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L'Allemagne se penche sur le sort des voitures diesel

«L'automobile, notre passion» clamait le slogan - devenu célèbre - d'un constructeur allemand. La réunion prévue ce mercredi à Berlin entre les patrons de l'industrie automobile allemande et de hauts responsables du gouvernement s'annonce en tout cas cruciale pour ce secteur-clé de l'économie outre-Rhin. Tous vont en effet se pencher sur le sort des voitures diesel, alors que les constructeurs allemands sont décrédibilisés par les récents scandales de trucage d'émissions polluantes.

L'objectif de ce sommet de crise est d'apporter des solutions afin de réduire les émissions de gaz polluants. Et ainsi éviter les interdictions de véhicules diesel dans certaines grandes villes. Une perspective cauchemardesque pour les 13 millions de détenteurs de véhicules diesel en Allemagne mais aussi pour les constructeurs. Outre-Rhin, près d'un tiers du parc automobile est constitué de véhicules au gazole.

«L'industrie automobile s'est mise dans une situation vraiment difficile» et elle a «à présent une sacrée responsabilité à prendre pour regagner la confiance», a prévenu le ministre des Transports, Alexander Dobrindt, membre des conservateurs bavarois du CSU alliés au parti d'Angela Merkel. «Je ne suis pas disposé aux copinages», a-t-il ajouté lors d'un entretien lundi soir à la télévision publique ARD, alors que le pouvoir est accusé de bienveillance envers cette industrie.

Une industrie qui assure 20% des exportations

Tous les fabricants de voitures en Allemagne - Volkswagen et ses marques Audi et Porsche; Daimler (Mercedes-Benz), mais aussi Opel et l'Américain Ford - participent à Berlin à ce «forum national» sous l'égide du gouvernement, qui se tient deux ans après le début du scandale du diesel chez Volkswagen.

Le numéro un mondial de l'automobile avait reconnu avoir équipé 11 millions de véhicules d'un logiciel truqueur qui enclenchait un mécanisme interne de limitation des gaz polluants pendant les contrôles. Puis les soupçons s'étaient ensuite étendus sur l'ensemble des grands noms de l'industrie, soumis à différentes enquêtes judiciaires. Le contexte a encore été alourdi par la révélation de soupçons de cartel entre constructeurs allemands, qui aurait selon l'hebdomadaire Spiegel jeté les bases de la manipulation des émissions polluantes.

Si le gouvernement veut faire preuve de fermeté face aux constructeurs, il fait aussi face à un dilemme. Berlin est en effet partagé entre sa volonté de mettre enfin un terme aux scandales interminables tout en soutenant un secteur qui assure environ 20% des exportations du pays et fournit le plus gros contingent d'emplois, avec quelque 800.000 postes. «Il s'agit de critiquer ce qui doit être critiqué, tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une industrie stratégiquement importante en Allemagne», a expliqué Ulrike Demer, une porte-parole d'Angela Merkel.

Un sujet de rivalité avant les élections

Les fabricants allemands ont lourdement investi ces dernières années dans les moteurs diesel car ils émettent moins de dioxyde de carbone nocif pour l'environnement que les versions essence. La chancelière Angela Merkel avait d'ailleurs appelé pour cette raison à ne pas «diaboliser le diesel». Mais le revers de cette technologie est qu'elle émet davantage d'oxydes d'azote (NOx) qui contribuent à la formation d'une brume épaisse - responsable de maladies respiratoires et cardiaques - dans les villes.

Longtemps à la traîne sur l'électrique, les constructeurs allemands comptent sur les ventes de voitures équipées de moteurs diesel modernes - dits «dépollués» - pour parvenir à respecter la réglementation européenne en matière de réduction d'émissions de CO2. Et ils ont déjà proposé ou annoncé l'amélioration à leur frais de certains de leurs véhicules en circulation, via la mise à jour du logiciel gérant la filtration des émissions d'oxydes d'azote (NOx). La ministre de l'Environnement, la social-démocrate Barbara Hendricks, qui co-dirige le sommet, a toutefois déjà dit que cela ne suffirait pas.

A l'approche des élections du 24 septembre, la question est aussi devenue un sujet de rivalité entre sociaux-démocrates et conservateurs. Le candidat social-démocrate Martin Schulz a notamment jugé «insupportable» l'absence au sommet d'Angela Merkel, actuellement en vacances.

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