depuis des années il y a des restructurations et nous, on voit l’activité qui baisse d’année en année, c’est une fatalité. Quand j’ai commencé il y a une vingtaine d’années on était 1 200, 1 300, maintenant on est 97 », a réagi Frédéric Boucaut, 46 ans.
Philippe Guillemot a affirmé sa volonté de permettre « le reclassement de nos collaborateurs dans un emploi hors du groupe quand ça devra être le cas », sans toutefois détailler l’enveloppe prévue. « On a déjà des solutions pour un tiers des postes supprimés en France, entre les retraites, les préretraites et les reclassements internes », a-t-il indiqué.
« C’est une étape nécessaire et pour ne pas dire vitale », a assuré le PDG, selon qui ces décisions doivent « permettre au groupe d’être profitable quelles que soient les conditions de marché ». Il souhaite partir à l’assaut de nouveaux débouchés pour les tubes produits par le groupe et le positionner « comme un acteur clé de la transition énergétique et d’une économie décarbonée », notamment en se positionnant dans « le stockage de l’hydrogène, la capture, la séquestration du carbone ».
Le groupe a réalisé 916 millions d’euros de chiffre d’affaires au premier trimestre 2022, en progression de 30,5 % par rapport à la même période en 2021, réduisant sa perte nette à 35 millions d’euros contre 93 millions d’euros l’an dernier sur la période.
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