Depuis plusieurs jours, le carburant est devenu une denrée rare en France. Et quand elle est disponible, cette denrée est aussi plus onéreuse. L'une des raisons ? La hausse significative des importations des produits pétroliers finis pour compenser l'affaissement de la production nationale de raffinage.
Chaque année, la France consomme 46 millions de tonnes de carburant liquide pour le transport. Le gazole représente environ 75% de cette consommation et l'essence 25%. Concernant l'essence, l'activité de raffinage en France couvre habituellement la totalité des besoins nationaux et elle est même légèrement excédentaire. Une petite partie de l'essence produite sur le territoire est donc exportée. En revanche, ce n'est pas du tout le cas pour le gazole, où l'Hexagone importe de l'ordre de 50% de sa consommation.
La France importe de l'essence, alors qu'elle est traditionnellement exportatrice
Face au mouvement de grève qui touche quasiment toutes les raffineries de l'Hexagone (six sur sept, seule celle de Lavéra, dans les Bouches du Rhône, détenue par Pétroineos, n'a pas débrayé), les opérateurs sont contraints d'importer davantage de carburants. Ainsi, depuis plusieurs jours, la France importe de l'essence, alors qu'elle est normalement exportatrice et elle importe aussi plus de gazole que d'habitude, explique-t-on à l'Ufip Energies et Mobilités, qui représente les professionnels du secteur.
Selon cette organisation, ces hausses d'importations sont significatives, mais impossibles à chiffrer très précisément pour l'instant. Et pour cause, les volumes d'importations ne sont pas connus en temps réel. Ils ne seront consolidés que dans quatre mois par les services des douanes.
On peut cependant considérer qu'elles ont augmenté de l'ordre de 50% par rapport au niveau habituel, afin de compenser l'arrêt de production des trois plus grosses raffineries françaises, que sont les raffineries Esso de Fos-sur-Mer (Bouches du Rhône) et de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine Maritime) ainsi que la raffinerie de Normandie basée à Gonfreville-l'Orchet (Seine-Maritime) et opérée par TotalEnergies.
Appel aux pays voisins
« L'Etat ne joue aucun rôle sur les importations. Les carburants sont importés par les opérateurs », explique Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). Des opérateurs, il en existe une vingtaine en France. Parmi eux : TotalEnergies, Esso-ExxonMobil, mais aussi BP, Avia, Bolloré ou encore les centrales d'achats des grandes surfaces.
Pour importer rapidement davantage de produits pétroliers finis, ces entreprises se tournent notamment vers les ports de Rotterdam et Anvers, dont les capacités de raffinage sont très importantes. Et dans une moindre mesure vers le Luxembourg et la Belgique, où les carburants sont acheminés par des camions-citerne.
Ces opérations d'importation ont été réalisées en dehors des contrats d'approvisionnement. Ces contrats annuels ne couvrent jamais la totalité des besoins des opérateurs et sont habituellement complétés par des achats sur le marché spot. C'est sur ce marché que sont effectuées aujourd'hui les importations en urgence. Or, ce marché est très tendu depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine et l'entrée en vigueur imminente de l'embargo sur le pétrole brut russe (décembre 2022) et sur les produits raffinés (janvier 2023).
Surcoût lié au marché spot
Résultat, « les achats spot ne se font pas à prix d'amis », constate un expert du secteur. A cela s'ajoutent les marges de raffinage et le coût des transports. « Les stations indépendantes, qui représentent 8% des parts de marché en France, n'ont pas de contrat d'approvisionnement. Elles s'approvisionnent exclusivement sur le marché spot. Elles font donc face à des surcoûts de l'ordre de 20 centimes du litre hors TVA, soit une répercussion de 24 centimes pour le consommateur », explique Frédéric Plan.
Le gazole en vrac, c'est-à-dire, celui qui ne passe pas par le réseau de stations services, mais qui est livré directement aux transporteurs et sur les chantiers subit également une surcote. Cela représente 25% du gazole livré en France. Les capacités de raffinage de la France ont progressivement diminué au cours des dix dernières années. En 2021, elles s'élevaient à 1,14 million de barils par jour, soit près de deux fois moins que les capacités allemandes (2,1 millions de barils par jour), selon le dernier rapport annuel de BP.
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