L'économie française a évité de peu le scénario noir de la récession. Après un troisième trimestre négatif, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait très légèrement progresser à +0,1% en fin d'année. La Banque de France a en effet revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le dernier trimestre prévue initialement entre 0,1% et 0,2%. « L'activité résisterait au quatrième trimestre, grâce aux services », a analysé Olivier Garnier, directeur général de la banque centrale, lors d'un point presse.
Pour rappel, la récession technique correspond à deux trimestres consécutifs de croissance en repli. Avec l'essoufflement de l'activité sur les six derniers mois de l'année, les économistes pourraient revoir leurs chiffres annuels à la baisse. Ils seront dévoilés en début de semaine prochaine.
En attendant, les économistes et milieux d'affaires devraient scruter attentivement la décision de la Banque centrale européenne (BCE) prévue jeudi, dans la foulée des réunions de la Fed. Les gouverneurs de la BCE doivent se prononcer sur un maintien, ou non, des taux. Dans la zone euro, l'inflation a certes ralenti depuis plusieurs mois. Mais l'institution de Francfort n'exclut pas de maintenir ses taux à un niveau élevé pendant encore plusieurs mois.
« La phase de resserrement monétaire à marche forcée qu'on subit depuis deux ans est finie. La phase suivante consiste à pivoter dans le sens de l'assouplissement. Cela ne saurait tarder, avant la mi-2024 », a tablé l'économiste d'Oddo BHF, Bruno Cavalier, dans une note récente.
Les services limitent la casse, industrie et services dans le rouge
L'économie du tertiaire tire son épingle du jeu. Dans le détail, les services marchands enregistrent une hausse de +0,2% au dernier trimestre par rapport au trimestre précédent. De leur côté, les services non-marchands frôlent la stagnation (+0,1%). Comment expliquer cette relative résistance des services ?
« Le secteur des services est moins cyclique et moins sensible aux taux d'intérêt et au coût du crédit que l'industrie et le bâtiment », explique à La Tribune Olivier Garnier.
A l'opposé des services, l'industrie (-0,1%) et la construction (-0,3%) sont toujours dans le rouge. Après un fort rebond en 2021, le tissu industriel tricolore a grandement souffert de l'envolée des prix de l'énergie et des matières premières. Après ce choc d'offre, les industriels sont confrontés à un effondrement de la demande. « Les carnets de commandes dans l'industrie sont en dessous de leurs moyennes sur 10 ans », souligne Olivier Garnier. Quant au bâtiment, les professionnels du secteur ont également enregistré un plongeon des commandes, en particulier dans le gros œuvre avec une demande au plus bas depuis 2014.
Les tempêtes ont fait flancher l'activité dans les zones exposées
Au mois de novembre, plusieurs événements climatiques extrêmes ont frappé le grand ouest et le Nord de la France. Fortement exposées, ces régions ont subi des vents violents et des inondations particulièrement dévastatrices. Résultat, des milliers de foyers et d'entreprises ont subi de plein fouet les coupures électriques et des dégâts matériels. Lors de leur enquête mensuelle de conjoncture, les économistes ont interrogé les entreprises sur les répercussions des tempêtes Domingos et Ciaran.
Au final, ce sont les dirigeants dans la réparation automobile, le bâtiment et quelques secteurs dans l'industrie qui sont les plus affectées.
« Les intempéries ont provoqué de nombreux décalages de chantier, pénalisant l'activité dans le bâtiment avec un effet négatif induit sur la demande de matériaux de construction », expliquent les conjoncturistes.
À l'inverse, les entreprises des services sont, sans surprise, relativement épargnées.
La menace de récession se précise
Plus largement en Europe, la menace de récession s'amplifie. L'Allemagne peine à sortir du marasme économique. Empêtrée dans une crise budgétaire à rallonge, la coalition au pouvoir patine à trouver une issue de sortie crédible. Au mois de novembre, la cour constitutionnelle de Karlsruhe a pointé les tours de passe-passe budgétaire de l'Etat fédéral pour réduire les déficits. A cela s'ajoute une récession qui se prolonge. L'industrie, fortement exposée à la crise énergétique en 2022 et 2023, traverse une crise brutale.
Compte tenu du poids de l'économie allemande en Europe, la poursuite de cette léthargie pourrait avoir des répercussions délétères sur toute l'économie du Vieux continent. En Italie, la croissance économique souffre également, à 0,1% au troisième trimestre, après un recul de -0,4% au deuxième trimestre. L'institut de statistiques Istat table désormais sur une hausse de 0,7% sur l'ensemble de l'année 2023. Mais l'économie italienne, fortement endettée, doit toujours faire à une démographie vieillissante et une productivité en berne.
Sur le plan budgétaire, l'échec des Etats européens à parvenir à un nouvel accord sur la réforme du pacte de stabilité signifierait un retour aux règles (3% de déficit et 60% de dette à ne pas dépasser) du Traité de Maastricht à partir du 1er janvier prochain. En d'autres termes, les Etats devraient de nouveau s'engager à tenir des objectifs de rééquilibrage rapide des finances publiques, au lieu d'investir dans la transition écologique et la réindustrialisation. Une perspective que veut absolument éviter la France et une partie de l'Europe.
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