(BFM Bourse) - L'indice parisien bénéficie d'un alignement de planètes, avec la réouverture de l'économie chinoise, les résultats d'entreprises excellents et des anticipations favorables sur la politique monétaire.
En l'espace d'un peu plus d'un an, l'ambiance a changé du tout au tout sur le marché. Ce vendredi, le CAC 40 a établi un nouveau record en séance, à 7.509,34 points peu avant 12h. Cela fait désormais plusieurs fois cette année que le baromètre principal de la Bourse de Paris repousse ses sommets.
Il y a un encore an, l'indice enchaînait les baisses prononcées, alors que l'éclatement du conflit en Ukraine grippait logiquement les marchés. La guerre n'a depuis pas cessé, et l'environnement économique, bien que meilleur que redouté initialement par les économistes en Europe, reste peu engageant.
Comment expliquer alors que le marché repousse ses sommets sans cesse ses sommets? Voici quelques éléments de réponse
• La Chine rouvre son économie
A la fin de 2022 et au tout début de 2023, la Chine, deuxième puissance économique mondiale, a retiré ses dernières restrictions sanitaires, mettant de facto fin à une politique zéro-Covid ultra-pénalisante pour son activité. Ce qui a évidemment porté les groupes du CAC 40, notamment le luxe, la Chine talonnant les Etats-Unis comme premier marché du mondial du secteur. Or, les trois plus importants groupes du CAC 40 en termes de capitalisation (c'est-à-dire la valeur totale en Bourse de leurs actions) sont des groupes de luxe ou affiliés à ce secteur: LVMH, L'Oréal et Hermès.
"La réouverture de la Chine a été le gros catalyseur du secteur car le CAC 40 est composé d'entreprises internationales donc tournées vers les sujets de croissance mondiale, ou encore de secteurs décotés, avec des valorisations faibles, comme l'automobile, et qui sont donc sensibles à ces thématiques de croissance", souligne Alexandre Baradez d'IG France. L'analyste de marché estime toutefois que ce vent porteur a désormais été "pleinement joué" par le marché et qu'il faut donc désormais surveiller le rythme de réouverture de la Chine.
• Les résultats d'entreprises ont été bons
Le CAC 40 sort d'une séquence de publications de résultats annuels, c'est-à-dire au titre de l'exercice 2022, qui s'est "avérée très satisfaisante malgré un cocktail d'éléments difficiles l'an passé", note Alexandre Baradez. Pléthore de groupes ont annoncé des bénéfices records, parmi lesquels LVMH, TotalEnergies, BNP Paribas, Stellantis ou encore Saint-Gobain qui avait signé des plus haut historiques sur absolument tous ses indicateurs.
Certes, les records peuvent être anticipés par les marchés et peuvent même parfois décevoir les investisseurs, lorsque ces derniers anticipaient des résultats encore plus forts. Mais cela n'a globalement pas été le cas. Selon un décompte effectué par BFM Bourse, la très grande majorité des sociétés du CAC 40 (26 sur 38 ayant publié des résultats annuels) ont vu leurs cours de Bourse progresser lors de la séance suivant la publication de leurs comptes annuels.
Par ailleurs, les premiers résultats pour le premier trimestre 2023, comme LVMH ou Hermès, sont pour l'instant excellents.
• Des rachats d'actions en cascade
"Il convient aussi de souligner les rachats d'actions, qui sont un thème un peu nouveau en Europe par rapport aux groupes américains et qui sont intervenus à un moment où les valeurs européennes devenaient attractives", souligne Alexandre Baradez.
Les programmes de rachats d'actions consistent pour une société à acquérir ses propres titres sur le marché puis – dans la très grande majorité des cas – à les annuler. Mécaniquement et toutes choses égales par ailleurs, le bénéfice par action augmente pour les actionnaires puisque le nombre d'actions diminue. En théorie financière pure, ces rachats d'actions ne créent pas de valeur, car l'entreprise ne fait que redistribuer des liquidités qu'elle possède déjà. Mais en pratique ces annonces sont souvent bien accueillies par les investisseurs car perçues comme un signal de confiance de la part de la direction de l'entreprise. Cela veut dire qu'elle estime avoir les reins suffisamment solides pour financer son développement tout en redonnant des liquidités à ses actionnaires.
