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Standard & Poor's : les enjeux politiques d'une décision très attendue sur la dette française - Le Monde

Comme si de rien n’était. Au 7e étage de l’hôtel des ministres à Bercy, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, recevait, mercredi 31 mai, une quinzaine de parlementaires de la majorité à déjeuner, comme il le fait régulièrement. Au menu : rôti de veau, industrie verte, collectivités locales, transition énergétique, dépenses publiques. Mais point d’agences de notation, ou alors incidemment.

La plus ancienne de ces institutions financières anglo-saxonnes, Standard & Poor’s, doit pourtant rendre, vendredi 2 juin dans la soirée, un avis sur la qualité de la dette française, une décision très attendue et qui mobilise les services de son ministère depuis plusieurs semaines. Ce verdict intervient en outre un mois après un premier avertissement de l’agence concurrente Fitch, qui a abaissé d’un cran la note de la France le 28 avril, mettant en doute la capacité du gouvernement à réformer dans un climat social tendu.

Pas question pour autant d’en faire le cœur du déjeuner. Bercy entend minimiser la portée de la sentence, quelle qu’elle soit. Les décisions de politique publique, « nous ne les prenons pas pour les agences de notation, nous les prenons parce qu’elles sont bonnes pour les Français », a résumé Bruno Le Maire, quelques heures avant le déjeuner, sur France Inter. D’ailleurs, le ministre n’est même « pas certain » qu’une décision défavorable à la France ait un quelconque impact sur sa capacité à se financer sur les marchés, qui ont « d’autres indicateurs », a-t-il avancé.

Une sanction serait-elle un non-événement ? « Il faut regarder cette décision avec sang-froid, abonde le député Renaissance David Amiel (Paris), l’un des invités du ministre mercredi. Gouverner au rythme des agences de notation, c’est ce qu’on a fait il y a dix ans avec des politiques d’austérité, avec des résultats catastrophiques. Il faut avoir une conscience claire du diagnostic, mais cela n’aurait aucun sens d’avoir pour réponse de court terme des coupes aveugles dans les dépenses. »

De fait, si la charge de la dette a augmenté de 15 milliards d’euros en 2022, la demande des investisseurs pour le « papier » français demeure très supérieure au volume de titres émis, et les marchés ne montrent pour l’heure aucun signe d’inquiétude. Les décisions des agences de notation sont en outre moins scrutées que par le passé, la crise financière de 2008 ayant affaibli leur crédibilité.

Menace de déclassement en Europe

Reste le signal politique : une décision défavorable abîmerait l’image de gestionnaire averti que cultive l’exécutif, même si elle aiderait Bercy dans sa croisade pour les finances publiques, qui ne préoccupe plus guère ni l’opinion ni les politiques. Cela mettrait sans doute « un peu de tension dans le système », résume le député Renaissance Mathieu Lefèvre (Val-de-Marne), pour qui « le sérieux budgétaire est aussi un signal majeur d’attractivité pour le pays ».

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