Le gouvernement compte augmenter la fiscalité sur l'électricité afin de combler le déficit public, quitte à priver les particuliers et les entreprises de l'embellie sur le marché de l'énergie.

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Préparez-vous à scruter de près votre facture d'électricité au mois de février. Celle-ci pourrait afficher une augmentation allant jusqu'à 10%. C'est la hausse maximum prévue par le gouvernement, dans le cadre de la loi de finances pour 2024. "Notre décision est de faire en sorte qu'au 1er février 2024, le tarif réglementé n'augmente pas de plus de 10%", avait prévenu la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, en novembre sur franceinfo. Une envolée probable des factures qui suscite déjà des critiques, alors que le tarif réglementé de l'électricité hors taxe diminue.
Comment expliquer cette évolution contre-intuitive du prix de l'électricité ? Commençons par regarder du côté de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), une autorité administrative indépendante chargée de veiller au bon fonctionnement du marché, notamment celui de l'électricité. Cette dernière a pour mission de calculer les évolutions des tarifs réglementés de vente d'électricité (TRVE) hors taxe, qui servent de référence aux tarifs pratiqués par les différents fournisseurs. Pour cela, "la CRE applique une formule mathématique, prenant en compte notamment le prix du nucléaire régulé, le prix du marché ou encore les coûts de service d'EDF", énumère Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.
Résultat, au 1er février 2024, le niveau moyen des tarifs réglementés de vente d'électricité calculé par la CRE baisse de - 0,35% hors taxe. Dans le détail, le tarif pour les professionnels baisse de - 3,67% et celui des particuliers est stable à + 0,01%. Cette évolution "s'explique principalement par la baisse du coût d'approvisionnement au regard de la détente des prix sur le marché de gros", note la CRE dans un communiqué publié mercredi 10 janvier.
En effet, le marché de l'électricité s'est bien mieux porté en 2023 qu'en 2022, lorsqu'il avait été plombé par les déboires d'EDF, avec un nombre record de réacteurs nucléaires à l'arrêt pour maintenance et de nombreux barrages hydrauliques à sec. En 2023, la production de nucléaire a augmenté de près 15% par rapport à 2022 et de près de 20% pour l'hydraulique, selon les chiffres d'EDF. "Les prix ont baissé parce que l'on a produit davantage, mais surtout parce que l'on avait moins peur des coupures qu'en 2022", complète Nicolas Goldberg.
En bref, le ciel semblait dégagé pour voir les factures d'électricité enfin diminuer en 2024, après des augmentations de plus de 25% en 2023. Mais c'était sans compter l'intervention du gouvernement sur le niveau des taxes sur l'électricité. Car le prix fixé par la CRE n'est pas celui que va payer le consommateur. Il faut y ajouter la fiscalité. "Le prix de l'électricité baisse dans notre pays, ce qui nous permet de remettre progressivement des taxes", a prévenu Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics, fin décembre, sur franceinfo.
En 2022, dans le cadre du bouclier tarifaire pendant la crise énergétique, le gouvernement avait décidé de baisser au minimum la taxe intérieure de consommation finale sur l'électricité (TICFE), à 1 euro le mégawattheure, contre 32 auparavant, afin de limiter la hausse des factures. Deux ans plus tard, l'exécutif veut récupérer au moins une partie de ce manque à gagner, estimé à 9 milliards d'euros, selon Les Echos. "Nous devons mieux maîtriser nos finances publiques", martèle Thomas Cazenave. Une hausse de cette taxe, dans la limite de 10% d'augmentation du prix final, est donc envisagée au 1er février 2024.
"Le gouvernement doit rendre sa décision à la fin du mois de janvier, la balle est dans son camp", précise Nicolas Goldberg. C'est à ce moment-là que l'on connaîtra le niveau précis de hausse, toutes taxes comprises, des factures d'électricité. Dans ce contexte, les oppositions ont déjà commencé à monter au créneau. "C'est du vol, c'est une honte !", s'est insurgé jeudi le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur franceinfo, concernant la probable augmentation du prix de l'électricité. Un sujet explosif que va devoir trancher Gabriel Attal, à peine nommé Premier ministre.
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