
Manifestation d'employés de l'usine de Buitoni à Caudry contre la fermeture de leur usine le 13 mars 2023 ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
"Non à la fermeture": soutenus lundi par le ministre de l'Industrie, les employés de Tereos à Escaudoeuvres et de Buitoni à Caudry ont manifesté leur colère face à la fermeture, actée ou annoncée, de leurs usines qui emploient plus de 300 personnes dans le Cambrésis.
"Ça fait deux sales nouvelles pour un territoire" déjà "frappé par un chômage fort", a déploré le ministre Roland Lescure à l'issue d'une visite sur les deux sites.
A Caudry, jusqu'à un demi-millier de personnes, salariés, élus et habitants, se sont rassemblées dans la matinée devant l'usine, où ont été produites les pizzas surgelées suspectées d'avoir provoqué la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres par la bactérie Escherichia coli.
Certains étaient en tenue de travail, d'autres ont craqué des fumigènes ou brandi des pancartes de fortune sur de larges draps blancs: "Entre mensonges et trahison, sauvons nos emplois" ou encore "Nestlé doit assumer".
Près de 200 personnes travaillent dans cette usine, dont Nestlé vient de suspendre l'activité, à cause d'une chute des ventes.
"Il y en a beaucoup qui y croient encore, mais pour moi, c'est fini", estime parmi les manifestants Jérémy Denimal, 28 ans, salarié depuis 7 ans. "Je suis là surtout pour manifester pour mes collègues qui ont entre 40 et 55 ans. Pour eux, ça va être dur de retrouver du boulot."
- "Victimes collatérales" -

Manifestation d'employés de l'usine de Buitoni et d'élus de la région à Caudry contre la fermeture de leur usine le 13 mars 2023 ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
L'une d'elles, Emilie Ribeiro, 35 ans chez Buitoni, confie désormais sa "honte de travailler pour eux". "Ils n'ont pas d'empathie pour les familles (des victimes des pizzas contaminées, ndlr), ni pour nous", gronde-t-elle.
Sur place, Roland Lescure est applaudi quand il lance que "les salariés ne doivent en aucun cas être les victimes collatérales d'un drame dont ils ne sont pas responsables".
"Je souhaite qu'on produise à Caudry. Des pizzas ou autre chose", ajoute-t-il.
Il affirme avoir "donné 15 jours" à la direction pour "revenir avec des solutions concrètes". Celle-ci prévoyait de toute façon de présenter ses "solutions" aux employés lors d'une réunion le 30 mars sur l'avenir de l'usine.

Manifestation d'employés de l'usine de Buitoni à Caudry contre la fermeture de leur usine le 13 mars 2023 ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
"Toutes les options sont sur la table. Mais notre enjeu majeur, c'est d'agir en responsabilité vis-à-vis de nos collaborateurs", a réagi une porte-parole du groupe à l'AFP.
Derrière L'Oréal, Buitoni est le deuxième plus gros pourvoyeur d'emplois de la ville. Son maire, Frédéric Bricout, propose d'y relocaliser les usines du groupe fermées en Ukraine --"Smarties, KitKat".
"On ne transforme pas une usine comme ça en un claquement de doigts", répond-on chez Nestlé, jugeant cette solution "très complexe, très technique".
- Fumée noire -
A une quinzaine de kilomètres de là, la colère est la même à Escaudoeuvres, où les salariés du géant sucrier Tereos, propriétaire de Béghin Say, bloquent leur usine depuis mercredi. Le site, qui devait bientôt fêter ses 150 ans, doit fermer d'ici mi-juin: 123 postes sont en jeu.

Manifestation d'employés de l'usine de Buitoni à Caudry contre la fermeture de leur usine le 13 mars 2023 ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
Une trentaine de salariés nourrissent des feux de bois et matériaux divers, enveloppant le site dans un grand panache de fumée noire. "On va se battre jusqu'au bout", affirme David Le Clainche, délégué CGT.
Environ 400 élus, salariés et riverains s'étaient déjà rassemblés dimanche devant la sucrerie.
Selon Tereos, cette fermeture est essentiellement dictée par une "réduction durable" de la production de betteraves en 2023-24, avec, dans le secteur d'Escaudoeuvres, une baisse des surfaces de plus de 10%.
"On a un groupe qui gagne de l'argent", a répondu Roland Lescure après sa rencontre avec la direction de Tereos. "J'ai posé la question toute bête: +Pourquoi ? Est-ce que vous n'êtes pas en train de commettre un erreur stratégique ?+ Et j'attends des réponses."
Il a aussi annoncé une enveloppe de 3 millions d'euros afin "d'accompagner des entreprises industrielles qui veulent investir dans le territoire".
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