Les 512 magasins Camaïeu ferment définitivement leurs portes. Les clients se pressent pour profiter d'un destockage exceptionnel dont les bénéfices seront destinés aux salariés de l’entreprise, selon la direction.
Dernier jour avant fermeture définitive des magasins Camaïeu, un marque créée il y a 40 ans. Depuis ce matin, avant même leur ouverture, les clients se pressent pour profiter d'un destockage d'ampleur dont les revenus reviendront aux 2600 salariés licenciés. La presse quotidienne régionale constate des files d'attente devant les magasins qui ont annoncé des remises allant jusqu'à 50%.
Dans un message posté sur les réseaux sociaux, la direction a promis que les bénéfices de cette dernière grande vente "seront destinés aux salariés de l’entreprise, dans le cadre du Plan de Sauvegarde de l’Emploi". Par contre, il sera impossible de retourner les achats. Pour en bénéficier, il faut se déplacer puisque les ventes en lignes ont été suspendues depuis une semaine.
La situation de l'enseigne de prêt-à porter nordiste ne s'est pas redressée depuis sa reprise il y a deux ans par Hermione People and Brands (HPB), actionnaire de Camaïeu et filiale de La Financière immobilière bordelaise (FIB). Le groupe dispose en France de 512 magasins.
"Ces deux dernières années ont été douloureuses pour les équipes, on a tenu les magasins à bout de bras. Il va y avoir un processus de deuil, on a perdu notre travail", déclare à BFMTV Sandra Sarrouy, vendeuse pour Camaïeu depuis 29 ans et déléguée du personnel CFDT.
"Refaire un CV à 53 ans"
La liquidation judiciaire de Camaïeu, prononcée mercredi, est la dernière manifestation en date des difficultés du secteur de l'habillement. Celui-ci n'a pas été aidé par son classement en activité "non essentielle" lors des confinements de l'économie pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. Les magasins ont dû garder porte close une bonne partie de 2020 et de 2021, pénalisant les entreprises qui réalisaient l'essentiel de leurs ventes en boutiques.
"Le tribunal convertit le redressement en liquidation judiciaire", a déclaré son président à l'issue d'une audience d'environ trois heures et d'un délibéré express.
"C'est une grande déception", a réagi le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure. "Le plan de reprise était très peu instruit avec un plan d'affaires qui tient sur une page. Je ne suis pas capable (dans ces conditions) d'engager les deniers publics. Je regrette qu'on en soit arrivé là", a-t-il déclaré.
Des reclassements
Désormais, pour salariés, majoritairement des femmes, c'est un voyage vers l'inconnu. Beaucoup ont fait l'essentiel de leur carrière chez le géant du prêt-à-porter féminin, fondé en 1984 à Roubaix.
"C'est très angoissant de se dire qu'à 53 ans, il va falloir refaire un CV, repartir dans une recherche d'emploi", confie Sandra Sarrouy.
"D'un point de vue social, ça va être compliqué car le marché du prêt-à-porter est sous forte pression", pointe pour sa part Adrien Guérin, analyste chez Scope Ratings, pour qui les banqueroutes vont s'accélerer dans le secteur.
Dès le couperet tombé, le ministre délégué à l'Industrie Roland Lescure s'est engagé à "accompagner les salariés". Des reclassements pourraient être envisagés au sein des autres enseignes de HBP parmi lesquelles GO Sport et la Grande Récré. Mais à ce jour, ni le soutien de l'Etat, ni ces reclassements n'ont été précisés.
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