Pays où le charbon est roi, la Pologne bascule elle aussi dans le nucléaire. Et si cette décision constitue une bonne chose pour la lutte contre le réchauffement climatique, la décision va néanmoins faire grincer des dents en Europe, en France notamment. Car Varsovie a choisi le groupe américain Westinghouse pour construire sa première centrale nucléaire en 2033, et non EDF qui était candidat pour ce contrat auquel prétendait également le groupe sud-coréen KHNP. Le groupe américain a été choisi « pour la première partie du projet nucléaire polonais d'un montant de 40 milliards de dollars », a annoncé la secrétaire américaine à l'Energie, Jennifer Granholm.
« Nous confirmons que notre projet d'énergie nucléaire utilisera la technologie fiable et sûre de @WECNuclear » (Westinghouse, ndlr), a écrit sur Twitter, a annoncé vendredi le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, précisant que la décision serait officiellement entérinée au cours d'un conseil des ministres à Varsovie mercredi prochain.
Des liens étroits entre Washington et Varsovie
Une décision qui ne surprend guère au regard des liens étroits entre Varsovie et Washington et des décisions déjà prises par la Pologne dans le passé dans d'autres secteurs stratégiques comme la défense et l'aéronautique. De quoi renforcer les critiques en Europe à l'encontre de la Pologne qui ne joue pas la carte européenne alors qu'elle a bénéficié depuis son entrée dans l'Union européenne en 2004 d'aides colossales de Bruxelles pour assurer son développement.
Pour autant, la Pologne a toujours privilégié les Etats-Unis car elle est convaincue que Washington sera plus prompt à l'aider que l'Europe en cas d'attaque de la Russie. Un sentiment qui s'est renforcé avec la guerre en Ukraine. Fin mars, un mois après le début de la guerre, lors de la visite de Joe Biden en Pologne, le président polonais Donald Tusk, avait annoncé des accords de défense avec les Etats-Unis et avait ouvertement déclaré que le nucléaire civil passerait par un partenariat avec Washington.
« Je crois fermement que ce partenariat que nous avons entre les États-Unis et la Pologne pour le développement de l'énergie nucléaire dans notre pays, en étroite coopération entre nos deux États, sera mis en œuvre et finalisé. J'ai ici avec moi le ministre Piotr Naimski, qui est responsable de ce programme du côté polonais. Et je suis persuadé qu'avec les entreprises américaines, mais sous le fort patronage de la Maison Blanche, nous serons en mesure de mettre en œuvre avec succès ce programme dans un avenir proche, car la Pologne en a grandement besoin », avait déclaré le président polonais, selon un compte-rendu à l'époque de la Maison Blanche.
« C'est un pas énorme dans le renforcement de nos relations avec la Pologne pour les générations à venir », s'est quant à elle félicitée Jennifer Granholm.
« Une sécurité interdépendante pour les décennies à venir »
Un haut responsable du gouvernement américain s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a toutefois révélé que l'accord se chiffrait en « milliards » de dollars et créerait « des milliers d'emplois bien rémunérés ». « Il ne s'agit pas seulement d'un projet énergétique commercial, il s'agit de la façon dont nous définirons ce que j'appellerais une sécurité interdépendante pour les décennies à venir » , a encore déclaré ce responsable.
La Pologne prévoyait depuis des années de se doter de la capacité de produire de l'énergie nucléaire à des fins civiles et la question de la sécurité énergétique est devenue plus urgente en raison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La décision polonaise « envoie un message sans équivoque au (président russe Vladimir) Poutine sur la force (...) de l'alliance américano-polonaise », a poursuivi le responsable.
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