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Après deux ans d'inflation, quelles conséquences sur les salaires ? - Ouest-France

La France n’était plus habituée à de tels niveaux depuis les années 1980. De 2001 à 2021, par exemple, l’inflation n’avait atteint le seuil de 2 %, en moyenne sur une année, qu’à cinq reprises (2003, 2004, 2008, 2011 et 2012). La hausse moyenne de 5,2 % des prix à la consommation sur l’année 2022 a donc été un choc. D’autant plus qu’elle a percuté encore plus fortement l’alimentation et l’énergie, deux postes de dépenses indispensables.

Conséquence directe sur les salaires : alors qu’il n’est généralement réévalué qu’une fois par an, le Smic a été augmenté 7 fois depuis le début 2021, si l’on inclut la hausse du 1er janvier cette année-là.

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Un écrasement des grilles de salaires en bas de l’échelle

Mais par ricochet, un autre problème se pose de façon plus visible encore qu’à l’accoutumée. Avec l’accélération de l’inflation, depuis deux ans, le nombre de branches dont les bas des grilles de salaires prévoyaient des niveaux de rémunération inférieurs au Smic a atteint des records. Le phénomène existait déjà, à plus petite échelle, avec quelques mauvais élèves où le dialogue social était grippé. Mais cette fois, chaque nouvelle hausse du Smic est venue faire grossir la liste des branches à la traîne. Et les accords a minima ont été systématiquement rendus immédiatement caducs. Certains secteurs sont ainsi toujours à ce jour hors des clous.

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Bien sûr, cela ne signifie pas que les salariés des branches concernées touchent moins que le minimum horaire légal, puisque l’employeur a l’obligation de combler. Le problème, c’est que ceux qui se trouvent en bas de la grille restent bloqués au Smic pendant des années. Et ceux qui sont juste au-dessus voient des collègues moins qualifiés ou avec des responsabilités moindres les rejoindre. Pas de quoi les motiver. De quoi, en revanche, renforcer un sentiment de déclassement social.

Elisabeth Borne en convient : « Les grilles de certaines branches professionnelles ne sont plus adaptées aux qualifications. Des salariés acquièrent des compétences très utiles pour la performance de notre économie sans que leur rémunération ne progresse », estime la Première ministre dans une interview à La Tribune dimanche, publiée à à la veille de la conférence sociale sur les bas salaires. À cette occasion, elle proposera la création d’un Haut Conseil des rémunérations, chargé de trouver des solutions.

Alors que 12 % des salariés (hors administration), étaient concernés par la réévaluation du Smic au 1er janvier 2021, la proportion était déjà montée à 14,5 % début 2022, soit 2,5 millions de personnes. Autant dire qu’avec les multiples revalorisations intervenues ensuite, la part s’est depuis encore accentuée.

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Comme le rappelait l’Insee dans un billet paru le 6 octobre, « si les mécanismes légaux de revalorisation automatique du Smic garantissent que celui-ci augmente a minima comme les prix à la consommation, seuls les salariés payés au niveau du salaire minimum ou juste au-dessus, soit environ 1 salarié sur 7 dans le secteur privé, sont directement concernés ».

Des courbes qui commencent à se recroiser

Quid alors de l’ensemble des salariés ? Pour la 1re fois depuis 2021, les courbes des hausses des prix et des salaires se sont enfin recroisées au 2e trimestre 2023. L’indice du salaire mensuel de base (SMB), qui correspond généralement à la première ligne du bulletin de paie (c’est-à-dire sans les heures supplémentaires et les primes notamment), a progressé de 4,6 % sur un an. Alors que dans le même temps, l’inflation a été de 4,4 %.

En euros constants (en retirant les effets de la hausse des prix), il a ainsi augmenté de 0,2 %. Mais cela s’est fait de façon inégale. Ainsi, il a progressé de 0,5 % pour les employés (en rose ci-dessous) et de 0,8 % pour les ouvriers (en rouge) alors qu’il a baissé de 0,1 % et 0,6 % pour les professions intermédiaires et les cadres (lignes bleue et jaune si dessous).

Le Salaire moyen par tête, qui inclut cette fois les autres éléments de rémunération comme les primes ponctuelles (prime de partage de la valeur par exemple), les heures supplémentaires et le 13e mois, reprend lui aussi des couleurs (+ 5 % en un an). Pas de quoi « pour autant compenser les pertes de pouvoir d’achat des revenus du travail accumulées depuis près de deux ans », relève l’Insee.

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