Selon un décompte de BFM Bourse, près de 13 milliards d'euros de programmes de rachats d'actions ont été annoncés par des locataires du CAC 40 dans la foulée de leurs résultats annuels ou peu après.
L'exécutif français, Emmanuel Macron en tête, a récemment fustigé ces programmes de rachats d'actions, voulant contraindre les entreprises ayant ces pratiques à redistribuer davantage à leurs salariés via l'épargne salariale ou les primes exceptionnelles.
• Les anticipations de taux directeurs se détendent
Les marchés financiers ont également tendance à évoluer au gré de la politique monétaire des grandes banques centrales, c'est-à-dire, à l'heure actuelle, de leurs cycles de resserrement des taux directeurs. Des taux d'intérêt plus élevés signifient un coût du crédit plus onéreux et donc par ricochet des conditions financières moins favorables à la croissance, voire capables de la freiner.
Or ces derniers mois les investisseurs ont commencé à anticiper des tours de vis moindre de la part des grandes banques centrales, la Réserve fédérale américaine en tête. "Cela a bénéficié aux valeurs de croissance, notamment technologiques", souligne Alexandre Baradez.
L'éclatement de la mini-crise bancaire (voire ci-dessous) a par ailleurs resserré les conditions de crédit de la part des banques, surtout aux Etats-Unis. Ce qui constitue une raison de plus pour les banques centrales de songer à lever le pied sur les hausses de taux. Selon les données du CME Group, les investisseurs tablent à l'heure actuelle sur une hausse de 25 points de base (0,25%) de la Fed, lors de sa prochaine réunion, en mai. Mais selon leurs anticipations, ce relèvement serait le dernier, et pourrait même faire suite une ou plusieurs baisses de taux de la Fed au cours de l'année.
Pour la Banque centrale européenne, l'équation est un peu plus compliquée, car l'institution européenne est en retard sur les autres banques centrales sur son cycle de relèvement des taux. C'est-à-dire qu'une ou plusieurs hausses sont probablement encore nécessaire pour arriver au niveau qui devrait permettre à l'inflation de revenir à un taux jugé acceptable par la BCE, c'est-à-dire proche de 2%, à moyen terme. Néanmoins, lors de sa réunion de mars, la banque centrale a abandonné ses "indications prospectives", c'est-à-dire des termes codifiés, qui indiquaient précédemment au marché qu'elle prévoyait encore de relever ses taux directeurs.
• La crise bancaire n'a pas duré
Comme toutes les autres places financières, le CAC 40 a subi un violent coup d'arrêt au cours du mois de mars, lorsque la mini-crise bancaire a éclaté. La faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) a déclenché un mouvement de crainte laissant redouter une contagion de ces difficultés à l'ensemble du système. Credit Suisse, malmenée structurellement par une culture défaillante de la gestion des risques, s'est vite retrouvée dans l'oeil du cyclone. Mais l'intervention rapide des autorités américaines pour enrayer la crise, quitte à revenir sur la limite des garanties de dépôts bancaires, et celle des Suisses, qui ont marié sous la contrainte Credit Suisse à UBS, ont permis d'apaiser le marché.
"Un mois après le stress bancaire déclenché par la faillite des deux banques américaines et les problèmes de Crédit Suisse, le calme semble de retour sur les marchés et les principaux indices boursiers cotent encore sur les plus hauts de l’année" constate ainsi OFI Asset Management.
La vigilance reste toutefois de mise. Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, le dernier des grands banquiers à avoir connu la crise de 2008, a prévenu que cette crise bancaire n'était pas finie et qu'elle laisserait des stigmates sur plusieurs années.
• La guerre en Ukraine est repassée au second plan
"Sur les marchés boursiers, le conflit ne joue plus aucun rôle, malgré les souffrances incommensurables des soldats et des civils dans les deux camps. En effet, le problème d'un éventuel effondrement de l'approvisionnement en matières premières en Europe a été largement résolu", commentait le mois dernier le gérant d'actifs DWS.
Néanmoins, là encore, les investisseurs auraient tort d'être trop complaisants. "Il faudra également surveiller l'Ukraine qui reste un facteur de risque potentiel positif comme négatif selon l'évolution du conflit", soulignait récemment Nicolas Descoqs, gérant chez Clartan associés, dans un article que nous consacrions à la capacité du CAC 40 à chercher les 8.000 points d'ici à la fin de l'année.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
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