
Fruit de deux ans de recherches après une commande des propriétaires du Paris Saint Germain (PSG), la cuvée Prince Oscar est un vin désalcoolisé qui repose sur la structure d’un cru Montagne Saint Émilion.
Le Figaro Bordeaux
Structurée avec l’expérience Château Angelus, premier grand cru classé de Saint Émilion, et équilibrée à l’aune d’un premier vin du cru Montagne Saint Émilion, la cuvée Prince Oscar a presque tout d’un grand vin de Bordeaux... Sauf qu’elle est désalcoolisée. Une surprenante aventure, qui commence en 2019 quand les propriétaires qataris du PSG proposent au Clos de Boüard de créer un vin sans alcool. En jeu : une commande de 35.000 bouteilles.
«J’étais très surprise, mais juste après la crise du Covid-19 (qui a mis à rude épreuve les ventes de vin, NDLR), je trouvais bête de ne pas y penser», confie Coralie de Boüard. La propriétaire du vignoble accepte alors de relever le défi à une condition : disposer du temps nécessaire à l’élaboration d’un produit de qualité. Fille, petite-fille et arrière-petite-fille de vignerons qui possèdent le Château Angelus depuis huit générations, l’héritière «ne savait pas comment l’annoncer à la maison» et craignait aussi de «salir son nom», auréolé chez les vignerons girondins.
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Deux ans de recherches
En 2021, après deux ans de recherche et de tests sur des vins en vrac, Coralie de Boüard trouve la solution : désalcooliser son premier vin. Fermentations alcooliques et malolactiques identiques, élevage similaire dans des barriques issues de tonnelleries bourguignonnes durant 16 mois, la cuvée des Princes ne se distingue de son aînée alcoolisée qu’en fin de production. Alors que cette dernière est mise en bouteille au château, le vin destiné à la cuvée des Princes est désalcoolisé et rééquilibré en Allemagne.
«Il a fallu trouver une solution pour capturer les arômes du vin avant de retirer l’alcool qui est un exhausteur de goût, puis les rediffuser», explique Coralie de Boüard. À la manière d’une coquille d’œuf truffée, une résine alimentaire en est imbibée, puis infusée dans les bouteilles désalcoolisées sous vide avec une distillation à froid entre 32 et 34 degrés. Le tout, saupoudré d’une pointe de jus de raisin concentré produit à la propriété. Une formule qui a déjà prouvé son succès. Des 10.000 bouteilles produites en 2021 en plus de celles du PSG, les quantités ont été établies à 25.000 bouteilles en 2022 et 50.000 bouteilles en 2023. Elles abreuvent les tables des restaurants étoilés et des chefs d’État du monde entier, de la Thaïlande au Japon, en passant par des pays du centre de l’Afrique.
Boire autrement ?
«J’étais persuadé que ce serait un one shot (un coup unique, NDLR). Mais cette cuvée plaît parce qu’elle sort des sentiers battus : c’est un vrai vin ! Si on vous l’offre à l’aveugle, vous chercherez ce qui lui manque, tout en le trouvant bon», analyse Coralie de Boüard. Une promesse du sans alcool qui séduit tant «les boucheries halal sur un critère de religion» que la «nouvelle génération qui consomme autrement». Femmes enceintes et allaitantes, diabétiques, organisateurs d’événement qui souhaitent contrôler les débuts ou fins de soirées en réduisant les taux d’alcool...
La cuvée Prince Oscar, baptisée ainsi en hommage au fils cadet de la vigneronne - un soir où il avait été plus sage que son aîné, Gaspard - est aussi une occasion d’accroître la sécurité routière. «Mon mari est décédé, il y a deux ans. Mes fils n'ont plus qu'une mère. Quand je dois boire et prendre la route, je ne bois que du vin désalcoolisé», confie ainsi Coralie de Boüard. Une diversité d’usages que Le Clos de Boüard n’avait pas mesuré en se lançant dans cette diversification de sa production, qui aujourd’hui, séduit l’ensemble du clan.
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