Si les négociations commerciales ont abouti à des hausses de prix d'environ 10%, elles ne concernent pas tous les produits qu'on met dans nos chariots. L'inflation supplémentaire devrait plutôt se situer entre 4 et 7% d'ici le mois de juin selon Iri.
+10%? +15%? +20%? Quel sera le niveau de hausse des prix dans nos rayons? Alors que les négociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs ont pris fin ce mercredi soir, les nouveaux tarifs devraient entrer en vigueur dans les jours ou les semaines qui viennent.
De quelle ampleur sera la hausse? Alors que 95% des contrats ont été signés, les responsables de la grande distribution estiment que la hausse sera d'environ 10%. C'est ce que pense notamment Michel Biero, le patron de Lidl, mais aussi Dominique Schelcher, celui de Système U.
Mais ça ne veut pas dire que vos courses vont dès ce jeudi vous coûter 10% de plus.
"Ce ne sera pas 10% au mois de mars, les étiquettes ne changent pas demain matin, explique Philippe Goetzmann, expert de la grande distribution. Ce qui change ce matin c'est que les distributeurs, lorsqu'ils passent les commandes, ils les passent au nouveau tarif. Le temps que les commandes soient livrées, il peut s'écouler au moins deux mois pour certains produits."
Pas de "mars rouge" donc, mais une inflation qui devrait se poursuivre dans l'alimentaire au moins jusqu'en juin.
Cette hausse sera-t-elle réellement de 10% ces prochains mois par rapport aux tarifs actuels?
Là encore il faut relativiser ce chiffre. Si les négociations ont probablement abouti à des hausses de 10% des tarifs d'achats, elles ne concernent que les produits de marques nationales, à savoir les références que l'on trouve dans l'ensemble des enseignes comme le Nutella, le Coca-Cola, les yaourts Danone ou les croquettes Frieskies de Nestlé.
Or ces produits ne représentent qu'une partie seulement des produits vendus en grande distribution.
"Les grandes marques ont demandé entre 10 et 20% de hausse mais pour les PME c'est plutôt entre 6 et 9%, estime Emily Mayer de la société IRI. De plus un tiers des produits vendus sont des marques de distributeur qui ne sont pas sur ce modèle des négociations annuelles. Et enfin, 15% des produits de grande consommation ne sont pas alimentaires et sont moins inflationnistes."
"Des records jamais vus"
Au final, la société Iri estime que la hausse globale des prix des produits de grande consommation devrait plutôt se situer entre 4 et 7% d'ici le mois de juin prochain par rapport aux prix de février 2023.
Ce qui constitue une augmentation significative après une inflation constatée de 14,5% entre février 2022 et février 2023. Mais qui ne devrait pas se traduire par une explosion des prix supérieure à la hausse des derniers mois.
Cela dépendra aussi des enseignes et de leur capacité à prendre sur leur marge pour limiter les hausses. Jusqu'à présent, on observe une grande distribution à deux vitesses avec d'un côté celles qui ont réduit leur marge et celles qui ne peuvent pas suivre la course.
"Il y a toujours eu des enseignes plus chères et d'autres moins chères, rappelle Emily Mayer. Mais là ça atteint des records jamais vus."
Le corridor de prix (l'écart moyen entre les deux enseignes les plus chères et les deux moins chères sur les produits de marque nationale) qui tournait aux alentours de 15 points avant la guerre en Ukraine a atteint un pic de 30 points en février. Concrètement cela veut dire que vous allez payer un même chariot de course 100 euros dans une enseigne X et 130 dans une enseigne Y. Et ce n'est peut-être que le début.
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