
Il flottait comme un curieux parfum dans l’atmosphère de Sao Paulo. Les ministres des finances des vingt pays du G20 y étaient réunis les 28 et 29 février pour parler taxes. Ils ont évoqué les modalités d’application de l’impôt minimum mondial de 15 % pour les multinationales. Décidé en 2021, il est entré en application cette année et doit compliquer la tâche des paradis fiscaux.
Mais le Brésil est bien décidé à mettre sur la table un autre projet sur la taxation des milliardaires. L’idée est là encore de lutter contre l’évasion fiscale des grandes fortunes. L’Observatoire européen de la fiscalité estime qu’un tel impôt pourrait rapporter 250 milliards de dollars (231 milliards d’euros) par an, soit 2 % des quelque 13 000 milliards de dollars de richesses détenus par les 2 700 milliardaires du monde entier.
Il y a un lien évident entre les deux sujets. La fortune des unes, les multinationales, a fait celle des autres, leurs actionnaires. Et si ces derniers sont plus nombreux que jamais, c’est que les très grandes entreprises n’ont jamais gagné autant d’argent. Selon les calculs de l’hebdomadaire The Economist, le 25 février, les profits nets des 500 premières entreprises américaines qui composent l’indice S&P 500 ont augmenté en moyenne de 2 % par an, entre 1962 et 1989. Sur les trente années qui ont suivi, ce taux a doublé, passant à 4 % par an, portant la valeur boursière vers les sommets historiques actuels.
Chute du coût de la dette
Deux explications à ce phénomène qui ne doit pas grand-chose à la productivité et beaucoup aux politiques économiques. Dans la foulée de la révolution reagano-thatchérienne, la taxation des entreprises s’est effondrée, et pas seulement aux Etats-Unis, où le taux global serait passé de 50 % en 1980 à un peu plus de 25 % en 2023. Même dégringolade, dans des proportions similaires, au Royaume-Uni, en Allemagne ou en France.
Seconde raison, la chute spectaculaire du coût de la dette, surtout à partir des années 2010 et l’avènement des taux nuls, voire négatifs. Pour s’en convaincre, l’économiste de la Réserve fédérale (banque centrale américaine) Michael Smolyansky a comparé la trajectoire des résultats opérationnels, c’est-à-dire hors impôts et taxes, et celle des résultats nets. Ces derniers ont explosé, quand les bénéfices opérationnels progressaient comme avant.
Mais la fête est finie. Comme l’ont démontré les discussions du G20 de Sao Paulo, les nations, souvent en manque de ressources, ont tendance à remonter les impôts, comme l’a fait le Royaume-Uni en 2023. De plus, l’inflation a clos l’épisode des taux bas. Pour les grandes fortunes comme pour la Bourse, une époque s’achève et promet de grands bouleversements.
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