
BNP Paribas a gagné 3,5% sur le Cac 40. Crédit Agricole et BNP Paribas clôturent sur un gain d’environ 3%. Les banques, qui comptent parmi les entreprises les plus sensibles aux taux (dépréciation des titres de dette en portefeuille, dangers de faillite) et au risque politique, se sont distinguées aujourd’hui à la Bourse de Paris. « Le premier tour des élections [législatives] françaises a donné lieu à une victoire de l'extrême droite un peu moins convaincante que ne le laissaient présager les derniers sondages, et comme d'autres partis semblent désormais prêts à former des alliances au second tour, les chances de l'extrême droite d'obtenir une majorité absolue au parlement devraient s'en trouvent encore réduites. » Voilà résumée par Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, la vision des investisseurs après le résultats du scrutin d’hier.
« Le parti de Marine Le Pen est arrivé en tête mais avec une marge plus étroite que prévu [33,14% des votes]. Cela a atténué les inquiétudes quant aux politiques budgétaires expansionnistes qui auraient pu accompagner une victoire plus décisive du RN », explique Eman AlAyyaf, PDG chez EA Trading. « Le RN a obtenu des résultats inférieurs de 2 à 3 points à ce que certains des derniers sondages suggéraient, constate Gilles Moëc, chef économiste chez Axa Investment Managers. L'alliance de gauche et les centristes retireront du second tour leurs candidats arrivés en troisième position pour tenter de faire barrage au RN, même si la portée exacte de ces désistements reste incertaine. Ce qui est en revanche assez clair, c'est qu’une victoire de l'alliance de gauche [la pire crainte de la Bourse au regard des dépenses, même si ce scénario avait une faible probabilité d’occurrence au vu des sondages] est désormais arithmétiquement très difficile compte tenu du nombre substantiel de circonscriptions dans lesquelles ils sont arrivés en troisième position. L'absence de majorité solide pour l'un ou l'autre des principaux blocs reste un résultat très plausible. » Et c’est aussi celui qui a la préférence de la Bourse. Une Assemblée nationale sans majorité et un gouvernement de technocrates seraient pour elle le meilleur des scénarios possibles dans un pays déjà trop endetté au regard des règles de l’Union européenne.
Engie, Vinci et TF1 parmi les autres grands gagnants
Le Cac 40 a rebondi de 1,09% aujourd’hui, à 7.561,13 points, après avoir perdu 6,5% depuis la décision d’Emmanuel Macron de convoquer des élections législatives anticipées dans la foulée de la cuisante défaite de son parti centriste aux élections européennes. Au plus haut de la séance, le Cac 40 flambait de 2,8%. La Bourse de Paris - qui était devenue la plus mal aimée d’Europe - a fait mieux que les autres marchés d’actions européens (+0,4% pour l’indice Stoxx 600). Sur le marché de la dette, l’écart de taux entre les obligations souveraines à dix ans de la France et celles de l’Allemagne, considérée comme un modèle de bonne gestion, s’est détendu de plus de 10 points de base, à 74, par rapport au plus de vendredi à plus de 85 points de base, au plus haut depuis 2012 et la crise de la dette.
Les valeurs qui, ces dernières semaines, avaient le plus souffert du risque politique ont emmené le rebond en Bourse. En dehors des banques (sachant que Crédit Agricole a aussi profité du record de collecte de l’assurance vie en mai), Vinci clôture sur un gain de 2,5% alors que le risque de nationalisation des autoroutes, voulu par le Rassemblement national, s’éloigne encore plus (sachant que les analystes l’avaient déjà minimisé au vu des dizaines de milliards d’euros que l’Etat aurait dû payer en compensation financière et aux coûts élevés de la maintenance). Engie (+2,96%) avait pour sa part souffert de la volonté du RN de démonter les éoliennes au profit du nucléaire alors que le groupe produit de l’électricité à partir de l’énergie solaire, géothermique, de la biomasse, du biogaz, de l’hydroélectricité ou de l’hydrogène vert. Voltalia a rebondi de plus de 6% hors Cac 40. Dans un autre secteur, le projet de l’extrême droite de privatiser l’audiovisuelle public avait fait chuter TF1 et M6 (inquiétudes sur les recettes publicitaires) ; ces valeurs ont repris respectivement 5% et 4% aujourd’hui.
Selon les projections de la revue européenne Le Grand Continent, le Rassemblement National aurait la majorité absolue au deuxième tour sans le front républicain. Si bien que le suivi des désistements dans les circonscriptions à triangulaires vont polariser l’attention des boursiers ces prochains jours. La volatilité risque d’être au rendez-vous.
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