Le tribunal de commerce a préféré cette offre à celle des salariés.
C'est la fin d'un des plus importants groupes coopératifs de France. Placée en redressement judiciaire depuis septembre, la société Scopelec, spécialiste du déploiement et de la maintenance des réseaux cuivre et fibre et sous-traitant des opérateurs télécoms, va voir la majorité de ses activités être reprises par la société Circet, qui compte 3800 salariés en France et 15. 350 dans le monde.
L'offre de ce rival, détenu par le fonds d'investissement britannique ICG, a été préférée par le tribunal de commerce de Lyon à celle de Newscope. Cette dernière avait été montée par la direction de Scopelec, avec le soutien de 700 salariés, qui s'était engagé à verser un total de 1 million d'euros pour conserver le modèle coopératif.
« La déception est forte, car notre dossier avait été reconnu comme solide et était mieux disant socialement », explique un porte-parole de Newscope.
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Ce dernier prévoyait la sauvegarde de près de 1500 des 2 300 emplois de la société. Circet, dont la proposition a été jugée financièrement plus solide par le tribunal, ne gardera que 1 049 salariés de Scopelec. Le nouveau propriétaire ne reprendra pas les activités des zones Réunion-Mayotte, Sud-Est, ainsi que la branche « usages et services ».
Qualité de service
Scopelec était un sous-traitant historique d'Orange. Mais la perte, durant l'été 2021, de la moitié de ses contrats chez l'opérateur à la suite d'un appel d'offres a déstabilisé la coopérative, qui a fini par se placer sous la protection de la justice en mars 2022. Ces contrats perdus représentaient 200 millions d'euros, soit 40 % des revenus de la coopérative, très dépendante de l'opérateur historique. Un plan de sauvegarde de l'emploi a été lancé en juillet. Une partie des salariés n'a pas attendu l'épilogue du dossier pour partir chez la concurrence, notamment chez les nouveaux attributaires des contrats Orange.
On aurait eu plus de chances d'expliciter notre projet, plus de vérité, sans la pression d'Orange, qui a troublé le libre arbitre de la justice commerciale
Cyrille Rocher, directeur de l'union régionale des Scop en Occitanie
L'opérateur justifie d'avoir retiré certains marchés à Scopelec par la qualité insuffisante de ses prestations techniques. Cette question est brûlante chez les opérateurs télécoms, tant leurs clients ont à se plaindre de problèmes liés à l'installation de la fibre. Scopelec affirme avoir redressé la barre en 2022 et reproche à Orange de ne pas avoir adopté « une neutralité bienveillante » à l'égard de leur proposition lors des audiences. « On aurait eu plus de chances d'expliciter notre projet, plus de vérité, sans la pression d'Orange, qui a troublé le libre arbitre de la justice commerciale », assure Cyrille Rocher, directeur de l'union régionale des Scop en Occitanie, région où est basée Scopelec.
Des élus de gauche tels Carole Delga, Grégory Doucet et François Ruffin avaient interpellé l'État courant décembre afin qu'il soutienne le projet Newscope au nom, notamment, de la sauvegarde de la souveraineté dans le secteur des télécoms. Les salariés de Scopelec avaient également interpellé le 16 décembre le président, Emmanuel Macron. Sans résultat. La prise de contrôle de Scopelec par Circet devrait intervenir au printemps.
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