Search

Nationalisation de STX : une solution très provisoire

Même si le gouvernement évite le terme, il a bel et bien nationalisé les chantiers navals STX France. Il doit maintenant trouver un repreneur qui sécurise leur avenir.

Arnaud Montebourg en a rêvé, Bruno Le Maire l'a fait. La première grande décision en matière de politique industrielle du nouveau gouvernement est une... nationalisation ! L'Etat français a exercé ce jeudi son droit de préemption sur STX France - les chantiers navals de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) -, dont il disposait jusqu'à samedi. Une décision rarissime, qui acte l'échec des discussions avec le groupe italien Fincantieri.

 -

Le ministre de l'Economie a pris grand soin de ne pas prononcer le terme nationalisation. « Mes mots sont choisis, je parle de préemption à titre temporaire », insistait-il hier devant une foule de journalistes, dont nombre d'Italiens, rassemblés à Bercy. Coquetterie de langage... Car personne n'est dupe. Et surtout pas Arnaud Montebourg. Joint jeudi, l'ex-ministre du Redressement productif refusait de prendre la parole publiquement, mais glissait : « Je n'ai pas besoin de m'exprimer pour que vous vous rappeliez que cette nationalisation était dans mon programme et que les nationalisations appartiennent à la doctrine du made in France. » Sous-entendu, la sienne...

L'ombre de l'Elysée plane largement derrière cette décision, la première depuis la recapitalisation de la banque Dexia en 2012. Mais une question se pose : pourquoi Emmanuel Macron, soucieux d'alléger le portefeuille des participations de l'Etat, a-t-il rompu avec sa doctrine et lié son destin à celui de STX France ? « Les chantiers navals de Saint-Nazaire représentent un outil industriel unique en France, répond Bruno Le Maire. Le rôle de l'Etat est aussi de protéger ses intérêts stratégiques. » Outre l'enjeu en termes de milliers d'emplois industriels (sans compter les sous-traitants), les chantiers navals de Saint-Nazaire sont aujourd'hui les seuls capables de construire un successeur au porte-avions « Charles-de-Gaulle ».
 

80 millions d'euros

Jeudi, la nouvelle de leur nationalisation a été applaudie par la classe politique, de droite comme de gauche. « Une décision qui s'imposait au nom de l'intérêt national », se félicitait l'ancien Premier ministre Manuel Valls. D'autres, sous couvert d'anonymat, restaient cependant sur leurs gardes : « Macron est et reste libéral. Cet acte-là ne fait pas de lui un colbertiste. Cette initiative permettra de justifier les privatisations qui viendront plus tard, comme celle d'ADP (NDLR : ex-Aéroports de Paris). »

LIRE AUSSI
> Nationalisations : du chemin de fer à l'énergie, un siècle de précédents

Une chose est sûre, la facture est raisonnable pour l'Etat : 80 millions d'euros.. Mais le dossier n'est pas classé pour autant, car la France n'a pas renoncé à s'entendre avec l'Italie. La proposition de départ « reste sur la table », soulignait Bruno Le Maire en émaillant son discours de références à « ses amis italiens ». Dans l'ombre, son directeur de cabinet pianotait furieusement sur son smartphone. Les SMS arrivaient sur le pupitre du ministre, mais n'évitaient pas les couacs. Après avoir assuré que l'Etat n'aurait pas 100 % du capital de STX France, Le Maire a rectifié : « Si, 100 %. »

 -

Colère des « amis italiens »

En Italie, cette volte-face tricolore a fortement déplu. « Revirement inacceptable », tonnait jeudi Carlo Calenda, le ministre de l'Economie. La nationalisation a d'autant plus agacé que les grands groupes français multiplient les investissements dans des secteurs stratégiques transalpins, qu'il s'agisse par exemple de Bolloré chez Telecom Italia ou encore d'EDF avec Edison.

Devant la levée de boucliers, Emmanuel Macron a téléphoné au chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni pour tenter de « dissiper toute mauvaise interprétation » de cette décision, en soulignant que le nouvel accord devait faire « une large place à Fincantieri ». Bruno Le Maire se rendra à Rome mardi pour tenter de recoller les morceaux. « Il sera reçu avec des tomates ! s'amusait hier un journaliste italien. Vous nous avez dit m..., maintenant débrouillez-vous ! »

QUESTION DU JOUR. Approuvez-vous la nationalisation des chantiers navals STX ?

Let's block ads! (Why?)

http://www.leparisien.fr/economie/nationalisation-de-stx-une-solution-tres-provisoire-28-07-2017-7161867.php

Bagikan Berita Ini

0 Response to "Nationalisation de STX : une solution très provisoire"

Post a Comment

Powered by Blogger.